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Victor Frerejean

Victor-AimĂ© Frerejean (nĂ© le Ă  Saint-Cyr-au-Mont-d'Or et mort le Ă  Lyon) est un maĂ®tre de forges français, membre de la famille Frerejean.

En 1847, Victor-AimĂ© Frerejean est le Lyonnais le plus imposĂ© (6 301 F) et celui dont la patente est la plus forte (22 214 F). Il est alors le seul reprĂ©sentant d'une troisième gĂ©nĂ©ration de mĂ©tallurgistes, hĂ©ritier de son père et de son grand-père.

La tradition métallurgiste

Antoine Frerejean (1737-1789), négociant et importateur de cuivre, fonde l'entreprise quand il achète, en 1774, près de Vienne, une fonderie de ce métal. Ses deux fils lui succèdent : Georges (né le ) et Louis (né le ) épousent les deux sœurs, Jeanne et Aimée Grangé.

Louis Frerejean, acquĂ©reur du site de Terrenoire (Saint-Jean-Bonnefonds, près de Saint-Étienne) en 1819, est le vĂ©ritable fondateur de la première sociĂ©tĂ© lyonnaise (en 1821) : la SA des fonderies et forges de la Loire et de l'Isère, au capital de 1,2 million, dont l'ampleur lui fait finalement perdre le contrĂ´le et la direction de l'entreprise. Il se consacre dĂ©sormais de son entreprise savoyarde (Mines et hauts-fourneaux de Cran), reprise, après son dĂ©cès en 1832, par ses fils Louis (nĂ© le ) et BenoĂ®t (nĂ© le 3 brumaire XI) qui en vendent la moitiĂ© Ă  Tardy frères en [1].

Georges Frerejean, pour sa part, garde la propriĂ©tĂ© et la direction de l'usine de cuivre de Pont-EvĂŞque. Il a quatre enfants, dont deux filles : AimĂ©e-Louise (1788-1827) mariĂ©e Ă  Jules Boissat, Françoise (1796-1853), Ă©pouse d'AndrĂ© Lorrin[2] (1779-1847), magistrat, conseiller gĂ©nĂ©ral et dĂ©putĂ© de l'Ain (dĂ©cĂ©dĂ© Ă  JuliĂ©nas en ). La succession industrielle paraĂ®t assurĂ©e par le fils aĂ®nĂ©, Georges-Louis, polytechnicien, mais qui meurt accidentellement au cours d'une expĂ©rience en 1822. Georges reprend donc la direction de l'entreprise jusqu'en , date Ă  laquelle il s'associe son fils cadet Victor-AimĂ©, qui en hĂ©rite Ă  son dĂ©cès (arrivĂ© Ă  Vienne, le ). Sur une succession nette de 1 243 047 F, ce dernier rĂ©cupère un ensemble de biens (les Ă©tablissements de Pont-ÉvĂŞque, les maisons de Lyon et de Saint-Cyr au Mont-d'Or avec leur mobilier) d'une valeur de 849 201 F, en versant Ă  sa sĹ“ur Françoise une soulte de 373 677 F - la fille unique de Madame Boissat prĂ©-dĂ©cĂ©dĂ©e recevant pour sa part par le testament olographe de Georges un domaine rural dans l'Ain et 16 000 F payable en espèces un an après son dĂ©cès. Sa succession comprend notamment les Ă©tablissements industriels de Pont-ÉvĂŞque et d'Estrablin, estimĂ©s Ă  500 000 F, un compte courant de 601 671 F et une maison de campagne Ă  Saint Cyr au Mont-d'Or (180 000 F). Dans sa maison de la place Le Viste, près de la place Bellecour, Ă  Lyon, il possède une collection de tableaux et de dessins (estimĂ©e Ă  8 623 F) et dans celle de Vienne un cabinet de minĂ©ralogie (1 180 F).

HĂ©ritier d'une entreprise importante, Victor-AimĂ© trouve aussi dans la parentèle une Ă©pouse, en la personne de sa cousine germaine Louise Madeleine Roux, petite-fille de Louis Frerejean (dot : un quart indivis d'un immeuble Ă  Limonest, hĂ©ritĂ© de sa grand-mère paternelle, une maison Ă  Lyon hĂ©ritĂ©e de son grand-père maternel, 22 552 F en espèces et un trousseau de 6 000 F). Le mariage a lieu, le , Ă  Saint-Didier-au-Mont-d'Or, oĂą la belle-famille possède une maison de campagne.

De l'industrie Ă  la rente

Victor-AimĂ© Frerejean assure la reconversion et le dĂ©veloppement de l'usine de Pont-ÉvĂŞque[3] : il perçoit la relève technique du cuivre par le fer, fiscalement exprimĂ©, en , par l'abaissement (Ă  50 F par tonne) des droits de douane sur le cuivre. Ă€ partir de 1840, l'orientation sidĂ©rurgique de Pont-ÉvĂŞque se prĂ©cise : dans les annĂ©es qui suivent, l'industriel obtient une sĂ©rie de concessions de petites mines de fer ne fournissant d'ailleurs qu'un minerai assez pauvre (25 Ă  30 %) et il peut ainsi Ă©riger deux hauts fourneaux et les alimenter. HĂ©ritier d'une solide tradition mĂ©tallurgique, il introduit quelques innovations intĂ©ressantes, comme l'accĂ©lĂ©ration de la fabrication du fer par le versement direct de la fonte chaude dans le four Ă  puddler, lui-mĂŞme rĂ©chauffĂ© par la rĂ©cupĂ©ration des gaz du haut fourneau[4]. Au milieu du siècle, le travail du cuivre est complètement abandonnĂ©. ConsĂ©quence de la conjoncture des annĂ©es 1850 et conformĂ©ment Ă  l'Ă©volution de nombreuses entreprises, Victor-AimĂ© Ă©largit les disponibilitĂ©s en capital de l'entreprise en la transformant en commandite par actions au capital de 3 500 000 F, et reçoit 4 000 actions de 500 F en rĂ©tribution de ses apports des fonderies et forges de Pont-ÉvĂŞque, hauts fourneaux, ateliers, prise d'eau et « procĂ©dĂ©s dont il est l'inventeur pour les prises de gaz » (). Le complĂ©ment du capital, soit 3 000 actions, est fourni par un groupe de banquiers lyonnais : Morin-Pons, Galline, CĂ´te, BalaĂż. Sous la raison Compagnie des fonderies et forges de Pont-ÉvĂŞque, la sociĂ©tĂ© est dĂ©sormais dirigĂ©e par un directeur salariĂ©, Henri La Selve, ancien maĂ®tre de forges stĂ©phanois, puis Ă  partir du par Odon Harel, prĂ©cĂ©demment maĂ®tre de forges Ă  Izieux (Loire). Changement significatif qui traduit l'effacement de l'hĂ©ritier, Victor-AimĂ© siĂ©geant dĂ©sormais au conseil d'administration en tant que propriĂ©taire-rentier[5].

Son rôle de notable est plus modeste : on peut signaler néanmoins son action en tant que président de la chambre de commerce de Lyon ainsi que son passage au conseil municipal de Lyon de 1835 à 1848 et sa présence au conseil d'administration de l'École technique de La Martinière. Victor-Aimé est également nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1838.

Après le décès de son épouse, en 1875, il quitte Lyon, achète le château de Montrottier[6], à Lovagny près d'Annecy (plus 74 ha de terres autour), et y réside désormais, sans abandonner ses pèlerinages annuels à Rome commencés avant 1870 ; il est titulaire de l'Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand et chevalier du Saint-Sépulcre, son fils Jules-Louis-Georges s'engage dans les zouaves pontificaux, son neveu, Francisque, est le représentant du « comte de Chambord » en Savoie.

Victor-AimĂ© dĂ©cède nĂ©anmoins Ă  son domicile lyonnais de la place Le Viste, le , laissant une fortune encore apprĂ©ciable de 1 104 878 F : 500 985 F de valeurs mobilières, dont 293 173 F en compte courant Ă  la Lyonnaise de DĂ©pĂ´ts et 35 985 F pour 1 489 actions des Forges et fonderies de Pont-ÉvĂŞque et Givors ; les valeurs immobilières de l'immeuble de la place Le Viste Ă  Lyon sont estimĂ©s Ă  497 226 F, et celles de Lovagny et Chavanoz, en Haute-Savoie, Ă  206 687 F). Elle rĂ©sulte partiellement de l'hĂ©ritage de sa sĹ“ur, disparue sans hĂ©ritier le , et permet Ă  son fils Georges, qui ne porte aucun intĂ©rĂŞt Ă  l'industrie, de mener une vie mondaine.

L'établissement de Pont-Évêque lui survit peu de temps. Après la fermeture des hauts fourneaux et une tentative de spécialisation dans la métallurgie de transformation, il décline peu à peu, jusqu'à sa liquidation, le .

Notes et références

  1. Alain Frerejean et Emmanuel Haymann, Les Maîtres de forges. La saga d'une dynastie lyonnaise 1736-1886, Lyon, Albin Michel, , 363 p. (ISBN 978-2-226-08478-1)
  2. « Assemblée Nationale, base de données des députés français depuis 1789 »
  3. Pierre Cayez et Serge Chassagne, Les patrons du Second Empire : Lyon et le Lyonnais, Paris/Le Mans, Éditions Cenomane, , 287 p. (ISBN 978-2-916329-06-2)
  4. Pierre Cayez, MĂ©tiers jacquard et hauts fourneaux : Aux origines de l'industrie lyonnaise, Lyon, Presses universitaires de Lyon, , 476 p. (ISBN 2-7297-0036-6)
  5. Catherine Pellissier et Bernadette Angleraud, Les dynasties lyonnaises des Morins-Pons aux Mérieux : Du 19e siècle à nos jours, Lyon, Perrin, , 830 p. (ISBN 978-2-262-01196-3)
  6. « Château de Montrottier »

Voir aussi

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