William Snelgrave
William Snelgrave est un capitaine négrier anglais, pratiquant, au XVIIIe siècle, le commerce triangulaire et le commerce de l'ivoire sur la côte Ouest-Africaine.
Biographie
Les éléments de la biographie de W. Snelgrave sont extraits du livre qui l'a rendu célèbre et qui relate ses voyages de 1727 et 1730 sur la côte de Guinée, et en évoque de nombreux autres.
Son premier voyage en Afrique remonte à 1704 où il est embarqué comme munitionnaire sur l'Eagle Galley, vaisseau commandé par son père dans la région de Douala.
Il évoque un deuxième voyage en 1713, puis un voyage en Sierra-Leone où il est capturé, en 1719, par les pirates La Bouche, Thomas Cocklyn, et Howell Davis le long de la côte de l'Afrique de l'Ouest. D'abord attaqué par le quartier maître de Cocklyn pour refus de se rendre, battu et blessé au bras, il est épargné car ses hommes ont crié "Pour l'amour de Dieu, ne tuez pas notre capitaine, nous n'avons jamais été avec un homme meilleur". Snelgrave raconte sa captivité. Il indique que Davis prétendait que "leurs raisons d'être pirates étaient de se venger des commerçants et des traitements cruels que pratiquaient les capitaines." Ce qui explique sans doute pourquoi Snelgrave a été épargné, bien qu'il combattît les pirates[1]. En 1727, il arrive à Whydah qui vient d'être pris par le Dahomey. Il semble toujours en vie en 1735, un an après la publication de son livre, son nom étant mentionné dans un procès relatif à la publication de son livre.
Å’uvre
En 1734, le capitaine Snelgrave publie Nouvelle relation de quelques endroits de Guinée et du commerce d'esclaves qu'on y fait[2]. Il dédie le livre aux commerçants européens de l'Afrique de l'Ouest.
Dans un récit qui ne suit pas l'ordre chronologique, il évoque, dans le livre I, les événements survenus au Dahomey entre 1726 et 1730.
Dans le livre II, il fait le récit des mutineries des noirs, des règles du commerce négrier, avec un plaidoyer pour la traite, qu'il justifie par divers arguments[3] :
- La traite sauve la vie de prisonniers de guerre destinés à être massacrés.
- Aux colonies, les esclaves mènent une vie plus douce, les maitres les ayant acheté fort cher ayant intérêt à en prendre soin.
- L'esclavage permet l'exil de délinquants, profitable aux sociétés qui s'en défont..
Le livre III décrit l'auteur prisonnier des pirates et traversant d'autres dangers (1719).
Le livre de Snelgrave, qui figurait dans la bibliothèque de Tocqueville, a fourni des arguments à ceux qui construisaient le mythe de «l'ignoble sauvage», mais a aussi été exploité par les abolitionnistes du XVIIIe siècle au profit de leur cause[3].
Notes et références
- Black Bart Roberts: The Greatest Pirate of Them All by Terry Berverton
- William Snelgrave, Nouvelle relation de quelques endroits de Guinée et du commerce d'esclaves qu'on y fait ... traduite de l'anglois du capitaine Guillaume Snelgrave par Mr. A. Fr. D. de Coulange, aux dépens de la Compagnie (Amsterdam), (lire en ligne)
- Pierre Gibert S. J. (trad. de l'anglais), Introduction à Capitaine William Snelgrave, journal d'un négrier au XVIIe siecle, Paris, Gallimard, , 254 p. (ISBN 978-2-07-078215-4), p. 23
Bibliographie
- Law, Robin. "A Neglected Account of the Dahomian Conquest of Whydah (1727): The 'Relation de la Guerre de Juda of the Sieur Ringard of Nantes" in History of Africa, 15 (1988), p. 321-338.
- Snelgrave, William. A New Account of Some Parts of Guinea, and the Slave-Trade (1734)
- Jean-François de La Harpe, Abrégé de l’histoire générale des voyages, 1825, tome III, première partie, livre IV, chapitre III, pp. 30-87
- Capitaine William Snelgrave, Journal d'un négrier au XVIIIe siècle, introduction et notes par Pierre Gibert S. J., Gallimard, 2008, (ISBN 978-2-07-078215-4) : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Halpern Jean-Claude, « Les Avatars de la barbarie sur les côtes du Golfe de Guinée, dans la première moitié du 18e siècle », Dix-huitième siècle, 2012/1 (n° 44), p. 147-164.
- Aubain Pemangoyi Leyika, « Représentation de l’autre : étude des rapports entre les négriers et le peuple autochtone en Afrique au XVIIIe siècle dans le Journal de bord d’un négrier au XVIIIe de William Snelgrav », Multilinguales, no 8,‎ (ISSN 2335-1535, DOI 10.4000/multilinguales.278, lire en ligne, consulté le )
Liens externes
- Alvise Cadamosto, l'un des premiers navigateurs à visiter la cote ouest-africaine (Sénégal, Gambie) en 1455