Waraqa ibn Nawfal
Waraqa ibn Nawfal[1] ( ?- 610) est le cousin de Khadija, première épouse de Mahomet. Waraqa était, selon certaines sources traditionnelles[2] , un converti au christianisme nestorien, prêcheur à la Mecque, qui y mourut en chrétien nestorien. Il aurait reconnu la mission prophétique de Mahomet.
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Asad ibn Abd-al-Uzza (en) (grand-père) Khadija bint Khuwaylid (cousine germaine) |
Biographie traditionnelle
Waraqa est un personnage présenté dans les sira, biographies musulmanes traditionnelles de Mahomet, qui en parlent fort élogieusement. Néanmoins, hormis le récit de sa reconnaissance de la mission prophétique de Mahomet, celles-ci ne fournissent que peu d'informations d'ordre biographique, selon les historiens musulmans[3]. La plupart des informations sur cette figure proviennent d'Ibn Ishaq (VIIIe siècle)[3], dont certaines peuvent posséder une dimension légendaire et en quelques occasions certains aspects anachroniques[4].
Waraqa aurait, dès l'époque préislamique, renié le culte des idoles et se serait engagé dans la recherche de la hanifiyya avec trois autres personnages. Trois d'entre elles devinrent chrétiennes[3]. Converti en Syrie, il serait un grand connaisseur des Écritures[4]. Selon les récits traditionnels, Mahomet fut bouleversé par les premières révélations[3]. Il craignait d'être possédé par un djinn à l'instar de ces Kâhin que des djinns inspiraient à réciter des poèmes[5] - [6]. Il se confia alors à son épouse Khadija qui lui conseilla de rencontrer Waraqa, son proche parent (son oncle ou son cousin selon les récits). Celui-ci aurait alors, devant celle-ci puis devant Mahomet reconnu son caractère prophétique et lui apporta son soutien[3]. Certains historiens, pour expliquer l'absence de récit de conversion à l'islam, avancèrent la thèse que Waraqa serait mort peu après[3]. D'autres récits de sa mort existent[4].
Interprétations
Si les recensions rapportées par les différents auteurs différent légèrement, elles ont le point commun d'être une reconnaissance de la mission de Mahomet par un "représentant de la tradition chrétienne". Cette rencontre avec Waraqa peut être rapprochée de la rencontre avec Bahira. Le vocabulaire utilisé dans les récits liés à Waraqa renvoie à l'évangile de saint Jean et à l'annonce du Paraclet que cite à proximité Ibn Isham, qui s'inspire d'Ibn Ishaq[3]. Cette annonce de Mahomet comme étant le Paraclet est "un thème de l'apologétique musulmane" et s'accompagne, en corollaire, de la thèse de la falsification des écritures[3].
Le topos "Saint, Saint" qu'aurait dit Waraqa en rencontrant Mahomet a été étudié par plusieurs auteurs. Le vocabulaire utilisé serait, pour Baumstark, " indication de traces d’une liturgie chrétienne en langue arabe avant Mahomet et à son époque". Les arguments de Baumstark ont été critiqués par Griffith[7]. Cette référence montre, pour Gilliot, la présence de personnes à La Mecque informées sur le judaïsme, "voire sur le christianisme" et une diversité de langues. L'hypothèse d'un soutien de Waraqa dans la mise au point des révélations pourrait faire, pour ce même auteur du Coran un "travail collectif"[7].
Dans l'apologétique chrétienne, Waraqa est décrit comme un moine hérétique, au point d'être confondu avec la figure de Bahira. Pour Joseph Azzi, Waraqa était un prêtre ébionite, directeur spirituel de Mahomet qui s'en serait détourné pour fonder un État musulman[3]. D'autres recherches tendent à faire penser qu'il était Nazaréen (ébionite) ou judéo-nazaréen[8]. Pour Gilliot, Waraqa appartient à la catégorie des "informateurs" avec qui "Mahomet [...] poursuivit donc la tradition vivante de l’Antiquité tardive, celle du “targum”, interprétant/traduisant des logia pris des Écritures antérieures (ou de traditions orales), et pas seulement des trois mentionnées, mais aussi des apocryphes de l’Ancien et surtout du Nouveau Testament"[9].
Références
- Son nom complet est : Waraqa ibn Nawfal ibn Asad ibn Abd al-Uzza ibn Qasi Al-Qorshy (Arabe: ورقه بن نوفل بن أسد بن عبد العزّى بن قصي القرشي)
- L'islam : histoire des origines et histoire califale La tradition musulmane, pour sa part, préférera reporter cette connaissance des Écritures de la première épouse du Prophète sur un prétendu cousin de Khadîdja, Waraqa, fils de Nawfal, dont elle fait un hanîf, c'est-à-dire un monothéiste qui ne serait ni juif ni chrétien. En fait, il semble bien que Waraqa ait été tout simplement un chrétien nestorien.
- C.A, "Waraqa b. Nawfal", Dictionnaire du Coran, 2007, Paris, p. 929 et suiv.
- "Warakab. Nawfal", Encyclopedia of islam, vol. 11, p. 142.
- Maxime Rodinson, Mahomet (2002). (ISBN 2-85229-550-4) p. 82 et svt.
- Kazimirski, Le Coran ; éditions Garnier Flammarion, 1970, 508 pages. ( (ISBN 2-08-070237-8)). p. 446 (Les habitants de la Mecque firent la même critique plus tard, et le Coran réconforta Mahomet lors de la seconde révélation disant Tu n'es pas possédé par un Démon)..
- Cl. Gilliot, "Une reconstruction critique du Coran ou comment en finir avec les merveilles de la lampe d’Aladin", M. Kropp (ed.), Results of contemporary research on the Qurʾān. The question of a historio-critical text, Beyrouth, 2007, p. 33-137.
- thèse d'Édouard-Marie Gallez, le Messie et son prophète, soutenue en 2004 à l'Université Marc Bloch de Strasbourg
- Jan M. F. Van Reeth, « Le Coran silencieux et le Coran parlant : nouvelles perspectives sur les origines de l’islam. Notes critiques », Revue de l’histoire des religions, no 3, , p. 385–402 (ISSN 0035-1423, DOI 10.4000/rhr.8125, lire en ligne, consulté le )