Ăglise protestante maohi
LâĂglise protestante mÄĂČhi (EPM) ou ĂtÄrÄtia porotetani mÄĂČhi (ĂPM) est la plus grande Ăglise rĂ©formĂ©e de la PolynĂ©sie française, rĂ©unissant environ 38% de la population.
Ăglise protestante maohi | |
Généralités | |
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Branche | Protestantisme |
ThĂ©ologie | Tahaa : PĆ« Ă iraa Ăčpurau - Terereatau |
Territoire | MÄĂČhi Nui - PolynĂ©sie française |
Président | François a PIHAATAE |
Fondation | |
Date | 2004 |
Lieu | MÄĂČhi Nui - PolynĂ©sie française |
Origine et Ă©volution | |
SĂ©parations | London Missionary Society(19e siĂšcle).
SociĂ©tĂ© des Missions ĂvangĂ©liques de Paris(20e siĂšcle). |
Chiffres | |
Ăcoles secondaires | 4 |
Universités | Université théologique de Terereatau |
Divers | |
Histoire
LâĂglise fait remonter sa fondation au , date Ă laquelle des missionnaires de la London Missionary Society dĂ©barquent Ă Tahiti - cĂ©lĂ©brĂ© chaque annĂ©e par la fĂȘte de l'ArrivĂ©e de l'Ăvangile. Reprise en main par la SociĂ©tĂ© des missions Ă©vangĂ©liques de Paris aprĂšs la conquĂȘte française, elle est devenue autonome en 1963. Jusqu'en 2004, elle est connue sous le nom d'Ăglise Ă©vangĂ©lique de PolynĂ©sie française (EEPF).
LâĂglise protestante mÄĂČhi est enregistrĂ©e au rĂ©pertoire des entreprises de la PolynĂ©sie française sous le nom « EGLISE PROTESTANTE MAOHI », sans accent ni apostrophe[1]. Cette notation officielle est reprise anarchiquement sans majuscule par les textes publiĂ©s au journal officiel de la PolynĂ©sie française : « Ăglise protestante Maohi »[2], « Ăglise protestante maohi »[3], « Ă©glise protestante Maohi »[4], « Ăglise Protestante Maohi »[5], etc. Les auteurs d'ouvrage de recherche prĂ©fĂšrent, suivre les recommandations de lâAcadĂ©mie française pour les deux premiers termes, puis employer une des deux orthographes du tahitien respectueuses de la prononciation pour le dernier ; ils la nomment donc « Ăglise protestante mÄĂČhi »[6] ou « Ăglise protestante mÄâohi »[7], sans systĂ©matiquement utiliser l'italique. Son nom tahitien dans l'une des deux graphies principales de cette langue est ĂtÄrÄtia porotetani mÄĂČhi.
Présidence
- 1963 Ă 1976 : Samuel Raapoto
- 1976 Ă 1987 : Utia Marurai
- 1987 Ă 2003 : Jacques Ihorai
- 2003 Ă 2019 : Taaroanui Taarii
- depuis 2019 : François Pihaatae
Organisation
Relations internationales
Elle est membre de la Communion mondiale d'Ăglises rĂ©formĂ©es (et auparavant de l'Alliance rĂ©formĂ©e mondiale), du Conseil ĆcumĂ©nique des Ăglises, de la ConfĂ©rence des Ăglises du Pacifique et de la CĂ©vaa - CommunautĂ© d'Ăglises en Mission. Ce n'est qu'en 2016 Ă la suite de l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la CWM (Council for World Mission) que l'Ăglise Protestante mÄĂČhi est devenue le 32e Membre de la Council for world Mission, hĂ©ritiĂ© de la London Missionary Society.
Organisation géographique
OrganisĂ©e selon un principe de dĂ©coupage territorial, lâĂ©glise comprend environ 80 paroisses regroupĂ©es dans les 8 arrondissements (tĆ«haa) au niveau de chaque archipel de la PolynĂ©sie Française mais Ă©galement en Nouvelle-CalĂ©donie (Tahitiens de Nouvelle-CalĂ©donie). Ces paroisses sont elles-mĂȘmes divisĂ©es en Ăąmuiraa (groupes).
Le ùmuiraa est la structure de base de la vie paroissiale : dirigé par un ou plusieurs diacres, il regroupe les paroissiens par origine familiale et/ou territoriale.
Les lieux de cultes de l'EPM sont appelés Temples (fare pureraa ou marae) auxquels peuvent s'annexer des foyers dédiés aux actions paroissiales ou appartenant aux groupes paroissiaux (fare ùmuiraa).
Le pouvoir de gestion et d'administration de chaque paroisse est donnĂ© au conseil des diacres (Ăąpooraa tiĂ tono) avec l'appui du pasteur (ĂČrometua).
Financement principal
LâĂ©glise est autonome depuis 1963, ce qui signifie quâelle nâest plus dirigĂ©e par des missionnaires français (la SociĂ©tĂ© des missions Ă©vangĂ©liques de Paris ayant succĂ©dĂ© aux missionnaires anglais en 1863) mais par des pasteurs polynĂ©siens. Cette autonomie institutionnelle est Ă replacer dans un processus mondial de dĂ©colonisation qui, en PolynĂ©sie française, nâa pas Ă©tĂ© menĂ© Ă terme.
Ă cette autonomie institutionnelle sâajoute une indĂ©pendance financiĂšre qui repose avant tout sur la Collecte du mÄ. Le mÄ (mai), appelĂ© Ă©galement Ă ufauraa mÄ (collecte de mai) ou moni mÄ (lâargent de mai), a lieu tous les ans au mois de mai et consiste en une collecte des dons des paroissiens symboliquement destinĂ©s Ă Dieu, remis aux diacres â qui euxâmĂȘmes transfĂšrent ces dons aux services financiers de lâĂ©glise.
La premiĂšre collecte de mÄ, en 1818, avait pour ambition dâimpliquer les PolynĂ©siens nouvellement convertis, grĂące Ă leurs dons en nature (huile de coco et porc), dans les actions dâĂ©vangĂ©lisation de la LMS (Nicole, 1988 : 138). Le dĂ©roulement de la collecte du mÄ suit presque toujours deux rĂšgles essentielles : don initial et visibilitĂ©. La collecte commence toujours par une somme initiale, relativement faible â comparativement au montant Ă atteindre â qui constitue une somme de dĂ©part sur laquelle viennent « sâattacher » les dons ultĂ©rieurs.
Le don au sein de lâĂ©glise protestante mÄĂČhi de PolynĂ©sie française sâeffectue Ă deux niveaux : Ă un premier niveau le paroissien donne Ă Dieu, Ă un second niveau, lâargent rĂ©coltĂ© est versĂ© Ă la trĂ©sorerie de lâĂ©glise et sert Ă couvrir les dĂ©penses ordinaires de lâinstitution ecclĂ©siale. Le " Ă ufauraa mÄ " rĂ©pond aux logiques, qui consistent dans le mĂȘme temps Ă garder (la bible familiale et les cahiers dâinterprĂ©tations bibliques symboles dâune foi et dâune appartenance communautaire prĂ©servĂ©es) et Ă donner (lâargent Ă la trĂ©sorerie de lâEPM). Câest la mĂȘme monnaie qui est utilisĂ©e lors du " Ă ufauraa mÄ " et pour les Ă©changes marchands avec les commerçants, câest donc lâusage qui en est fait qui diffĂšre sensiblement.
Lâorigine de lâargent destinĂ© au mÄ est Ă©galement questionnĂ©e, lâargent devant ĂȘtre gagnĂ© honnĂȘtement et sans tricher, certains pasteurs interdisant lâorganisation de vente de plats Ă emporter comme mode â trop facile â de financement du mÄ. Cet argent fait lâobjet dâun traitement particulier : il ne se redonne pas et ne se garde pas. Les diacres ne peuvent en aucun cas reverser aux paroissiens qui auraient trop donnĂ© une partie de la somme rĂ©coltĂ©e : le don est dĂ©finitif et indivisible. Ils doivent reverser au plus vite lâargent rĂ©coltĂ© Ă la trĂ©sorerie de lâĂ©glise, cette rĂšgle censĂ©e Ă©viter les dĂ©tournements de fonds se nourrit de reprĂ©sentations particuliĂšres dâun argent « dangereux » dont il faudrait se dĂ©barrasser rapidement sous peine de susciter jalousies et convoitises.
Cultes et membres
à titre d'indication chaque paroisse peut se décomposer comme suit :
- le pasteur (ĂČrometua)
- les groupes paroissiaux (Ăąmuiraa)
- les diacres (tiĂ tono), les sous-diacre (tauturu tiĂ tono), les Ă©lĂšves-diacre (pipi tiĂ tono)
- les groupes de travail (Ăąmaa ĂČhipa) - chacun gĂ©rĂ© par un bureau
- Ăcole du dimanche (Haapiiraa tÄpati)
- Le groupement des femmes (te mau vahine - tuahine)
- Les évangélistes (te mau haapii parau maitaÏ)
- Le groupe des jeunes gens (uÏ ùpī) - branche UCJG (Young Men's Christian Association)
- les membres d'Ă©glise ayant confessĂ© leur foi en Christ (ĂštÄrÄtia)
Liturgie
L'EPM suit le plan de lecture biblique de l'Union biblique qui Ă©tablit les lectures quotidiennes des Ăcritures. Il est assez frĂ©quent que tous les services soient basĂ©s sur la lecture du jour.
Les sermons sont menĂ©s en Reo mÄĂČhi principalement mais Ă©galement en Français. Exceptionnellement deux paroisses sont menĂ©s dans une autre langue que le Reo mÄĂČhi, BĂ©thel uniquement en français et Jourdain en mandarin.
Les sermons sont préparés et présentés par le pasteur, les diacres et les membres de l'église pleinement ordonnés qui ont le talent, par la pratique et la formation, d'entreprendre une telle tùche.
Tenue
La religion est pour certains polynĂ©siens ancrĂ©e dans leur mode de vie, particuliĂšrement dans les Ăźles oĂč les Ă©vĂ©nements de l'Ă©glise rythme la vie des villages. Les paroissiens dĂ©crivent ce dĂ©vouement en assistant rĂ©guliĂšrement aux cultes, en participant aux activitĂ©s des groupes de travail (Ăąmaa ĂČhipa) mais Ă©galement Ă travers leurs habits.
Une tenue correcte est exigĂ©e pour les membres de l'Ă©glise (ĂštÄrÄtia) lors du culte. Bien que son application dĂ©pende d'une paroisse Ă une autre, le pantalon/pÄreu/chemise pour les hommes et la jupe/robe/Ă©paule couverte/chapeau pour les femmes reste un standard. Le blanc sera de rigueur lors de la Sainte-cĂšne les 1er dimanche du mois (tÄpati ĂŽroĂ ) ou Ă©ventements spĂ©ciaux.
Des uniformes spĂ©ciaux peuvent ĂȘtre choisis pour les groupes de travail (Ăąmaa ĂČhipa) et dĂ©pendent des membres administrateurs de chacun.
SiĂšges
Dans une paroisse il peut exister des rangĂ©es de banc attribuĂ©es Ă un groupe paroissial (Ăąmuiraa), Ă un village oĂč Ă une communautĂ© (des diffĂ©rentes Ăźles).
Les visiteurs peuvent s'asseoir n'importe oĂč, mais sont gĂ©nĂ©ralement escortĂ©s vers l'avant en signe de respect et d'honneur, conformĂ©ment Ă la tradition et Ă la coutume.
Notes et références
- « Detail », sur ispf.pf (consulté le )
- « Lexpol - ArrĂȘtĂ© n° 1456 CM du 29/09/2015 », sur lexpol.cloud.pf (consultĂ© le )
- « Lexpol - ArrĂȘtĂ© n° 2035 CM du 24/12/2014 », sur lexpol.cloud.pf (consultĂ© le )
- « Lexpol - ArrĂȘtĂ© n° 1882 MET du 22/03/2013 », sur lexpol.cloud.pf (consultĂ© le )
- « Lexpol - ArrĂȘtĂ© n° 1312 CM du 29/08/2012 », sur lexpol.cloud.pf (consultĂ© le )
- Saura 2015, p. 8.
- Malogne-Fer 2007.
Annexes
Bibliographie
- Gwendoline Malogne-Fer (prĂ©f. Jean-Paul Willaime), Les femmes dans lâĂglise protestante mÄâohi : Religion, genre et pouvoir en PolynĂ©sie française, Paris, Karthala, coll. « MĂ©moire dâĂglises », , 512 p. (ISBN 978-2-84586-938-7, lire en ligne).
- Bruno Saura, Histoire et mémoire des temps coloniaux en Polynésie française, Papeete, Au vent des ßles, (1re éd. 2015), 376 p., 140 à 220 mm (ISBN 978-2-36734-081-4, présentation en ligne).
- Gwendoline Malogne-Fer, « La collecte de mĂȘ au sein de lâĂglise protestante mĂąâohi », Journal des anthropologues, nos 114-115,â , p. 277â302 (ISSN 1156-0428 et 2114-2203, DOI 10.4000/jda.329, lire en ligne, consultĂ© le ).