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Victor Khrapounov

Victor Khrapounov est l'ancien maire d’Almaty, accusĂ© de plusieurs abus administratifs, il a ensuite rĂ©sidĂ© Ă  GenĂšve, en Suisse.

Victor Khrapounov
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Fonctions
Minister of Emergency Situations
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Shalbay Kulmakhanov (en)
Vladimir Bozhko (en)
Mayor of Almaty (en)
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Shalbay Kulmakhanov (en)
Minister of Energy
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Autres informations
Distinctions
Ordre de la Noblesse (en)
Ordre de NazarbaĂŻev (en)

Vie, carriĂšre

Victor Khrapounov naĂźt le dans le village de PriĂ«dgornoĂŻĂ© dans le nord-est de la RĂ©publique soviĂ©tique socialiste du Kazakhstan, dans une rĂ©gion pourtant dominĂ©e par l’ethnie russe, dans une famille de fonctionnaires. Son pĂšre avait Ă©tĂ© griĂšvement blessĂ© au champ de bataille pendant la Seconde Guerre mondiale ce qui l'a rendu invalide pour le reste de sa vie. Quant Ă  son fils, il termine ses Ă©tudes au sein du collĂšge d’industrie et de technologie Ă  Oust-KamĂ©nogorsk, centre administratif et ville principale de la province. AprĂšs avoir obtenu son diplĂŽme, il dĂ©mĂ©nage Ă  Almaty, oĂč il travaille comme mĂ©canicien dans la centrale d’électricitĂ© thermique pendant la journĂ©e en continuant ses Ă©tudes Ă  l’AcadĂ©mie de technologie Ă©lectrique pendant la soirĂ©e[1].

A cette Ă©poque, l’éducation acadĂ©mique devait ĂȘtre accompagnĂ©e par l’entrĂ©e dans le milieu de la jeunesse dorĂ©e communiste, formalisĂ©e par l'adhĂ©sion au mouvement du Komsomol, afin de s’assurer d’une carriĂšre professionnelle et une position dans l’établissement public - voire le Parti communiste. Ainsi, pendant sa longue double carriĂšre, M. Khrapounov est devenu prĂ©sident du ComitĂ© du Parti dans le quartier de LĂ©nine dans la capitale, puis vice-prĂ©sident du Conseil municipal, puis prĂ©sident du ComitĂ© exĂ©cutif du Conseil. Suivant l’indĂ©pendance, il devint premier maire-dĂ©putĂ©, poste qu’il occupa entre 1991 et 1995, avant d’ĂȘtre nommĂ© ministre de l'’énergie et du charbon et aprĂšs une rĂ©organisation administrative ministre de l’énergie et des ressources naturelles. Vers la fin de 1997, Ă  la suite d'une crise Ă©conomique ayant menĂ© le Kazakhstan au bord de l’abĂźme, il reçut la position de maire d’Almaty[2] - [3].

En 2004, il quitta la mairie d’Almaty pour devenir gouverneur de la Province orientale du Kazakhstan. En 2007, il rentra au sein du cabinet comme ministre de mesures d’urgence. Avant la fin de l’annĂ©e, il abandonna pourtant toutes ses fonctions publiques et prit retraite[3].

EnquĂȘtes, accusations, inculpations

En , la police judiciaire du Kazakhstan annonça l’ouverture d’une enquĂȘte fiscale, suivie par une enquĂȘte criminelle au cours de l’étĂ©, contre Victor Khrapounov et nombre de ses anciens associĂ©s, pour dĂ©tournement de fonds publics, abus de biens sociaux, abus de fonctions publiques, faux en Ă©criture et une douzaine d’infractions associĂ©es. Plus tard, le parquet annonça des inculpations correspondantes, suivies par un mandat d’arrĂȘt via Interpol en .

Selon des enquĂȘtes menĂ©es d’abord par des journalistes, puis par la police et le parquet, M. Khrapounov a fondĂ© une sociĂ©tĂ© privĂ©e, VILED International Unlimited, afin de ramasser des actifs acquis sous des licences Ă©tablies par lui-mĂȘme. Au cours de 2002, le maire dynamique a transfĂ©rĂ© Ă  l’entreprise tous les titres lui appartenant au nom de sa jeune femme LeĂŻla. Plus de 12 propriĂ©tĂ©s de grande envergure dans le quartier d’affaires huppĂ© au sud du centre-ville d’Almaty et plusieurs autres sur la colline de la montagne plus loin ont Ă©tĂ© identifiĂ©es comme ayant Ă©tĂ© dĂ©tournĂ©es de cette façon[4].

Par exemple, deux zones protĂ©gĂ©es connues sous le nom de Wood Fairy Tale et Oak Grove furent rachetĂ©es par une compagnie contrĂŽlĂ©e par VILED, Gulmira Ltd, sous la direction d’un associĂ© des Khrapounov appelĂ© ChĂ©libĂ©ĂŻev, et pour une somme dĂ©risoire d’une douzaine de milliers d’euros pour le tout. Une autre compagnie impliquĂ©e dans ce type de transactions Ă©tait Phoenix Unlimited, sous la direction d’un autre complice du maire, un certain G. Moukachev. Tout sur ces terrains, une fois rachetĂ©s, fut rasĂ© sans merci : des arbres (y compris des vieux pommiers trĂšs prĂ©cieux), des jardins d’enfants, des maisons de retraite - sans la moindre compensation pour les victimes. Des palaces kitsch et des complexes de luxe furent construits sur les sites puis furent revendus - Ă©videmment trĂšs cher - aux nouveaux riches.

Dans sa position, Victor Khrapounov Ă©tait pourtant obligĂ© de prĂ©server la paix avec ses concurrents. Ceux-ci Ă©taient nombreux et puissants. Parmi eux, une entreprise contrĂŽlĂ©e par un groupe d’investisseurs dont la plupart Ă©taient d’appartenance ethnique corĂ©enne nommĂ© KUAT Holding Ă©tait le numĂ©ro un en termes de capital - et de poids. Établis en 1992 avec le but de s’emparer d’actifs vendus par l’État, ces seigneurs s’aventurĂšrent dans l’immobilier Ă  partir de 2002 avec la compagnie subsidiaire KUAT Corporation[5].

À l'Ă©cart de ces affaires, les procureurs du Kazakhstan affirmĂšrent qu’ils avaient retrouvĂ© le nom de Victor Khrapounov et de ses associĂ©s dans les dossiers concernant le scandale autour du nouveau terminal de l’aĂ©roport international d’Almaty. En 1996, au lendemain de l’implosion de la caisse publique, le porte-drapeau du Kazakhstan, crĂ©Ă© en 1992, fut transformĂ© en entreprise privĂ©e, bien que l’État en restait pour le moment le propriĂ©taire unique. Vers 2000, Air Kazakhstan fit faillite. De façon similaire, l’aĂ©roport d’Almaty fut transformĂ© en entreprise de «joint-stock» - Almaty Airport. En 1997, Viktor Khrapounov fit son entrĂ©e Ă  l’HĂŽtel de Ville de la mĂ©tropole. En , il transfĂ©ra la majoritĂ© des actions d’Almaty Airport Ă  une nouvelle entreprise ouverte, Almaty Airport International - pour des raisons non dĂ©voilĂ©es. Trois mois aprĂšs, le bĂątiment principal fut ravagĂ© par un incendie dont la cause n’a jamais Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ©e. En , tandis que les travaux d’un nouvel Ă©difice central tardaient et les factures s’accumulaient, 66 pour cent d’AAI furent transfĂ©rĂ©s Ă  une autre nouvelle entreprise, International Airport.

Quant Ă  la reconstruction, elle fut terminĂ©e vers la fin 2004, avec deux ans de retard. Un autre aspect suspect Ă©tait que ProyektstalkonstruktsyiĂ©, le contractant principal des travaux du nouvel aĂ©roport, a prĂ©sentĂ© une facture finale de 52 millions de dollars, au lieu des 21 millions prĂ©vus par le contrat. On soupçonna plus tard qu’une partie de la diffĂ©rence avait atterri dans le compte (suisse?) de la famille Khrapounov. Selon ce que des instructeurs judiciaires du Kazakhstan ont conclu sept ans plus tard, ProyektstalkonstruktsyĂ© Ă©tait la propriĂ©tĂ© nominale d’un certain AbaĂŻ Karimsakov Ă  travers son entreprise Kazan To. Sa sƓur TyĂ©ka Karimsakova Ă©tait une haute fonctionnaire dans l’administration municipale. Mais en vĂ©ritĂ©, Kazan To Ă©tait sous le contrĂŽle d’une compagnie appelĂ©e Phoenix, propriĂ©tĂ© de la famille Khrapounov[5].

Arrivée en Suisse

Selon les dossiers jusqu’à prĂ©sent dĂ©voilĂ©s par les autoritĂ©s kazakhes, VILED a Ă©tĂ© vendu, peu aprĂšs que Viktor Khrapounov a quittĂ© l’HĂŽtel de Ville d’Almaty, Ă  une entreprise appelĂ©e System Oil LLS, soupçonnĂ©e d’avoir Ă©tĂ© sous contrĂŽle direct ou indirect des Khrapounov. Puis, la moitiĂ© des actions d'une autre firme-Ă©cran du couple, Ayt Housing Complex LLP, subsidiaire du Swiss Phoenix Holding, l’entreprise transnationale des Khrapounov utilisĂ©e comme plaque tournante afin de mettre les revenus des ventes illĂ©gales Ă  l’abri, a Ă©tĂ© vendue Ă  une firme locale dont l’identitĂ© n’a pas Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©e. Les revenus encaissĂ©es pour les transactions sont estimĂ©s Ă  prĂšs de 9 millions de dollars (EU). D'autres opĂ©rations ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es, ainsi, le rachat d’une troisiĂšme firme sous contrĂŽle des Khrapounov, Building Service Company LLP, aurait apportĂ© dans l’ordre de 18 millions de dollars[6].

Ainsi, toujours selon les enquĂȘtes, la somme de 42 millions de dollars a Ă©tĂ© accumulĂ©e sur une compte bancaire au nom de Mme LeĂŻla Khrapounova au sein de la banque kazakhe Eurasia Bank, puis transmise Ă  des comptes au sein de nombreuses banques europĂ©ennes accessibles en Suisse. De plus, parmi les revenus gĂ©nĂ©rĂ©s par des autres transactions, on trouve $7.5 millions rĂ©cupĂ©rĂ©es par le rachat d’une autre compagnie appartenant aux Khrapounov, Asia Holding Development LLP, par une entreprise qui s’appelle Elias Import Export LLP. Les actifs impliquĂ©s comprennent trois sites de construction de haute gamme Ă  Almaty d’une valeur nette d’au moins $100 millions au total[7].

En , un Tupolev 154 transportant le couple Khrapounov, dont les enfants Ă©taient d’ores et dĂ©jĂ  sur place, ainsi que 154 tonnes de « bagage » incluant de la joaillerie, de l’or, des pierres prĂ©cieuses, des meubles, des Ɠuvres d’art antiques et d’autres « biens personnels Â», atterrissait Ă  l’aĂ©roport de GenĂšve. Depuis lors, toute la famille est restĂ©e en Suisse. Sa fortune a Ă©tĂ© estimĂ©e de l’ordre de 300 Ă  400 millions de francs suisses par Bilan.

Dans un entretien oĂč il « tord le cou aux rumeurs Â», Khrapounov-pĂšre expliquait tout sans pourtant rien prĂ©ciser : « Pour acheter la maison, notre fille - citoyenne suisse, mariĂ©e et mĂšre de deux enfants - a dĂ» contracter une hypothĂšque. Nous avions envisagĂ© d’y vivre tous ensemble, avec nos trois enfants et leurs familles respectives, mais la situation a changĂ©. Quant Ă  l’avion que nous avons affrĂ©tĂ©, c’était un vol charter de la compagnie d’aviation kazakhe et c’était la maniĂšre la plus Ă©conomique de transporter nos affaires, y compris nos archives, jusqu’en Suisse. Le montant de notre fortune est bien exagĂ©rĂ© par le magazine Bilan, qui a dĂ» baser son calcul sur tous les bĂ©nĂ©fices hypothĂ©tiques de toute la famille Ă  l’avenir Â»[8].

Notes et références

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