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Émile Nicolas

Émile Nicolas (1871-1940) est un greffier et critique d'art membre fondateur de l'école de Nancy et membre du comité directeur de l'Alliance.

Émile Nicolas
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  68 ans)
Nancy[1]
Activités

Biographie

Frère de Paul Nicolas, il enseigne la botanique appliquée à la décoration à l'école des Beaux-Arts[2]. Pour lui, l'art nouveau en général et l'école de Nancy en particulier, ne fait que reproduire des structures végétales dans sa production architecturale, verrière ou mobilière[2].

Les premières années d’Emile Nicolas se passent à Burthecourt, près de Vic-sur-Seille, en Lorraine annexée ; il fréquente l’école des deux langues, français et allemand, ainsi que l’Eglise. La famille étant expulsée en janvier 1888, Emile ne peut pas continuer ses études et doit travailler immédiatement en arrivant à Laxou.

Il débute comme « saute-ruisseau » dans un établissement bancaire, puis rentre comme commis chez un important marchant d’étoffes à Nancy. Ensuite, il est admis en tant que « gratte-papier » puis comme commis greffier dans le cabinet d’un juge d’instruction.

La santé d’Emile est fragile : ceci est la raison pour laquelle il fut réformé. Il le regrettera toute sa vie, et restera un fervent patriote lorrain.

C’est un bûcheur acharné : après le cabinet du juge d’instruction, il sera greffier à la correctionnelle, puis à la Cour d’Appel. Il terminera sa vie professionnelle par une charge de juge de paix suppléant. Il présidera également le Tribunal pour enfants. En outre il est expert en écriture auprès des tribunaux ;

Il est demeuré, sa vie durant, un homme simple, modeste et sans orgueil. Il était néanmoins Chevalier de la Légion d’Honneur, Officier de l’Instruction publique, Officier du mérite Agricole et Chevalier de la Santé publique. En 1936 Emile Nicolas fait valoir ses droits à la retraite. C’est alors que lui est conféré l’honorariat de ses anciennes fonctions de Greffier de Chambre.

Ses occupations judiciaires lui laissent quelque peu de liberté. Ceci lui permet de se consacrer à d’autres activités. Grâce à un travail intense et personnel, il deviendra une personnalité jouant un rôle important dans la vie intellectuelle, artistique et associative de Nancy.

En 1893, Paul, son frère, est embauché à la maison Gallé. Emile peut alors rencontrer le grand maître-Verrier. C’est de l’amour des plantes, surtout de celui des orchidées, que naquit une véritable amitié entre les trois hommes.

Dès 1895, le nom d’Emile Nicolas apparaît dans les concours de la « Science illustrée ». Il y obtint plusieurs fois le premier prix. En plus des concours, dès 1895, Emile Nicolas se lance et commence à rédiger, à commenter dans la presse locale ses sentiments, ses impressions sur le monde artistique qui vient de s’ouvrir à ses yeux.

Chez Emile Gallé, il rencontre Louis Hestaux et bien d’autres décorateurs, dessinateurs, modélistes…. Il accueille avec respect les enseignements, les conseils, les explications de ces « grands » qui deviendront ses amis. Il côtoie aussi des artistes, des lettrés, des écrivains, et pas des moindres, des hommes de science, des musiciens. Victor Prouvé, René Wiener, le luthier Albert Jacquot et bien d’autres seront ses amis dès la fin du siècle.

Dès 1900, Emile suit assidûment les conférences de la Société Centrale d’Horticulture de Nancy où Emile Gallé l’avait entraîné. Il y prodiguera même des cours de botanique et en 1919, prend la relève du secrétariat de la Société Centrale d’Horticulture dont à la fin de sa vie, il est Vice-Président.

Chez les Lemoine, Emile Nicolas rencontre Emile Coué, cet homme ouvert aux choses dites « paranormales », mari de Lucie Lemoine. Ils furent très amis, faisant parfois ensemble des expériences. Il fera certains comptes rendus de causeries de la Société d’Etudes psychiques.

En 1900, c’est l’Exposition Universelle de Paris. Paul y participe aux côtés d’Emile Gallé, et est accompagné de son frère Emile et de toute une bande d’amis, dont Charles Fridrich, le futur beau-frère d’Emile. De cette exposition Emile fera partager à ses compatriotes lorrains une série d’articles qui seront publiés dans « la Lorraine Artiste ».

Comme son frère Paul, Emile est franc-maçon (loge Saint-Jean de Jérusalem) ; tous deux partagent les mêmes idées et fréquentent les mêmes cercles à Nancy.

En 1900, c’est également l’année, où Emile Gallé fonde le journal « l’Etoile de l’est ». La signature d’Emile Nicolas apparaît en bas des publications de nombreux articles. En 1919, Emile Nicolas deviendra Administrateur de l’Etoile de l’Est.

En février 1901, quand Emile Gallé fonde l’alliance provinciale des Industries d’Art « Ecole de Nancy » avec Majorelle, Daum, Vallin et bien d’autres, dont Charles Fridrich, il demande à Emile Nicolas de siéger au comité directeur, poste qu’il conserve quand, après le décès du Maître, Victor Prouvé succède au fondateur.

Dans le courant d’Emile Gallé, Emile Nicolas participe ainsi que son frère Paul à la fondation de « l’Université Populaire », en tant que membre du comité et conférencier. Il rédige alors le bulletin de l’Université Populaire » et les comptes rendus de la plupart des causeries.

En 1902, Emile Nicolas publie dans « la Lorraine Artiste » de Goutière-Vernolle une étude sur la « maison du peuple », siège de l’Université populaire. Dans cette revue, il publiera de nombreux autres articles.

Par arrêté en date du 6 février 1903, le ministre de l’Instruction publique et des beaux-Arts arrête : « Monsieur Emile Nicolas, membre de la Société de Biologie de Nancy, est nommé officier d’Académie. »

En 1903, le 31 août, Emile Nicolas épouse Marguerite Fridrich, la sœur de son ami Charles le tapissier-décorateur à Nancy, sorti des Beaux-arts de Paris.

Il fréquente aussi les musiciens. Beaucoup seront ses amis. Il sera membre de la Commission de surveillance du Conservatoire de Musique et ses critiques musicales rejoindront d’autres de ses articles dans la presse locale.

En Septembre 1904, Emile Gallé s’éteint, victime de la leucémie. C’est une pluie d’articles de journaux qui voit le jour. Emile Nicolas n’est pas en reste et sort dans « Etrennes Nancéennes » d’Oswald Leroy, début janvier 1905, un très bel article parlant du regretté maître, article encore évoqué en 1982 dans « Terre Lorraine ».

Membre titulaire de l’Académie de Stanislas, Emile Nicolas consacre son discours de réception à son ami Emile Gallé ; A sa mort en 1940, il était Président de la docte Académie ;

Fin 1904, un fils Emile-Pierre naît trois jours avant Noël et un deuxième fils en Janvier 1908, prénommé André, qui sera photographe de profession et prendra de nombreux clichés des vases de Paul Nicolas.

Emile Nicolas fut un grand défenseur de la langue du terroir. Le « Couarail » était une Académie Lorraine fréquentée plutôt par de jeunes artistes, des écrivains, des professeurs, des journalistes, des poètes, des musiciens, qui se réunissaient pour des causeries. René d’Avril en fut le Directeur et Emile Nicolas le vice-directeur, en ce début de siècle ; il en deviendra directeur ultérieurement ;

En 1913, la société Erckmann-Chatrian voit le jour ; son but était d’entretenir des deux côtés de la frontière (Lorraine annexée et autre) la même mentalité lorraine et de conserver des attaches intellectuelles communes pour contrebalancer la « Kultur ». Georges Sadler sera Président et Emile Nicolas Vice-Président.

Paul Perdrizet, gendre d’Emile Gallé, professeur à la faculté de lettres de l’Université de Nancy, crée un musée archéologique dans cette université. Emile Nicolas se retrouve également dans cette branche d’études à la Société Lorraine d’Archéologie et fera partie de son comité directeur.

Emile Nicolas sera appelé à l’Est Républicain par R. Mercier, mais il ne peut signer ses articles de la même façon qu’à l’Etoile de l’Est, journal concurrent. Son nom de plume sera alors Sylvestre Urbain, parfois en d’autres circonstances Em. Nic.

En 1908 il publie dans la revue « Lorraine Illustrée », les « Principes de l’Ecole de Nancy » et écrit sur les œuvres des artistes qui la composent, constituant ainsi un précieux document historique.

Depuis plusieurs années déjà, Emile Nicolas a participé à diverses autres revues : « la Lorraine artiste », « le Pays Lorrain », « le Cri de Nancy »…

Quand en 1909 est fondée sous l’égide des frères Eugène et Louis Corbin la luxueuse revue « Art et Industrie », Emile Nicolas en sera le secrétaire de rédaction aux côtés d’Emile Goutière-Vernolle, rédacteur en chef. Il y publiera de nombreuses études documentaires sur la flore appliquée à l’art décoratif.

En 1909 il devient le secrétaire du Comité Lorrain de l’Art à l’Ecole, et sera le rapporteur du IIème congrès national réuni à Nancy au mois d’août. Dans deux « lectures lorraines » publiées par la « société lorraine des études locales dans l’enseignement public », son nom voisine avec ceux d’autres auteurs lorrains bien connus.

Il deviendra aussi Président du Comité nancéen de protection de l’enfance et Vice-Président du Conseil d’Administration de la Maison des Orphelines de Nancy.

En 1928, Léon Heck sera le directeur fondateur de la revue mensuelle « Nos As dans l’Art, l’Industrie et le Commerce ». Là encore on retrouvera souvent la signature d’Emile Nicolas.

Emile Nicolas n’arrête pas : attelé à son travail au tribunal, à ses conférences, à ses causeries, à ses écrits, à ses articles de presse, à ses recherches, aux nombreuses réunions d’associations diverses pour lesquelles bien souvent il rédige les compte-rendus, à ses œuvres charitables et sociales, qu’il ne néglige pas, et bien sûr il trouve toujours le temps de rencontrer dans leurs ateliers ses amis artistes.

Au printemps 1913, Emile Nicolas fonde la société « les amis des fleurs », société lorraine d’études botaniques dont il devient Président ; il organise des promenades et des excursions, des sorties d’études en vue d’herborisation. Il devient aussi secrétaire général de la Société des Sciences.

Dans l’« Etoile de l’Est », il publie toute une série d’articles divers relatifs à la guerre 14-18 ;

En 1917, le « bulletin de la société industrielle de l’Est » est publié malgré la guerre, et l’on peut y découvrir un très important article d’Emile Nicolas intitulé : « l’Art décoratif lorrain et l’Ecole de Nancy ».

En 1919, il faut faire revivre le nom de Nancy ; Emile Nicolas s’y attelle avec les peintres Michel Colle et Victor Idoux ; ils publient : « Nancy – promenades artistiques dans la Ville ». Emile Nicolas a aussi été membre du Conseil d’Administration du syndicat d’initiative de la ville.

La fête fédérale en juin 1919 fit grand bruit : Fête de la victoire et de la réunification de l’Alsace-Lorraine à la France. Une petite brochure commémorant cette manifestation parut en 1920 sous la signature d’Emile Nicolas.

Quand Victor Prouvé fut appelé à la direction des Beaux-arts à Nancy en 1919, il fit ajouter un vocable à l’école, à savoir « et des arts appliqués » ; il chargea alors son « vieil ami », Emile Nicolas, d’enseigner la botanique appliquée à la recherche des formes naturelles. Ses leçons furent également mises en pratique pour la constitution histologique des membres de la plante par des cours de micrographie. Plus tard André Nicolas, fils d’Emile et photographe, réalisa une série de photo-micrographies projetables pour l’illustration des cours de son père le professeur.

Depuis 1920 une ouverture plus importante s’était faite pour Emile Nicolas dans le milieu universitaire, ainsi que dans le milieu préfectoral, où il faisait partie de commissions et comités divers : comité régional des arts appliqués de Nancy, commission des monuments historiques, commission départementale des sites et monuments naturels. Il fut rapporteur officiel pour le classement du site de Liverdun. Il siège également au comité des fêtes et du tourisme de Nancy. Il est, entre autres, membre du comité actif pour le monument commémoratif de la bataille de Nancy.

1930 : le monde semble se rétrécir autour de lui. Sa mère décède. Beaucoup de ses « vieux amis » ont déjà quitté cette terre lorraine.

1930 encore : dans la « Revue Lorraine Illustrée » ? Emile Nicolas publie un important et copieux article sur « l’œuvre éducatrice de Victor Prouvé ».

1932 : à la Faculté des lettres de Nancy, dans le cadre du centre des études lorraines, il donne une très importante conférence : « le cycle des saisons et la nature lorraine ». Cette même année, c’est le décès d’Emile Friant ; un livre hommage à cet illustre artiste prendra forme peu de temps après. Emile Nicolas, dans ce recueil, évoquera son ami : « Emile Friant devant la nature ».

1933 : publication dans « Edition du pays Lorrain » de la « Notice historique de la Société Lorraine des Amis des Arts », écrite conjointement par deux amis : Emile Nicolas et René Wiener.

1934 : important article dans « le Pays Lorrain » : « Mouvement artistique à Nancy »

1935 : le Bulletin de l’association des anciens élèves de l’Ecole des beaux-Arts de Nancy prend corps et Emile en devient le rédacteur en chef.

29 février 1940 : André, le deuxième fils d’Emile Nicolas, vaincu par un terrible mal, la tuberculose, dont il souffrait depuis 12 ans, rend l’âme ;

Le 5 mai 1940, muni des sacrements de l’Eglise, Emile Nicolas décède lui aussi, et c’est son vieil ami Victor Prouvé qui lui rendit un dernier et émouvant hommage.


La signature d’Emile Nicolas se retrouve dans de nombreux journaux (l’étoile de l’Est, l’Est républicain) et dans de nombreuses revues parmi lesquelles : la Lorraine ; le pays lorrain ; la Lorraine artiste ; revue lorraine illustrée ; la Lorraine artiste et littéraire ; le mercure lorrain ; la science française ; la plume ; le messager de Lorraine de la société Erckmann-Chatrian ; bulletin de l’association des anciens élèves des beaux arts de Nancy ; bulletin de l’université populaire ; l’éducation sociale ; les amis des fleurs ; art et industrie ; nos as ; l’art à l’école ; bulletin de la société des amis des arts ; bulletin de la société industrielle de l’est ; le foyer demain ; extrait des mémoires de l’académie de Stanislas.




Références

  1. Relevé généalogique sur Filae
  2. Christian Debize, Guide de l'Ă©cole de Nancy, Nancy/Metz, Presses universitaires de Nancy / Ed. Serpenoise, , 159 p. (ISBN 2-86480-373-9)

Colette NICOLAS-DELABARRE, petite-fille d'Emile Nicolas

Florence NICOLAS, petite-fille de Paul Nicolas et petite-nièce d'Emile NICOLAS

Bibliographie

  • NoĂ©mie Michel, « Émile Nicolas », dans Isabelle Guyot-Bachy et Jean-Christophe Blanchard (dir.), Dictionnaire de la Lorraine savante, Metz : Éditions des Paraiges, 2022, p. 235.
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