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Vertiges (film, 1975)

Vertiges (Per le antiche scale) est un film franco-italien réalisé par Mauro Bolognini, tourné en 1974 et sorti en 1975. Il s'inspire du roman éponyme en italien, de l'écrivain et psychiatre Mario Tobino.

Vertiges

Titre original Per le antiche scale
RĂ©alisation Mauro Bolognini
Scénario Mario Tobino (roman)
Musique Ennio Morricone
Acteurs principaux
Pays de production Drapeau de l'Italie Italie
Drapeau de la France France
Genre Drame
DurĂ©e 115 minutes (Italie)
97 minutes (France)
Sortie 1975

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

En Italie, dans les années 1930, le professeur Bonaccorsi, psychiatre réputé, mène des recherches sur la folie, dans l'asile où il travaille comme médecin, en Toscane. Il a trois maîtresses, Bianca (son assistante), Carla (épouse d'un collègue) et Francesca (épouse du directeur de l'asile). Une nouvelle venue, le docteur Anna Bersani, est là pour une période de stage ; très vite, elle s'oppose aux théories de Bonaccorsi...

Fiche technique

Distribution

Ă€ noter

  • SituĂ© historiquement autour des annĂ©es 1930, Ă  l'Ă©poque du Fascisme, Per le antiche scale (Vertiges) a pour cadre la vie dans un asile psychiatrique de province, plus prĂ©cisĂ©ment Ă  Lucques, en Toscane.
  • C'est ici qu'exerça le cĂ©lèbre mĂ©decin-psychiatre Mario Tobino, devenu Ă©crivain et auteur du roman homonyme prĂ©citĂ©. Le film nous laisse peu voir la ville et les paysages environnants. L'action se dĂ©roule essentiellement Ă  l'intĂ©rieur de l'hĂ´pital et de ses parties privatives, ce qui accroĂ®t l'impression d'enfermement absolu et contribue Ă  estomper de façon significative les frontières habituelles entre folie et normalitĂ©.
  • Au moment oĂą le film est tournĂ©, l'Italie est devenue le champ d'exploration de nouvelles thĂ©rapies psychiatriques, Ă  l'initiative de Franco Basaglia dans son ouvrage La Psychiatrie hors les murs (1968), et dont le cinĂ©ma s'en fera l'Ă©cho grâce Ă  Matti da slegare, documentaire collectif dirigĂ© par Marco Bellocchio.
  • Le film de Bolognini rend aussi discrètement hommage Ă  la figure alors dĂ©criĂ©e de Mario Tobino, adversaire rĂ©solu des dispositions de la fameuse loi 180, dite loi Basaglia, dont la mise en Ĺ“uvre entraĂ®nera la fermeture des asiles psychiatriques en Italie. Mario Tobino Ă©crit alors : « Et voilĂ  qu'arrivent les temps du mot d'ordre : supprimons les hĂ´pitaux psychiatriques. [...] Je crois sincèrement que la folie existe, quand mes adversaires sont convaincus que lorsqu'on aura fermĂ© l'hĂ´pital psychiatrique, vont se dissiper la noire mĂ©lancolie, l'architecture de la paranoĂŻa, les chaĂ®nes des obsessions. [...] Le plus dĂ©solant, le plus affligeant, c'est que beaucoup voient encore les asiles comme des prisons, alors qu'ils ont changĂ©. Je ne peux pas l'assurer pour tous en Italie, mais celui de Lucques, par exemple, oĂą j'exerce modestement, me paraĂ®t libre et humain, les internĂ©s y sont traitĂ©s avec toute l'affection requise. [...] Je dis les choses comme je les pense : Douloureuse folie, j'ai entendu ton cri implacable des annĂ©es durant, que de douleur entre tes murs. Ă€ prĂ©sent, les psycholeptiques t'ont mis un masque, mais j'entrevois, moi, ton rictus, je connais ta puissance, et je crois que, pour se protĂ©ger de toi, il faut vraiment un endroit appropriĂ© [...] oĂą l'on ait conscience de tes griffes. »[1]
  • Concernant le choix de Marcello Mastroianni, comme interprète du professeur Bonaccorsi, Bolognini rĂ©cuse le fait qu'il ait Ă©tĂ© choisi par pur rĂ©alisme commercial. « C'est selon moi un choix exact. [...] Ce n'est pas Max von Sydow. Il est certain que pour un public international, l'acteur suĂ©dois serait très bien : le mĂ©decin aux yeux d'acier [...]. Toutefois, Ă  Lucques, ce mĂ©decin qui vit lĂ , ce mĂ©decin que dĂ©crit Tobino dans son roman, c'est quelqu'un comme Mastroianni. Je crois que Mastroianni avait très bien compris cette provincialitĂ©, cette mesquinerie du personnage, avec son dĂ©sordre. Le protagoniste me plaisait ainsi, avec sa folie plus toscane, avec ses liens, avec une certaine vĂ©racitĂ© des lieux et de l'Ă©poque », affirme-t-il[2].
  • Il s'agit du quatrième et dernier rĂ´le au cinĂ©ma de Pierre Blaise, dĂ©cĂ©dĂ© Ă  vingt ans dans un accident de voiture.

Citations du réalisateur

  • « Ă€ cette Ă©poque, il fallait peut-ĂŞtre affronter avant tout le problème de l'hĂ´pital psychiatrique ; moi, au contraire, j'Ă©tais surtout intĂ©ressĂ© par le mystère de la folie : pourquoi devient-on fou ? [...] Souvent, dans la plupart des cas, nous disons que la folie a des origines sociales. [...] cependant le problème de la folie serait rĂ©solu si son origine Ă©tait uniquement de cette nature. [...] j'ai participĂ© Ă  un dĂ©bat tragique Ă  s'enfuir dans lequel on ne parlait qu'en termes politiques : « La folie est quelque chose de simple, on abat les murs, on rĂ©sout les problèmes familiaux et le problème de la folie est rĂ©solu. » Ce n'est pas juste [...] Il existe des cas dans lesquels perdure un vĂ©ritable mystère, et c'est cela qui m'a intĂ©ressĂ©. Je n'ai pas vu le film de Bellocchio, Matti da slegare. [...] Cependant, je sais ce dont il s'agit, je sais que c'est un beau film, poĂ©tique, tournĂ© avec les fous dans un asile. [...] Par contre, moi, [...] je me livrais Ă  une autre opĂ©ration [...] ; je racontais une histoire un peu romancĂ©e, en costumes des annĂ©es trente, davantage sur la folie, sur certains personnages, que sur l'asile : ce choix dĂ©plaçait un peu l'axe du film »[2].
  • « Je crois que l'on peut tout recrĂ©er Ă  l'exception de la folie. L'acteur ne peut rendre cela, il doit toujours faire la folie de manière trop visible, inventĂ©e, composĂ©e. LĂ , rĂ©sidaient les limites Ă  l'intĂ©rieur desquelles je devais faire mon film »[2].

Notes et références

  1. M. Tobino : Les derniers jours de Magliano, 1982, Mondadori, traduction française : P. Vighetti pour La fosse aux ours, Lyon, 2006.
  2. Entretien avec Jean A. Gili in Le cinéma italien, 10/18, UGE, Paris, 1978

Liens externes

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