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Abat-jour en peau humaine

Un abat-jour en peau humaine est la rĂ©alisation d'un abat-jour de lampe Ă  partir de peau humaine. Il existe deux allĂ©gations notables de la rĂ©alisation d'abat-jour en peau humaine. La premiĂšre est apparue aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, oĂč il a Ă©tĂ© allĂ©guĂ© que les nazis avaient fabriquĂ© des abat-jour Ă  partir de peau de dĂ©tenus assassinĂ©s dans des camps de concentration. La suivante est celle des annĂ©es 1950, quand le meurtrier Ed Gein, peut-ĂȘtre influencĂ© par les histoires sur les nazis, a rĂ©alisĂ© un abat-jour avec la peau d'une de ses victimes.

Quelques restes humains Ă  Buchenwald y compris un abat-jour disparu, en peau humaine selon plusieurs tĂ©moignages, et qui n’a pas pu ĂȘtre testĂ© : «L'abat-jour, qui a Ă©tĂ© montrĂ© dans diverses photos du 16 au 21. Avril 1945, ne figurait apparemment plus parmi les preuves Ă  la fin du mois d'avril, et il n'a Ă©tĂ© retrouvĂ© dans aucune collection amĂ©ricaine Ă  ce jour. Ce en quoi il consistait rĂ©ellement ne peut donc plus ĂȘtre vĂ©rifiĂ©; les commentateurs contemporains parlent d'un abat-jour en peau humaine » [1].

Histoire de l'anthropodermie

L'utilisation connue comme trophée de la peau écorchée des ennemis vaincus remonte à l'antiquité. Dans l'ancienne Assyrie, l'écorchement d'ennemis vaincus et de dissidents était une pratique courante. Les Assyriens laisseraient la peau se tanner sur les murs de leur ville[2].

Certains livres ont été reliés en peau humaine depuis au moins le XIXe siÚcle[3].

La peau du meurtrier de la grange rouge William Corder a été utilisée pour lier les notes du procÚs de 1828. Ce livre est actuellement exposé dans un musée du Suffolk[4].

Ère nazie, Holocauste et Seconde Guerre mondiale

AprĂšs la dĂ©faite de l'Allemagne nazie, des allĂ©gations ont circulĂ© selon lesquelles Ilse Koch, Ă©pouse du commandant du camp de concentration de Buchenwald, possĂ©dait des abat-jour en peau humaine et avait spĂ©cifiquement tuĂ© des prisonniers tatouĂ©s afin d'utiliser leur peau Ă  cette fin[5]. AprĂšs sa condamnation pour crimes de guerre, le gĂ©nĂ©ral Lucius D. Clay, gouverneur militaire intĂ©rimaire de la zone amĂ©ricaine en Allemagne, a rĂ©duit sa peine Ă  quatre ans de prison au motif « qu'il n'y avait aucune preuve convaincante qu'elle avait choisi des dĂ©tenus des camps de concentration nazis pour les exterminer afin de se procurer des peaux tatouĂ©es, ou qu'elle possĂ©dait des articles en peau humaine[6] ».

Jean Edward Smith dans sa biographie, Lucius D. Clay, une vie américaine, a rapporté que le général avait soutenu que les abat-jour en cuir étaient faits de peau de chÚvre. Le livre cite une déclaration faite par le général Clay des années plus tard :

Il n'y avait absolument aucune preuve dans la transcription du procĂšs, si ce n'est qu'elle Ă©tait une crĂ©ature plutĂŽt dĂ©testable, qui pouvait justifier la peine de mort. Je suppose que j'ai Ă©tĂ© plus maltraitĂ© pour cela que pour toute autre chose que j'ai faite en Allemagne. Un journaliste, qui l'avait appelĂ©e la "salope de Buchenwald", avait Ă©crit qu'elle avait des abat-jour faits de peau humaine dans sa maison. Et cela a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© au tribunal, oĂč il a Ă©tĂ© prouvĂ© sans l'ombre d'un doute que les abat-jour Ă©taient faits en peau de chĂšvre[7]. L’abat-jour prĂ©sentĂ© sur une table en avril 1945 avec les restes humains de Buchenwald ayant disparu, il est probable que celui «retrouvé» et prĂ©sentĂ© au procĂšs n’était pas l’original.

Les accusations ont Ă©tĂ© portĂ©es une fois de plus lors de sa rĂ©-arrestation, mais elles se sont Ă  nouveau rĂ©vĂ©lĂ©es infondĂ©es. Le journaliste Mark Jacobson prĂ©tend ĂȘtre en possession de cet abat-jour, mais ces affirmations sont contestĂ©es[8] - [9].Elle a nĂ©anmoins Ă©tĂ© condamnĂ©e pour la deuxiĂšme fois Ă  la prison Ă  vie pour ses autres crimes[10].

La Buchenwald Memorial Foundation déclare que :

Concernant l'existence d'un abat-jour en peau humaine, il y a deux témoins crédibles qui ont fait des déclarations sous serment : Dr. Gustav Wegerer, autrichien, prisonnier politique, kapo de l'infirmerie, et Josef Ackermann, prisonnier politique et secrétaire du médecin du camp, Waldemar Hoven.

Wegerer a expliquĂ© : "Un jour Ă  peu prĂšs Ă  la mĂȘme Ă©poque [1941], le commandant du camp Koch et le mĂ©decin SS MĂŒller se sont prĂ©sentĂ©s Ă  mon poste de travail Ă  l'infirmerie. À cette Ă©poque, on prĂ©parait pour Koch un abat-jour en peau humaine tannĂ©e et tatouĂ©e. Koch et MĂŒller choisirent parmi les peaux humaines tannĂ©es et parcheminĂ©es disponibles celles qui portaient les tatouages appropriĂ©s pour l'abat-jour. De la conversation entre les deux, il est apparu clairement que les motifs choisis auparavant n'avaient pas plu Ă  Ilse Koch. L'abat-jour fut alors terminĂ© et remis Ă  Koch". Le Dr Hans Mueller, plus tard mĂ©decin SS Ă  Obersalzberg, fut pathologiste Ă  Buchenwald de mars 1941 Ă  avril 1942. La pĂ©riode peut ĂȘtre dĂ©finie plus prĂ©cisĂ©ment par la dĂ©claration d'Ackermann.

  • Ackermann a livrĂ© la lampe, comme il l'a dĂ©clarĂ© en 1950 devant le tribunal. Le pied de la lampe Ă©tait fait d'un pied humain et d'un tibia ; sur l'abat-jour on voyait des tatouages et mĂȘme des mamelons. À l'occasion de la fĂȘte d'anniversaire de Koch [aoĂ»t 1941], le mĂ©decin du camp Hoven lui demanda d'apporter la lampe Ă  la villa des Koch. C'est ce qu'il fit. Un des invitĂ©s de la fĂȘte lui a dit plus tard que la prĂ©sentation de la lampe avait Ă©tĂ© un grand succĂšs. La lampe disparut aussitĂŽt aprĂšs que les dirigeants SS en eurent eu connaissance. On ne pouvait pas accuser Ilse Koch d'avoir fabriquĂ© l'abat-jour[11].

Ed Gein

Ed Gein (1906-1984), Ă©tait un tueur et un voleur de cadavres, actif dans les annĂ©es 1950, qui fabriquait des trophĂ©es Ă  partir de cadavres qu'il volait dans un cimetiĂšre local. Lorsqu'il a finalement Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©, une fouille des lieux a rĂ©vĂ©lĂ©, entre autres artefacts troublants, un abat-jour fait de peau humaine[12]. Gein semble avoir Ă©tĂ© influencĂ© par les histoires alors en cours sur les nazis collectant des parties du corps afin de fabriquer des abat-jour et d'autres objets[13].

Voir Ă©galement

Liens externes

Références

  1. « Buchenwald Memorials Foundation. Is it true that the SS had lampshades made of human skin in the Buchenwald concentration camp? »
  2. « Books Bound in Human Skin; Lampshade Myth? | The Record », Harvard Law Record, (consulté le )
  3. (en) Jacob Gordon, « In the Flesh? Anthropodermic Bibliopegy Verification and Its Implications », RBM: A Journal of Rare Books, Manuscripts, and Cultural Heritage, vol. 17, no 2,‎ , p. 118-133 (ISSN 1529-6407 et 2150-668X, lire en ligne).
  4. Strange remains
  5. « Ilse Koch is given life term », Gettysburg Times,‎ , p. 2 (lire en ligne, consultĂ© le )
  6. « GERMANY: Very Special Present », Time, 25 dĂ©cembre 1950, en ligne.
  7. Smith, Jean Edward, Lucius D. Clay : An American Life, Macmillan, , 301 p. (ISBN 978-0-8050-0999-6)
  8. Santoro, « A Human Skin Lampshade Sparks a Journey into the Heart of the Holocaust | HistoryNet », www.historynet.com (consulté le )
  9. (en) Mark Jacobson, The Lampshade : A Holocaust Detective Story from Buchenwald to New Orleans, Simon and Schuster, , 368 p. (ISBN 978-1-4165-6630-4, lire en ligne)
  10. Alliance : Ilse Koch a été condamnée une deuxiÚme fois à la prison à vie
  11. (de) Dr. Harry Stein, « “Stimmt es, dass die SS im KZ Buchenwald Lampenschirme aus Menschenhaut anfertigen ließ?“ », sur www.buchenwald.de
  12. Chloe Castleden, Ed Gein : The Psycho Cannibal, Constable & Robinson Limited, , 11–12 p. (ISBN 978-1-78033-341-0, lire en ligne)
  13. Gelbin, Cathy, "Metaphors of Genocide", in Duttinger et al (ed), Performance and Performativity in German Cultural Studies, Peter Lang, 2003, p.233.
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