Abott et Winnan
Abott et Winnan était une agence de presse américaine importante du XIXe siÚcle.
Histoire
Abott et Winnan a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e par Francis Asbury Abott. Il est associĂ© Ă Elias P. Winnan, nĂ© Ă New-York en 1824, qui travaille d'abord pendant cinq ans dans une maison d'importation française. C'est la plus ancienne agence de presse amĂ©ricaine. InstallĂ©e Hanover Street[1] Ă New York, juste Ă cĂŽtĂ© de Wall Street et Ă la mĂȘme adresse que les sociĂ©tĂ©s exploitant les brevets Morse, elle est spĂ©cialisĂ©e dans les informations commerciales et n'a pas de lien avec les journaux de la ville[2]. Abott et Winnan domine largement la New York Associated Press en , lorsque Daniel H. Craig prend la tĂȘte de cette derniĂšre[3].
Ă partir de 1850, Abott et Winnan s'est alliĂ©e aux propriĂ©taires des brevets Morse sur le tĂ©lĂ©graphe[4], qui l'utilisent pour contrer la crĂ©ation de la New York Associated Press[5]. Les Ătats-Unis comptent cette annĂ©e-lĂ 20 sociĂ©tĂ©s de tĂ©lĂ©graphe, dont la moitiĂ© dans l'Ătat de l'Ohio[6]. La sociĂ©tĂ© crĂ©Ă©e par Theodore S. Faxton et John J. Butterfield, tous les deux d'Utica[6], a par exemple pour politique de proposer en 1851 Ă tous les journaux situĂ©s le long de sa ligne menant Ă New York, un abonnement aux services d'Abott et Winnan[5]. Quatre ans aprĂšs, en 1855, la New York Associated Press a cependant rĂ©ussi Ă contrer cette offensive, en amĂ©liorant ses services, et Ă rĂ©cupĂ©rer tous ses clients[5].
Abott et Winnan dĂ©livre des informations Ă 62 journaux amĂ©ricains[7] en 1852. C'est l'annĂ©e oĂč elle rĂ©ussit un renversement d'alliance contre la New York Associated Press [8]. Abott et Winnan s'appuie alors sur la "New England Telegraph Company", de Henry O'Rielly, dĂ©tenteur de brevets d'Alexander Bain (inventeur), qui avait au contraire soutenu la New York Associated Press en 1849. Pour s'approvisionner en dĂ©pĂȘches venues d'Europe, Abott et Winnan avait tentĂ©, sans succĂšs, d'obtenir de l'opĂ©rateur de tĂ©lĂ©graphe d'Halifax une politique commerciale du "premier arrivĂ© premier servi", qui lui avait Ă©tĂ© dĂ©livrĂ© dans plusieurs Ătats sur la base d'une lĂ©gislation favorable [9]. Entretemps, d'autres politiques plus axĂ©es sur la concurrence se mettent en place, comme le New York TĂ©lĂ©graph Act de 1848, qui rĂ©tablissent un Ă©quilibre en termes de rĂ©seau, mĂȘme si les producteurs de contenus ne jouent pas sur un pied d'Ă©galitĂ©.
Dans un courrier Ă la Cunard, Henry O'Rielly rĂ©clame ainsi un droit d'accĂšs aux dĂ©pĂȘches Ă©gal pour tous lors de l'arrivĂ©e des paquebots Ă Halifax et affirme s'exprimer pour "une partie majeure de la presse". Le contrat entre la New York Associated Press et l'opĂ©rateur de tĂ©lĂ©graphe d'Halifax prĂ©voit en effet que personne d'autre n'aura le droit d'utiliser les dĂ©pĂȘches de la Cunard, tant qu'elles n'auront pas Ă©tĂ© publiĂ©es par les journaux membres de l'AP[10]. Le combat d'Henry O'Rielly s'explique par son souci d'ouvrir le tĂ©lĂ©graphe Ă un maximum de clients et par le fait qu'Abott et Winnan en a beaucoup plus que la New York Associated Press, mĂȘme s'ils sont en gĂ©nĂ©ral plus petits et moins riches[11], et que le service de nouvelles qui leur est dĂ©livrĂ© est jugĂ© chĂ©tif et irrĂ©gulier[5], mĂȘme s'il comporte sa part de nouvelles de l'Europe.
Abott et Winnan a participĂ© Ă une vague de critiques contre les grands quotidiens new-yorkais datant de 1845[2]., les accusant de pratiques anti-concurrentielles, tandis qu'eux-mĂȘmes se plaignent des services des compagnies de tĂ©lĂ©graphe dĂ©tenant les brevets Morse. Le "New York TĂ©lĂ©graph Act de 1848" a affaibli les brevets Morse, et stimulĂ© la compĂ©tition entre fournisseurs de tĂ©lĂ©graphie.
Cette agence de presse a disparu en 1855, l'annĂ©e oĂč la New York Associated Press[12] acquiert un grand nombre de nouveaux clients, ce qui l'oblige Ă mettre en place une procĂ©dure d'admission de ces derniers, requĂ©rant le consentement d'au moins six des sept journaux membres de la coopĂ©rative[12]. La compagnie de tĂ©lĂ©graphe qui la soutenait, dĂ©tentrice d'un brevet Morse, est battue par celles qui deviendront la Western Union, et qui ont fait alliance avec les grands quotidiens new-yorkais.
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (en) Richard Schwarzlose, The Nation's Newsbrokers: The formative years, from pretelegraph to 1865, Volume 1, Northwestern University Press, .
- (en) Richard Schwarzlose, The Nation's Newsbrokers: The rush to institution, from 1865 to 1920, Volume 2, Northwestern University Press, .
- (en) Johnathan Silberstein-Loeb, The International Distribution of News: The Associated Press, Press Association, and Reuters, 1848â1947,, Cambridge University Press, (lire en ligne).
Notes et références
- Allen 1989, p. 88
- Silberstein-Loeb 2014, p. 17
- Allen 1989, p. 162
- Article du New York Tribune d'octobre 1852
- Allen 1989, p. 64
- "The Worldwide History of Telecommunications", par Anton A. Huurdema, page 63
- Allen 1989, p. 184
- Allen 1989, p. 173
- Allen 1989, p. 174
- Allen 1989, p. 175
- Allen 1989, p. 176
- Allen 1989, p. 204