Accueil🇫🇷Chercher

Université Trisakti

L’universitĂ© Trisakti (encore appelĂ©e Usakti) est une universitĂ© privĂ©e situĂ©e dans l'Ouest de Jakarta, en IndonĂ©sie. Cette universitĂ© a Ă©tĂ© fondĂ©e le . Dans la seconde moitiĂ© du XXe siècle, l'universitĂ© Ă©difiĂ©e en ce lieu a Ă©tĂ© un endroit emblĂ©matique durant des Ă©pisodes violents de l'histoire politique indonĂ©sienne, notamment en 1965 et en 1998.

Université Trisakti
Histoire
Fondation
29 novembre 1965
Localisation
Pays
Ville
Localisation sur la carte d’Indonésie
voir sur la carte d’Indonésie
Localisation sur la carte de Jakarta
voir sur la carte de Jakarta

Histoire

Émeutes de Jakarta de mai 1998 : affrontements entre les étudiants de l'université Trisakti et la police

En 1958, l'universitĂ© Baperki puis Res Publica est fondĂ©e Ă  Jakarta en 1960, parrainĂ©e par le groupe Baperki (Badan Permusjawaratan Kewarganegaraan IndonĂ©sia), une organisation de citoyens indonĂ©siens regroupant essentiellement des personnes d'origine chinoise. Cette universitĂ© est crĂ©Ă©e en rĂ©ponse Ă  des quotas ethniques sur les inscriptions en universitĂ© dans les annĂ©es 1950. Le nom Res Publica est issu d'un discours prĂ©sidentiel prononcĂ© par le prĂ©sident Soekarno, et signifie « le bien public ». La minoritĂ© chinoise en IndonĂ©sie regroupe environ trois millions de personnes. La moitiĂ© d'entre eux sont des citoyens indonĂ©siens, les autres sont des migrants pouvant Ă©ventuellement avoir encore la citoyennetĂ© de la RĂ©publique populaire de Chine ou de Taiwan (la RĂ©publique nationaliste de Chine). Une partie significative de la classe moyenne en IndonĂ©sie, notamment dans le commerce, et les professions libĂ©rales, est d'origine chinoise. En pĂ©riode de crise (par exemple en 1945, 1948, 1959-1960, et 1963), cette minoritĂ© chinoise, de culture et de religion diffĂ©rentes, est souvent enviĂ©e et attaquĂ©e.

Le , à la suite d'une tentative de coup d’État, dans la nuit même, par un comité militaire s'auto-proclamant révolutionnaire, un autre militaire et futur dictateur, le général Soeharto, réagit, prend la tête des forces armées restées majoritairement loyalistes, reprend le contrôle des quelques bâtiments occupés par ce « Comité révolutionnaire » et s’installe de facto du pouvoir[1]. Le général Soeharto déclenche également une répression féroce contre les communistes indonésiens, leurs alliés gauchistes et la minorité chinoise, qu'il accuse d'aider en sous-main les communistes et dont il fait à nouveau des boucs émissaires. En cette période de guerre froide, ce général Soeharto bénéficie immédiatement du soutien nord-américain. La répression est menée par des milices d'extrême droite aidée de l'armée. Elle va durer deux ans et faire environ un demi-million de morts[1] - [2]. Le campus de Res Publica, considéré comme un lieu emblématique de la partie la plus aisée et la plus enviée de la communauté chinoise, est attaqué dès début octobre par les anti-communistes. Il est incendié par les assaillants[2].

Un nouvel établissement universitaire, Trisakti, est créé sur le site, dès le , avec l'aide du nouveau pouvoir indonésien[3]. C'est un établissement privé, qui se veut prestigieux et qui, du fait des frais de scolarité, est fréquenté par des enfants de familles aisées. Le coût moyen d'une année d'études s'élève à environ huit mois de salaire d'un membre de l'enseignement supérieur public. L'université Trisakti devient l'un des symboles de la réussite économique du nouveau régime[4].

En 1998, pourtant, les étudiants de cette université s'associent à un mouvement de contestation contre le régime de Soeharto. Trois évolutions sont à l'origine de cette contestation dans le pays : une opposition de plus en plus unifiée, une classe moyenne qui ne bénéficie plus des résultats économiques, et la montée en puissance de discours religieux radicaux[5]. Le , des soldats ouvrent le feu sur des élèves de l'université Trisakti. Quatre étudiants, non armés, sont tués et il y a eu plusieurs dizaines de blessés[6][4] - . Ces fusillades provoquent une dramatisation de la situation, une généralisation de l'agitation étudiante dans le pays, et des émeutes, aboutissant à la Révolution indonésienne de 1998. Le président Soeharto est contraint de démissionner.

Un enseignant de l'université, Amien Raïs, se porte candidat à la présidence du pays. Il dispose du soutien de la deuxième organisation musulmane du pays, Muhammadyiah, et de l'appui de nombreux étudiants pour son passé d'opposant, un des plus en vue[7]. Mais finalement, c'est le vice-président, Bacharuddin Jusuf Habibie, qui prend la tête de l’État.

Les enseignements

L'Université comporte initialement cinq universités :

  • FacultĂ© de gĂ©nie avec cinq dĂ©partements (gĂ©nie mĂ©canique, gĂ©nie Ă©lectrique, gĂ©nie civil, architecture et beaux-arts),
  • FacultĂ© de mĂ©decine dentaire,
  • FacultĂ© de mĂ©decine,
  • FacultĂ© des sciences Ă©conomiques (Ă©conomie et comptabilitĂ©),
  • FacultĂ© de Droit.

Elle dispose aujourd'hui de plusieurs campus et comprend neuf facultés :

  • la FacultĂ© de droit,
  • la FacultĂ© des sciences mĂ©dicales,
  • la FacultĂ© de mĂ©decine dentaire,
  • la FacultĂ© d'Ă©conomie,
  • la FacultĂ© de gĂ©nie civil et de la planification,
  • la FacultĂ© de technologie industrielle,
  • la FacultĂ© de technologie minĂ©rale,
  • la FacultĂ© d'architecture de paysage et de l'environnement,

Dès le dĂ©but des annĂ©es 2000, elle compte plus de 30 000 Ă©tudiants[8].

Personnalités parmi les anciens étudiants

Notes et références

Notes

    Références

    1. Philip 2015, Le Monde.
    2. Gerlach 2010, p. 57-60.
    3. Kantadjaja Pulogadung 2012, Suara Pembaca.
    4. Pomonti (2) 1998, Le Monde.
    5. Romain 2003, p. 43-51.
    6. Pomonti 1998, Le Monde.
    7. LM 1998, Le Monde.
    8. JP 2002, The Jakarta Post.

    Voir aussi

    Bibliographie

    • Jean-Claude Pomonti, « Une rĂ©pression sanglante fait vaciller le pouvoir indonĂ©sien », Le Monde,‎ (lire en ligne).
    • Jean-Claude Pomonti (2), « Quand les « enfants de Suharto » exigent son Ă©viction », Le Monde,‎ (lire en ligne).
    • RĂ©daction LM, « Un chef musulman candidat Ă  la succession », Le Monde,‎ (lire en ligne).
    • (en) Staff JP, « Thoby reinstalled as Trisakti rector », The Jakarta Post,‎ (lire en ligne).
    • Bertrand Romain, « Les pemuda en politique. Les rĂ©pertoires d'action des marches protestataires des Ă©tudiants en IndonĂ©sie en 1998 », Le Mouvement Social, no 1,‎ , p. 43-51 (DOI 10.3917/lms.202.0043, lire en ligne).
    • (en) Leo Suryadinata, Ethnic Chinese in Contemporary Indonesia, Institute of Southeast Asian Studies, , 209 p. (lire en ligne), p. 80.
    • (en) Christian Gerlach, Extremely Violent Societies : Mass Violence in the Twentieth-Century World, Cambridge University Press, , 502 p. (lire en ligne), p. 57-61.
    • (id) Buntaran Kantadjaja Pulogadung, « Menanggapi Klarifikasi Yayasan Trisakti », Suara Pembaca,‎ (lire en ligne).
    • Bruno Philip, « En IndonĂ©sie, le cinquantenaire d’un gĂ©nocide oubliĂ© », Le Monde,‎ (lire en ligne).

    Liens externes

    Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.