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Abbaye de Stratford Langthorne

L’abbaye de Stratford Langthorne, également appelée abbaye de West Ham, est une ancienne abbaye savignienne puis cistercienne localisée à West Ham. Fondée en 1135, elle est à l'époque située dans l'Essex ; elle serait située au XXIe siècle dans le borough londonien de Newham, dans la partie orientale du Grand Londres. Cependant, fermée par la dissolution des monastères en 1538, elle est entièrement détruite pas la suite et son souvenir n'est plus rappelé que par quelques vestiges dispersés.

Abbaye de Stratford Langthorne
Photographie d'une pierre scuptée accrochée sur un mur
Pierre rappelant le souvenir de l'abbaye Ă  l'Ă©glise de West Ham (en)

Nom local West Ham Abbey
Diocèse Londres
Patronage Sainte Marie
Numéro d'ordre (selon Janauschek) CCLVI (256)[1]
Fondation
Origine religieuse Savigniens
Cistercien depuis
Dissolution 1538
Abbaye-mère Savigny
Lignée de Clairvaux
Abbayes-filles Aucune
Congrégation Savigniens (1135-1147)
Cisterciens (1147-1538)
PĂ©riode ou style

CoordonnĂ©es 51° 31′ 51″ nord, 0° 00′ 04″ est[2]
Pays Drapeau de l'Angleterre Angleterre
Comté Essex
RĂ©gion Grand Londres
Borough Newham
Quartier (en) West Ham
GĂ©olocalisation sur la carte : Grand Londres
(Voir situation sur carte : Grand Londres)
Abbaye de Stratford Langthorne
GĂ©olocalisation sur la carte : Angleterre
(Voir situation sur carte : Angleterre)
Abbaye de Stratford Langthorne
GĂ©olocalisation sur la carte : Royaume-Uni
(Voir situation sur carte : Royaume-Uni)
Abbaye de Stratford Langthorne

Localisation et toponymie

L'abbaye était située entre la Channelsea (en) et Marsh Lane[3].

Histoire

Fondation

L'abbaye est officiellement fondée le par des moines savigniens. Le site originel de la fondation est localisé à Great Burstead (en) mais, dès 1140, la communauté se déplace dans le site définitif. Le premier comme le second sont des dons effectués par William de Montfichet. La donation initiale comprend onze acres (soit quatre hectares et demi) de prairies, deux moulins, un bois, ainsi que la redevance d'une dîme[4] - [5].

Plusieurs autres dons effectués par des nobles des environs sont octroyés à l'abbaye ; ils sont confirmés par Henri II. En 1147, Savigny rejoint la filiation de Clairvaux avec toute sa congrégation, dont Stratford Langthorne qui est donc rattachée à l'Ordre cistercien[4] - [2].

DĂ©veloppement

A posteriori, au cours du XIVe siècle, la couronne anglaise se considère progressivement comme l'héritière du fondateur William de Montfichet puisque ce dernier est mort sans descendance. Elle s'érige donc en protectrice tutélaire de Stratford Langthorne, ce lien particulier étant formalisé le par Richard II. Cette protection implique cependant des contreparties, et l'abbaye est parfois sollicitée pour fournir des biens et des services à des personnes que le roi souhaite récompenser ou réconforter. L'absence de lignée aristocratique liée à l'abbaye fait que celle-ci n'héberge que de très rares sépultures ; certaines sources anciennes affirment que Humphrey de Bohun est enterré à Stratford Lagthorne à sa mort en 1336, mais celui-ci est mort en 1322 et enterré à York[4].

Richard CĹ“ur de Lion octroie deux chartes Ă  l'abbaye, la première le , la seconde le de la mĂŞme annĂ©e. Ces deux documents dĂ©finissent les droits dont jouit l'abbaye et les possessions qui sont les siennes ; il les confirme Ă  nouveau par une ratification du . ces possession, ainsi que d'autres, sont confirmĂ©es et agrandies respectivement par Jean sans Terre le , Henri III le . Ă€ la fin du XIIIe siècle, Stratford Langthorne est une des plus riches abbayes d'Angleterre. En 1291, le temporel s'Ă©lève Ă  la somme de deux cent dix livres, ce qui est considĂ©rable. La prospĂ©ritĂ© financière de l'abbaye n'empĂŞche pas certaines pĂ©riodes de crise. Au dĂ©but du XIVe siècle, Ă  la fin du règne d'Édouard Ier, s'est lourdement endettĂ©e auprès d'un usurier ; sur l'intercession de la reine-mère, le roi aide l'abbaye Ă  honorer ses dettes[4]. Rien qu'Ă  West Ham, Ă  l'apogĂ©e de sa prospĂ©ritĂ©, l'abbaye possède une vingtaine de bâtiments, et environ 1 500 acres (plus de six cents hectares) de terrain[6]. Si sur le plan matĂ©riel l'abbaye est très prospère, elle n'a qu'un rayonnement spirituel relativement faible et ne fonde jamais d'abbaye-fille[2].

Sa richesse vaut à l'abbaye de recevoir des visiteurs de marque. En 1267, le légat du pape vient pour y rencontrer Henri III et y conclure un accord de paix avec ses barons. En 1411 et 1412, Henri IV y séjourne à plusieurs reprises. En 1501, l'abbé est une des personnes désignées pour accueillir à Londres Catherine d'Aragon. Le , son successeur William Huddlestone concélèbre le baptême d'Élisabeth Ire et, en novembre 1537, alors que le mouvement de dissolution des monastères a déjà commencé, il participe également aux funérailles de Jeanne Seymour[4]. Cette fonction d'accueil est toutefois surtout pour l'abbaye une charge, notamment parce que tous les religieux de l'Ordre devant passer ou résider à Londres l'utilisaient comme point de chute. En 1218, le chapitre général est obligé de statuer qu'aucun cistercien, moine ni convers, n'est autorisé à demeurer plus de trois jours à Stratford Langthorne ; l'année suivante, la même instance précise que les personnes de passage doivent apporter leur boisson et la nourriture de leurs bêtes[6].

En 1381, l'abbaye est assez largement victime de la Révolte des paysans, durant laquelle non seulement elle est pillée mais de nombreux documents sont brûlés[4]. Vers cette même date, des inondations l'endommagent et l'abbaye doit faire appel à l'aide de la Couronne[6].

Liste des abbés connus

  • Henry, attestĂ© en 1169
  • William, attestĂ© en 1192
  • Benedict, de 1199 Ă  1218
  • Richard, attestĂ© en 1218 et 1235
  • Hugh, attestĂ© en 1237 et 1254
  • John, attestĂ© en 1272
  • Robert, attestĂ© en 1286 et 1288
  • Henry, attestĂ© en 1292
  • Richard, attestĂ© en 1311, 1316, 1327 et 1333
  • William, attestĂ© en 1340, 1342, mort en 1348 ou 1349
  • John, attestĂ© en 1351
  • William, attestĂ© en 1358
  • …
  • Herman, attestĂ© en 1385 et 1403
  • Richard Knotte, attestĂ© en 1415
  • …
  • William Wombwell ou Wymbyll, attestĂ© en 1440 et 1457
  • John Reyseld ou Reyfeld, attestĂ© en 1460 et 1463
  • Hugh Watford, attestĂ© en 1466 et 1480
  • …
  • William Hyccheman, attestĂ© en 1510, 1514 et 1516
  • William Etherway, Ă©lu en 1516 et attestĂ© en 1523
  • William Huddlestone, Ă©lu en 1524, dernier abbĂ©[4]

Fin de l'abbaye

Le , l'abbaye est confisquée par le roi Henri VIII ; elle compte à cette date quinze moines, en y intégrant l'abbé. Les différents biens de l'abbaye sont partagés entre plusieurs nobles proches de la Couronne[4].

Après la dissolution, les bâtiments non directement monastiques ne changent guère de destination : dans les derniers temps du monachisme, ils étaient déjà occupés par des laïcs. L'abbaye elle-même est donnée à Peter Meautis (ou Mewtas), qui devient par la suite ambassadeur en France. Durant les deux siècles suivants, la propriété est partagée entre plusieurs bénéficiaires. En 1732, la brasserie Adam & Eve est construite sur le site. En 1784, afin de créer une extension de l'établissement, le nouveau brasseur Thomas Holbrook va jusqu'à enlever les pierres de fondation de l'abbaye pour les réutiliser. En 1840 puis en 1870 enfin, le site est coupé par la North London line (en), effaçant jusq'au souvenir du monastère[3].

Notes et références

  1. (la) Leopold Janauschek, Originum Cisterciensium : in quo, praemissis congregationum domiciliis adjectisque tabulis chronologico-genealogicis, veterum abbatiarum a monachis habitatarum fundationes ad fidem antiquissimorum fontium primus descripsit, t. I, Vienne, Vindobonae, , 491 p. (lire en ligne), p. 102.
  2. (it) Luigi Zanoni, « Stratford Langthorne », sur http://www.cistercensi.info, Certosa di Firenze (consulté le ).
  3. (en) A History of the County of Essex, vol. 6, Londres, Victoria County History, (lire en ligne), « Stratford Abbey precincts », p. 112-114.
  4. (en) A History of the County of Essex, vol. 2, Londres, Victoria County History, (lire en ligne), « Houses of Cistercian monks: Abbey of Stratford Langthorne », p. 129-133.
  5. Bernard Peugniez, Le guide routier de l'Europe cistercienne : esprit des lieux, patrimoine, hôtellerie, Strasbourg, Éditions du Signe, , 1155 p. (ISBN 9782746826243, OCLC 891520247), « 12 - Stratford Langthorne », p. 934.
  6. (en) « Cistercian Abbeys : Stratford Langthorne », Digital Humanities Institute (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

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