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Trisyllabe

Dans les métriques syllabiques, un trisyllabe est un vers de trois syllabes.

On l'utilise d'habitude dans des vers gais ou burlesques[1], comme chez Victor Hugo :

Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord ;
C'est la plainte,
Presque Ă©teinte,
D'une sainte
Pour un mort.

— Victor Hugo, Les Djinns[2]

Mais le trisyllabe est sérieux dans le recueil de l'abbé Charuel d'Antrain, dans un Compliment à un Abbé et Général d'Ordre, poème daté de 1750[3] :

Beau séjour,
Que ta cour
M'Ă©difie !
Chaque jour
De la vie,
On vous prie,
Dieu d'amour.
Votre flamme
Brûle une âme
Tour Ă  tour.
Loin du monde,
Votre paix
Est profonde.
Non, jamais
Votre asyle
Doux, tranquille,
Ne ressent
De l'orage,
Du naufrage,
L'accident.
Solitude,
Ton Ă©tude
Rend les sens
Innocens,
Tes délices
Sont sans vices,
Tes rigueurs
Sans langueurs,
LĂ  la joie
S'y déploie.
En ce lieu
On se livre
Tout Ă  Dieu :
Pour le suivre,
Quel honneur !
Quel bonheur !…

Ce vers court et rare peut être utilisé, plus rarement encore, en pièce isométrique. Par exemple chez Paul Scarron :

Sarrasin,
Mon voisin,
Cher amy,
Qu'Ă  demy
Je ne voy,
Dont, ma foy,
J'ay dépit
Un petit,
N'es-tu pas
Barrabas,
Basiris,
Phalaris,
Ganelon
Le félon,
De sçavoir
Mon manoir
Peu distant,
Et pourtant
De ne pas,
De ton pas
Ou de ceux
De tes deux
Chevaux gris
Mal nouris,
Y venir
RĂ©jouir,
Par des dits
Esbaudits,
Un pauvret
Tres maigret,
Au col tors,
Dont le corps
Tout tortu,
Tout bossu,
Surrané,
Décharné
Est reduit,
Jour & nuit,
A souffrir,
Sans guerir,
Des tourmens
Vehemens ?
Si Dieu veut,
Qui tout peut,
DĂ©s demain
Mal S.Main
Sur ta peau
Bien & beau
S'Ă©tendra
Et fera
Tout ton cuir
Convertir
En farcin.
Lors, mal sain
Et poury,
Bien marry
Tu seras
Et verras
Si j'ay tort
D'estre fort
En Ă©moy
Contre toy.
Mais pourtant,
Repentant,
Si tu viens
Et te tiens
Un moment
Seulement
Avec nous,
Mon courroux
Finira,
Et caetera.

— Paul Scarron, Recueil des œuvres diverses et choisies en vers burlesques de M. Scarron, Lyon, chez J.B. et N. de Ville, 1695, p. 84

Notes et références

  1. Anne Marie comtesse de Beaufort d'Hautpoul, Nouveau manuel complet de littérature à l'usage des deux sexes, Roret, 1844, p. 109.
  2. Recueil Les Orientales, 1829.
  3. Georges Lote, Histoire du vers français, tome IX : Le XVIIIe siècle [en ligne]. Aix-en-Provence : Presses universitaires de Provence, 1996 (généré le 12 mars 2023). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pup/1492>. (ISBN 9782821827479). DOI : https://doi.org/10.4000/books.pup.1492.
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