Trouble fonctionnel
Les troubles fonctionnels sont des maladies qui n'ont pas de support lésionnel. On parle de phénomène de conversion, c’est-à -dire de traduction sur le plan somatique (le corps) d'une émotion. Cette conversion peut s'expliquer par l'histoire du patient qui peut avoir « dupliqué » une maladie psychologiquement.
Si ce trouble fonctionnel se répète indéfiniment, il peut en parallèle créer une lésion anatomique et somatique, et, dans ce cas, entraîner une maladie psychosomatique.
Parmi les patients qui se rendent chez un consultant, 50 à 70 % n'ont pas de dysfonctionnement ou de lésions anatomiques correspondant à la plainte présentée au médecin. Ces maladies posent un double problème : au médecin qui ne trouve rien, et au malade à qui on ne trouve rien. Ce qui conduit à une double souffrance : pour le médecin qui n'est pas reconnu comme soignant, et pour le patient qui n'est pas reconnu comme malade[1]. Toutefois, la souffrance psychique est bien réelle. Un soin psychologique est alors souvent nécessaire.
Liste des troubles fonctionnels
- La fatigue
- La modification du rythme cardiaque
- Les maux de tĂŞtes
- Les vertiges
- Les spasmes
- Le trouble de motricité intestinale
- Le trouble de la tension artérielle
- L'hystérie
- L'Ă©pilepsie
Historique
Cette démarche s'est développée au cours du XIXe siècle.
- Pour la patho neurologie par exemple, tout a commencé par la recherche par les neurologues d'un signe objectif d'atteinte du système nerveux lorsqu'ils se trouvaient face à des manifestations neurologiques telles que la paralysie, des contractures, des mouvements anormaux, ou de l'hypertonicité. Ils devaient ainsi différencier, parmi les plaintes, lesquelles étaient ou non rattachées à une maladie précise du système nerveux.
- Le Docteur Charcot a essayé de réaliser des tableaux cliniques pour dépister les symptômes qui pouvaient faire penser que les troubles n'avaient pas de support anatomique et neurologique. Il décrit ainsi l'hystérie.
- Plus tard, Babinski a essayé de décrire un signe qui permettait de caractériser et de différencier les patients ayant une lésion anatomique, de ceux qui n'en ont pas : Signe de Babinski qui se produit en cas de lésion du faisceau pyramidal. Babinski crée un terme pour caractériser les patients n'ayant pas de lésion anatomique : le pithiatisme, symptôme réversible par persuasion. Parmi les pithiatiques, il y a aussi bien les simulateurs (patient faisant semblant consciemment d'avoir une paralysie) et les hystériques (symptômes liés à une problématique inconsciente).
- Note : les simulateurs ne sont pas considérés comme des individus souffrant de troubles fonctionnels.
- Au cours du XXe siècle, la multiplication et l'efficacité croissante des examens complémentaires ont permis plus aisément que dans le passé de retrouver des lésions en rapport avec le symptôme. Par conséquent, l'absence de lésions dépistées devient encore plus suspecte.
Mais, on a vu l'essor de groupes Balint (en référence à Michael Balint) qui sont des groupes de médecins généralistes se réunissant pour essayer de comprendre le sens des symptômes. Ils ont mis en évidence la fréquence avec laquelle les malades présentent le trouble.
Attitude du médecin
- Refus du médecin de prendre en compte le trouble, en disant au malade « Vous n'avez rien, je n'ai rien vu ». La négativité peut rassurer le patient momentanément (notamment chez les hypocondriaques centrés sur le dysfonctionnement d'un organe).
- Tentative d'explication physiopathologique, « pseudo objectivation » de la maladie : on essaie d'expliquer en mettant un mot sur le mal qui peut « labelliser » le trouble. Exemples : « syndrome de fatigue chronique », « neurosthénie », « psychostémie », « polyalgie ». Ces termes, vagues, rassurent le patient qui « sait » ce qu'il a, mais l'explication risque alors d'installer le patient dans sa maladie, d'entériner son trouble. Le terme renvoie souvent plus aux mécanismes de la maladie qu'à une explication étiologique. Exemple : « épilepsie liée à une décharge des cellules nerveuses synchrone ».
- Le thérapeute peut se demander à quel besoin, nécessité, malaise intérieur répond chez ce patient cette expression réitérée d'un trouble. Débute alors une réflexion sur le sens du symptôme, sur le diachronisme de la plainte.
Notes et références
- Camille Docquir, « Les symptômes médicalement inexpliqués : précisions terminologiques, données épidémiologiques chez l'adulte et l'enfant, aperçu des contre-attitudes », Bulletin de psychologie, vol. Numéro 523, no 1,‎ , p. 61-75 (ISSN 0007-4403 et 1968-3766, DOI 10.3917/bupsy.523.0061, lire en ligne, consulté le ).