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Vol de gradient

Le vol de gradient (en anglais dynamic soaring) est une technique de vol utilisée pour gagner de l'énergie en traversant de maniÚre répétitive la limite entre deux masses d'air ayant des vitesses distinctes. De telles zones de gradient significatif de la vitesse de vent se trouvent soit prÚs du sol ou dans une zone protégée par un obstacle comme à l'arriÚre d'une colline. Par conséquent cette technique est utilisée principalement par les oiseaux ou des planeurs radio-commandés. Il arrive également que certains pilotes de planeur, comme Ingo Renner, l'utilise. La vitesse maximale atteinte par un pilote de planeur radio-commandés est de 882 km/h, réalisée par Spencer Lisenby le 19 janvier 2021.

Le vol de gradient est parfois confondu avec le vol de pente. Dans ce dernier cas, le pilote vole légÚrement en amont de la colline et utilise la déflexion verticale du vent.

Principe de base

Plusieurs types de trajectoires peuvent ĂȘtre utilisĂ©s en vol de gradient. Le mĂ©canisme le plus simple est une boucle verticale Ă  travers les deux masses d'air en mouvement relatif. Le gain en vitesse durant une boucle s'explique par le fait que lorsque le planeur passe d'une masse d'air Ă  une autre, sa vitesse sol reste pratiquement constante car le rĂ©fĂ©rentiel Terre est pratiquement galilĂ©en. L’accroissement de la vitesse peut ĂȘtre expliquĂ© soit en termes de vitesse air ou vitesse sol. Le gain en vitesse est approximativement 2 fois la diffĂ©rence de vitesses entre les couches supĂ©rieure et infĂ©rieure. La trajectoire idĂ©ale est montrĂ©e dans l'animation ci-dessous et est dĂ©crite en dĂ©tail dans la boĂźte dĂ©roulante.

L'énergie est extraite en réduisant (légÚrement) la différence de vitesse entre les deux masses d'air au cours des demi-rotations à 180 degrés qui ralentissent (légÚrement) les masses d'air. On notera que les énergies mises en jeu au niveau du planeur sont totalement négligeables par rapport aux énergies mises en jeu par les masses d'air.


Dynamic Soaring Loop

Oiseaux

Albatros des Galapagos, Phoebastria irrorata

Certains oiseaux de mer planent dynamiquement en plongeant dans les creux des vagues et remontant au-dessus de la crĂȘte de la houle. Les albatros utilisent cette technique couramment pour parcourir des distances de plusieurs milliers de kilomĂštres dans les mers du Sud sans battement d'ailes notable. Lorsque l'oiseau remonte face au vent au-dessus de la crĂȘte de la houle, il se retrouve en prĂ©sence d'un vent de face important et donc sa vitesse air devient importante. En tournant Ă  180 degrĂ©s et en plongeant, il se retrouve Ă  nouveau Ă  l'abri de la vague, sa vitesse air s’accroit encore une fois. Donc, recommençant ce cycle, l'oiseau peut voler presque indĂ©finiment sans trop d'effort sauf Ă  effectuer des virages. En effet, l'oiseau extrait de l'Ă©nergie Ă  partir du gradient de la vitesse du vent.

Lord Rayleigh fut le premier à décrire le vol de gradient en 1883 dans la revue scientifique britannique Nature[1] : "
a bird without working his wings cannot, either in still air or in a uniform horizontal wind, maintain his level indefinitely. For a short time such maintenance is possible at the expense of an initial relative velocity, but this must soon be exhausted. Whenever therefore a bird pursues his course for some time without working his wings, we must conclude either

  1. that the course is not horizontal,
  2. that the wind is not horizontal, or
  3. that the wind is not uniform.
It is probable that the truth is usually represented by (1) or (2); but the question I wish to raise is whether the cause suggested by (3) may not sometimes come into operation."

Traduction française : « un oiseau sans utiliser ses ailes, ne peut pas, dans une masse d'air immobile ou à l'intérieur d'une masse d'air de vitesse uniforme, maintenir son niveau de vol indéfiniment. Pendant un temps bref, la conservation de l'altitude de vol ne peut se faire qu'aux dépens de la vitesse de vol initiale qui sera progressivement réduite à zéro. Par conséquent, si un oiseau poursuit sa course pendant quelque temps sans battre des ailes, nous devons conclure que soit :

  1. sa trajectoire n'est pas horizontale,
  2. le vent n'est pas horizontal, ou
  3. la vitesse du vent n'est pas uniforme.
Il est probable que la vérité se trouve dans les assertions (1) et (2). Toutefois, je me demande si l'assertion (3) n'est pas valable dans certains cas. »

Le premier cas décrit par Lord Rayleight est un simple plané, le deuxiÚme cas est soit un vol de pente, un vol thermique ou un vol d'onde. Le dernier cas est un vol de gradient[2].

Vol Ă  voile

Dans l'ouvrage Streckensegelflug publiĂ© en anglais sous le titre Cross-Country Soaring par la Soaring Society of America et en français sous celui de La course en planeur, Helmut Reichmann dĂ©crit un vol effectuĂ© par Ingo Renner Ă  bord d'un planeur GlasflĂŒgel H-301 Libelle au-dessus de Tocumwal en Australie en 1974. Ce jour-lĂ , le vent Ă©tait calme au sol et au-dessus d'une inversion de tempĂ©rature Ă  1000 pieds (300 mĂštres), le vent soufflait Ă  40 nƓuds (70 km/h). Renner effectua un remorquĂ© jusqu'Ă  1200 pieds (350 mĂštres) Ă  partir duquel il plongea en vent arriĂšre jusqu'Ă  ce qu'il rencontrĂąt la masse d'air immobile ; ensuite il effectua un virage serrĂ© de 180 degrĂ©s avec une charge alaire importante puis remonta rapidement. En traversant la couche d'inversion, il se retrouva Ă  nouveau face Ă  un vent de face de 40 nƓuds. La vitesse air gagnĂ©e lui permettait de maintenir son altitude. En rĂ©pĂ©tant la manƓuvre, il put maintenir son altitude pendant 20 minutes en l'absence de toute ascendance bien qu'il dĂ©rivait rapidement poussĂ© par le vent. Par la suite, il raffina sa technique Ă  bord d'un planeur Pik 20 et il fut capable d'Ă©liminer sa dĂ©rive arriĂšre et mĂȘme de se dĂ©placer contre le vent. Slater[3] affirme que le vol de gradient est possible avec des gradients aussi petits que 1m/s / 100 m.

Planeur radio-commandé

Vol de gradient avec un planeur R/C prĂšs de Idaho Falls, ID, USA. Le vent souffle de la droite vers la gauche.

À la fin de la dĂ©cennie 1990, les utilisateurs de planeurs radio commandĂ©s eurent l'idĂ©e de pratiquer le vol de gradient Ă  la suite d'une idĂ©e de gĂ©nie de Joe Wurts. Les pilotes de planeurs radio commandĂ©s effectuent les vols de gradient sous le vent d'obstacles au sol comme des arĂȘtes de collines, des falaises, etc. Ces obstacles peuvent soit arrĂȘter le vent complĂštement ou mĂȘme l'inverser localement. Le gradient de vitesse du vent peut ĂȘtre beaucoup plus grand que le gradient utilisĂ© par les oiseaux ou les planeurs de taille normale. Par consĂ©quent la quantitĂ© d'Ă©nergie extraite peut ĂȘtre accrue, nonobstant les charges alaires plus Ă©levĂ©es subies Ă  la limite de la zone au vent et de la zone protĂ©gĂ©e. En raison de ces charges Ă©levĂ©es, les planeurs radio commandĂ©s sont construits en matĂ©riaux composites.

En 2014, un record de vitesse à 813 km/h a été établi par Bruce Tebo qui avait utilisé un Kinetic 130 lesté de 12 kg, dans un vent d'environ 90 km/h et des rafales à 105 km/h[4] - [5]. En 2015 puis 2018 le pilote Spencer Lisenby pousse le record avec une vitesse maximale à 825 puis 877 km/h mesurée par radar portable, avec un planeur Transonic DP (3,3 m d'envergure). Le 19 janvier 2021, le record est de nouveau battu avec 882 km/h par son détenteur Spencer Lisenby avec de nouveau le planeur DSKinetic Transonic DP[6], assisté par Bruce Tebo pour la mesure de vitesse au canon radar.

Une rÚgle empirique dit que la vitesse maximale que peut atteindre un planeur radiocommandé est égale à 10 fois la vitesse du vent[7].

Références

  1. (en) Lord Rayleight, « The soaring of birds », Nature, vol. 27, no 701,‎ , p. 534-535
  2. (en) Boslough, Mark B.E., « Autonomous Dynamic Soaring Platform for Distributed Mobile Sensor Arrays », Sandia National Laboratories, Albuquerque, New Mexico, (consulté le ), p. 9
  3. (en)Slater A.E., To soar like an albatros, Flight International, (lire en ligne)
  4. (en) Vidéo Youtube
  5. Liste des records
  6. Louis Neveu, « Sans moteur, cet avion radiocommandĂ© frĂŽle les 900 km/h ! », Futura sciences,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  7. (en) Philip Richardson, « Upwind dynamic soaring of albatrosses and UAVs », Progress in Oceanography, Elsevier, vol. 130,‎ (DOI 10.1016/j.pocean.2014.11.002)

Liens externes

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