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Tutelle administrative en Belgique

Dans le droit administratif belge, la tutelle administrative est un pouvoir de contrôle exercé par des autorités administratives sur les autorités décentralisées territorialement (les communes, les provinces) ainsi que sur les autorités décentralisées par service (OIP). La personne exerçant la tutelle est appelée autorité de tutelle et la tutelle est parfois désignée par l'expression pouvoir de tutelle.

La tutelle a pour but d'éviter que les décisions des pouvoirs locaux ne soient contraires à une norme de valeur législative (contrôle de légalité) ou ne s'opposent à l'intérêt général (contrôle d'opportunité)[1].

Il existe des types et des modalités de tutelle très variée. Globalement, la tutelle est exercée :

  • par l'État et les entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es Ă  l'Ă©gard des pouvoirs locaux ;
  • par l'État sur des organismes spĂ©cialisĂ©s ;
  • par les pouvoirs locaux sur leurs propres Ă©manations.

Autorités de tutelle

La tutelle sur les pouvoirs locaux est dĂ©finie Ă  l'article 7 de la loi spĂ©ciale du de rĂ©formes institutionnelle, qui distingue tutelle ordinaire et tutelle spĂ©cifique. La tutelle ordinaire est exercĂ©e, dans le cadre de l'organisation fĂ©dĂ©rale de la Belgique, par les rĂ©gions. Il s'agit d'un rĂ©gime gĂ©nĂ©ral qui vaut pour l'ensemble des domaines pour lesquels il n'est pas instaurĂ© de tutelle spĂ©cifique. Cette tutelle spĂ©cifique est exercĂ©e, en vertu de la rĂ©partition des compĂ©tences, soit par l'État fĂ©dĂ©ral, soit par les communautĂ©s, en matière d'enseignement notamment[2]. Par ailleurs, l'État fĂ©dĂ©ral exerce une tutelle spĂ©cifique plus large sur certaines « communes Ă  facilitĂ©s Â» de la pĂ©riphĂ©rie bruxelloise ou celles de Comines-Warneton et de Fourons.

D'autres cas de tutelle spécifique existent : les gouverneurs exercent ainsi une forme de tutelle sur les provinces de Belgique, tandis que les provinces de Wallonie ont une forme de tutelle sur les communes wallonnes[3].

Parmi les pouvoirs de tutelle exercés dans le même cadre géographique, on peut citer le contrôle assuré par l'État fédéral sur des organismes à compétence nationale et par les entités fédérés sur ceux compétents pour leur région ou leur communauté, fixé par la loi du [4]. Au niveau local, les communes ont le même type de contrôle sur leurs établissements publics, en particulier leurs centres publics d'action sociale.

Modalités d'exercice de la tutelle administrative

La tutelle peut prendre différentes formes selon la nature du lien entre les deux autorités et éventuellement selon l'objet de la décision en cause. La tutelle a trois modalités principales :

  • la tutelle gĂ©nĂ©rale dite aussi « rĂ©pressive Â» consiste en un contrĂ´le globalement tacite et passif, l'autoritĂ© de tutelle n'intervenant qu'en cas d'opposition en exerçant un pouvoir d'annulation ou de suspension ;
  • la tutelle spĂ©ciale dans laquelle la collectivitĂ© soumise Ă  tutelle doit prendre l'avis de l'autoritĂ© de tutelle ou soumettre sa dĂ©cision Ă  approbation expresse ;
  • la tutelle coercitive ou extraordinaire qui comprend la substitution d'action et la rĂ©formation sur recours[5].

Dans le cas de la tutelle spéciale, si la règle prévoit un avis de l'autorité de tutelle, la décision ne peut être prise sans que l'avis ait été donné ou au moins sollicité, en revanche, l'avis ne lie pas l'administration. Pour ce qui est de l'approbation, une décision de l'autorité de tutelle doit en principe intervenir, mais dans la plupart des cas l'approbation est censée intervenir tacitement après un certain délai. La substitution d'action consiste, pour l'autorité de tutelle, à prendre une décision en lieu et place de la personne contrôlée en cas d'inertie ou d'inaction de sa part. Elle ne peut intervenir qu'en cas de violation de la loi, et de manière exceptionnelle pour des cas graves (absence d'inscription au budget de dépenses obligatoires par exemple)[6].

S'agissant du pouvoir de tutelle prévu par la loi du , les modalités en varient selon la catégorie dans laquelle est classé l'organisme d'intérêt général en cause. Il existe quatre catégories : la catégorie A regroupe des organismes ayant une relation étroite avec l'autorité de tutelle qui dispose d'un contrôle important ; le contrôle des organismes des catégories B, C et D va décroissant.

Notes et références

  1. Didier Batselé, Tony Mortier, Martine Scarcez, Manuel de droit administratif, Bruxelles, Bruylant, 2010 (ISBN 978-2-8027-2881-8), no 338.
  2. D. Batselé, T. Mortier, M. Scarcez, Manuel de droit administratif, no 339.1.
  3. D. Batselé, T. Mortier, M. Scarcez, Manuel de droit administratif, no 339.2.
  4. D. Batselé, T. Mortier, M. Scarcez, Manuel de droit administratif, no 354.
  5. D. Batselé, T. Mortier, M. Scarcez, Manuel de droit administratif, no 340.
  6. D. Batselé, T. Mortier, M. Scarcez, Manuel de droit administratif, no 350.
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