Truismes (œuvre de Jenny Holzer)

Née le 29 juillet 1950, Jenny Holzer est une artiste conceptuelle faisant partie du mouvement Pop Art, fascinée par les auteures féministes libérées du patriarcat. Holzer a été aussi membre de groupe d'artistes nommé Colab, formé en 1977. Elle commence son parcours artistique à l’université de l’Ohio et est diplômée en 1972 en tant que bachelière en beaux-arts. Plus tard, Jenny effectue une maitrise en beaux-arts dans le programme de peinture au Rhode Island School of Design. Elle sortira diplômée en 1975. Finalement, en 1976, Holzer s’inscrit au Independant Study Program au Whitney Museum of American Art à New york . Elle entamera cette même année le projet Truisms[2]. et gardera par la suite le langage, comme outil de provocation. En 1989, Jenny Holzer fut la première femme artiste à représenter les États-Unis au Biennale de Venise. Elle remportera aussi le Leone D'Oro grâce à son œuvre Mother and Child

Le projet Truisms se décrit comme un regroupement de plus de 250 phrases courtes classées dans l'ordre alphabétique, réalisées par Jenny Holzer elle-même. Ces phrases donnent des conseils de vie à partir des expériences de l'artiste, celles-ci nous font entre autres apporter une réflexion sur la société occidentale[2]. Ces proverbes peuvent être choquants, contradictoires, provocateurs et même parfois amusants. Le sentiment que ressentira le spectateur face à ces mots est individuel. Parmi les 200 propos, certaines peuvent se contredire, mais dans l'unique cause d'atteindre un plus grand nombre de spectateurs. Chaque spectateur détient une histoire de vie unique qui influencera son sentiment par rapport à la maxime qu'il vient de lire. L'artiste espère donc rejoindre un maximum de spectateurs grâce à au moins une phrase qui les ébranlera[3]. Au tout début, chaque phrase a été publiée anonymement sous la forme d'affiches et de panneaux faits à la main. Ces œuvres se présentaient écrites noir sur fond blanc, puis collées sur des immeubles et des clôtures dans la ville de Manhattan. Les passants pouvaient alors interagir avec l'artiste en écrivant leur commentaires sur l'œuvre même[4]. Par la suite, Holzer agrandit sa liste de médiums. On retrouve davantage de ses phrases gravées sur des bancs en pierre, des autocollants et des t-shirts. C'est vers la fin des années 1980 que Jenny Holzer réussit à exposer pour la première fois sa série Truismes au London's Institute of Contemporary Arts. Finalement, en 1982, l'arrivée des lumières DEL sur les écrans publicitaires permettent à Holzer de diffuser son message à une plus grande échelle[5]. Grâce au Public Art Fund, Jenny expose neuf de ses 250 phrases à un intervalle de 40 secondes qui suscitent la réflexion auprès du public dans le quartier Times Square à New York[4]. De plus, Jenny utilisait le corps des passants qui portait des chandails et des casquettes agrémentés de ses phrases, qui rappelle les techniques de publicités à des fins de consommation. Holzer fut une des premières artistes à se servir du médium numérique pour dénoncer des enjeux politiques. À la suite de sa popularité, d'autres artistes ont été inspirés à créer des plateformes en ligne afin de partager leur opinions politiques[6]. Plusieurs de ses phrases faisant partie de la série Truisms furent traduit dans plusieurs langues afin d'attendre un public encore plus large qui ne s'arrête pas aux frontières des États-Unis[4].

Généralement, les écrans a DEL sont utilisés pour des fins publicitaires. Ils ont comme but d'attirer l'œil des passants avec leur lumière et leur mouvements. Même les passants qui ne regardent pas ces publicités savent à quoi servent ces écrans. En employant ces larges panneaux publicitaires lumineux pour exposer son œuvre à Times Square, Jenny Holzer prend par surprise le spectateur qui s'attendait à voir une publicité. Elle vise un nouveau public puisqu'elle expose son art en dehors des musées[2]. On comprend alors l'importance du médium choisi. En effet, l'impact sur le public ne serait pas le même si ses textes auraient continué à s'inscrire sur des affiches de papier. De plus, les médias numériques prennent de plus en plus de place dans la société à la fin du XX^e siècle, il n'est pas étonnant que Jenny Holzer utilise un médium numérique afin de capter l'attention du public. L'auteur de Truisms fait preuve de minimaliste par la simplicité de ses maximes qui sont directes et claires. Il y a donc un contraste entre le message abrupte et simple contenu dans le médium lumineux qui attire notre attention.

Par la suite en 1989, Jenny Holzer expose au musée Guggenheim de New York. Elle expose de nouvelles de séries (Inflammatory Essays, Survival, The Living Series, The Survival Series, Under a Rock, Laments, Child Text ) en plus de Truisms tout le long du mur intérieur qui constitue la rampe de Frank Lloyd Wright. Toujours sous forme numérique, l'artiste nous expose ses textes colorés à travers des bandes lumineuses à fond noir qui défilent dans la salle. Jenny Holzer adapte son art selon l'environnement où elle expose, Il peut soit se fondre dans le cadre avec les autres publicités dans le quartier Times Square, ou ressortir dans le musée Guggenheim de New York grâce au décor moderne et épuré qui l'accompagne[6].

Œuvre au 7 World Trade Center à New York en 2006.

En 2017, 40 ans après, l'œuvre de Jenny Holzer reste encore pertinente. Truisms nous démontre que les préoccupations et les enjeux des années 1970, n'ont presque pas changé aujourd'hui. Ces proverbes continuent à ébranler les spectateurs qui les lisent alors qu'elles sont dans des musées ou projetées sur des bâtiments publics.