Vathek
Vathek est un roman gothique de William Beckford, à thème orientaliste, écrit en langue française et publié en 1782.
Vathek | |
Couverture de l’édition princeps | |
Auteur | William Beckford |
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Pays | Angleterre |
Genre | Conte |
Version originale | |
Langue | Français |
Version française | |
Éditeur | Isaac Hignou |
Lieu de parution | Lausanne |
Date de parution | 1786 |
Vathek a été publié dans sa langue originelle chez Isaac Hignou à Lausanne en décembre 1786, alors qu'avait paru quelques mois auparavant à Londres une traduction anglaise, contre la volonté expresse de Beckford, due à un de ses " amis" Samuel Henley (en). Beckford a déclaré avoir produit cette œuvre de jeunesse emblématique du roman gothique, qui a compté Byron parmi ses plus fervents admirateurs, en trois jours et deux nuits d’affilée, fin 1781, après quelques jours d’orgie, sans même avoir pris la peine de se déshabiller et qu’il était tombé malade à son achèvement. Cela est évidemment une affirmation purement romantique. La rédaction prit au minimum plusieurs mois, comme le montrent des lettres de Beckford de la fin 1782[1]. Beckford hésitait à publier le texte, corrigeait, raturait. Il avait accompagné Vathek de récits complémentaires, les "épisodes", racontés dans l'enfer d'Eblis par divers protagonistes attendant la damnation finale. Ces "épisodes" sont de plus en plus sombres au fur et à mesure du récit. Il envisageait de publier Vathek et ses épisodes, qui seuls donnent au récit son ampleur véritable, presque cosmique, lorsque la trahison d'Hentley le désarçonna. Il fit alors publier à Lausanne l'édition princeps en français mais ignorait à cette date que le "traître" était son "ami" Hentley, puisque l'édition de Londres était parue sans nom d'auteur ni d'éditeur. Quand il l'apprit, il fit préparer par son ami le docteur Verdeil et l'écrivain français Louis-Sébastien Mercier une version "améliorée", éliminant nombre d'anglicismes, qui parut à Paris, chez Poinçot, fin 1787. Les "épisodes" ne furent portés à la connaissance du public, dans une version bilingue publiée à Londres, avec une traduction en anglais, qu'en 1912.
Vathek, bien qu'on en ait connu longtemps qu'une version tronquée, a suscité d’innombrables admirateurs, notamment Lord Byron, Edgar Poe, Hawthorne, Flaubert, Lovecraft, Mallarmé, Borges, Paul Morand ou encore certains surréalistes.
Thème
Le conte prend pour personnage principal, sans respecter aucune vérité historique, le calife Al-Wathiq, neuvième calife abbasside (842-847), fils d'Al Mutassim qui avait transféré la capitale de Bagdad à Samara pour bénéficier de la protection rapprochée de ses mercenaires turcs, détestés de la population arabe. Vathek est la chronique de la chute d’un calife qui abjure l’islam pour s’engager, avec sa concubine Nouronihar, dans une suite d’activités licencieuses et déplorables destinées à lui faire acquérir des pouvoirs surnaturels. Au lieu d’accéder à ces pouvoirs, Vathek descend, à la fin du récit, dans l’enfer gouverné par Eblis, roi des démons, où il est condamné à errer sans fin et sans voix. Vathek ressemble à un conte des Mille et Une Nuits revu par le marquis de Sade, ou, à tout le moins, par le roman noir anglais, de Matthew "Monk" Lewis à Mary Shelley. La noirceur du récit est encore accentuée par les "épisodes". Il est un peu dommage que certaines éditions récentes les séparent encore de Vathek. Seuls, ils donnent au conte initial, méchant, sombre, grinçant, tirant parfois vers l'humour noir, une dimension métaphysique, presque cosmique.
Beckford était un bon connaisseur de la littérature arabe. On lui doit des contes "à la manière des Mille et Une Nuits", beaucoup moins noirs que Vathek, même s'ils sont assez éloignés des contes de madame d'Aulnoy, avec, souvent, une fin (plus ou moins) heureuse, comme dans les Mille et Une Nuits. Écrits, eux aussi, entièrement en français, ils sont restés très longtemps inédits ; ils ont été publiés par José Corti en 1992 sous le titre, Suite de contes arabes. D'autres textes attendent encore leur publication.
Édition en ligne
- Vathek, Lausanne, 1787 (postdatée), sur Gallica
- The History of the Caliph Vathek, London, 1887, Ă©d. anglais sur Project Gutenberg
- Préface à Vathek : réimprimé sur l’original français, Éd. Stéphane Mallarmé, Paris, l’auteur, 1876, sur Gallica
Édition moderne
- Vathek ePub gratuit. Comprend l'édition originale en français avec la traduction en anglais et en italien, Milano, Liberi Pomi, 2014 - (ISBN 9788890904226)
- Vathek et ses épisodes, Préface et édition critique - Didier Girard, Paris, J. Corti, 2003 (ISBN 978-2714308078)
- Vathek : conte arabe, Préf. Stéphane Mallarmé, Paris, J. Corti, 1992 (ISBN 9782714300690)
Adaptation
- Patrick Mallet, bédéiste suisse, adapte le roman avec sa bande dessinée Vathek, Glénat coll Carrément BD, 2006[2],
Annexes
Ouvrages
- Claude Filteau, Le Statut narratif de la transgression : essais sur Hamilton et Beckford, Sherbrooke, Naaman, 1981 (ISBN 9782890401723).
- (it) Giovanna Franci, La Messa in scena del terrore: Il romanzo gotico inglese (Walpole, Beckford, Lewis), Ravenna, Longo, 1982.
- Didier Girard, William Beckford : Terroriste au Palais de la Raison, Paris, José Corti, 1993.
- (en) D. Girard & S. Jung (eds.), Inscribing Dreams: William Beckford as a Writer Gent – UG Press, 2012.
- (en) Kenneth W. Graham, Vathek and the Escape from Time: Bicentenary Revaluations, New York, AMS, 1990.
- Marcel May, La Jeunesse de William et la genèse de son “Vathek”, Paris, Presses universitaires de France,1928.
- André Parreaux, William Beckford, auteur de Vathek (1760-1844) : étude de la création littéraire, Paris, A. G. Nizet, 1960.
Articles
- Carmen Alamoudi, « Un Sourire déchiré : L’Ironie dans le Vathek de Beckford », Eighteenth-Century Fiction, Apr 1996, 8 (3), p. 401-14.
- Carmen Fernandez Alamoudi, « Vathek : le choix d’une écriture cursive et piquante », Eighteenth-Century Fiction, Oct 2002, 15 (1), p. 1-17.
- Pierre Arnaud, « Le Concert champêtre dans The Vicar of Wakefield et le déjeuner sur l’herbe dans Vathek », Le Passé présent : Études sur la culture britannique pré-industrielle : Mélanges en l’honneur d’André Parreaux Paris, Inst. d’Anglais, 1988, p. 41-56.
- Michel Baridon, « La Modernité de Beckford », dans Le Passé présent : Études sur la culture britannique pré-industrielle: Mélanges en l’honneur d’André Parreaux Paris, Inst. d’Anglais ; 1988, p. 19-40.
- Jean Bruneau, « Madame de Genlis, William Beckford et Vathek », Nineteenth-Century French Studies, 1976-1977, 5, p. 34-38.
- Laurent Châtel, « Les Sources des contes orientaux de William Beckford (Vathek et la Suite des contes arabes) », Épistémé (2005) lire en ligne
- Umberto Eco, « Vathek », dans De Superman au Surhomme, trad. par Myriem Bouzaher, Grasset, coll. Le Livre de Poche, 1993, p. 89-92.
- Jean Lacroix, « William Beckford voyageur-voyeur: La Réalité et son 'double' », dans Il senso del nonsenso, Éd. Monique Streiff Moretti, Mireille Revol Cappelletti, Odile Martinez, Naples, Edizioni Scientifiche Italiane, 1994, p. 73-92.
- Colette Le Yaouanc, « Le Thème sexuel dans Vathek », Linguistique, civilisation, littérature, Préf. André Bordeaux, Paris, Didier, 1980 p. 257-264.
- Mireille Magnier, « Vathek hommage à Voltaire ou avatar de Faust ? », Mythes, Croyances et Religions Interdisciplinary, 1986; 4, p. 98-108.
- Francois J. Mouret, « Le Vathek de William Beckford et le 'Voyage d’Urien' d’Andre Gide », Modern Language Review, 1969, 64, p. 774-776.
- Marie-Cécile Revauger, « L’Unique et le multiple dans le Vathek de William Beckford : Folie du mimétisme », Société d’Études Anglo-Américaines des XVIIe et XVIIIe siècles; Folie, folies, folly dans le monde anglo-américain aux XVIIe et XVIIIe siècles, Aix-en-Provence, PU de Provence, 1984, p. 71-80.
- Luc Ruiz, « L’Orient comme territoire intérieur : William Beckford et le conte oriental », Féeries: Études sur le Conte Merveilleux, XVIIe – XIXe siècle, 2004-2005; 2, p. 175-91.
Liens externes
Notes et références
- William Beckford (postface Didier Girard), Vathek et ses épisodes, Paris, José Corti, , 453 p. (ISBN 2-7143-0807-4), p.439
- « Vathek », sur Babelio