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Tonsillectomie

La tonsillectomie ou amygdalectomie — appelée aussi couramment opération des amygdales — est une ablation chirurgicale des amygdales palatines[1].

Une histoire très ancienne

Vieille de plus de 2 000 ans, l'amygdalectomie fait partie des interventions les plus anciennement pratiquĂ©es[2]. Pour rĂ©duire le volume des amygdales hypertrophiĂ©es les chirurgiens de l'antiquitĂ© proposaient l'exĂ©rèse totale, partielle, ou encore la cautĂ©risation. En ces temps oĂą l'anesthĂ©sie n'existait pas, le risque hĂ©morragique Ă©tait redoutable. La rapiditĂ© d'exĂ©cution du geste Ă©tait primordiale.

La cautérisation

Elle eut la faveur de certains praticiens en raison de l'absence de risque hémorragique. La cautérisation peut être thermique avec un cautère métallique en fer ou en or, ou chimique avec des caustiques (potasse, ammoniaque, mercure), appliqués à l'aide d'un linge essoré.

L'amygdalectomie

  1. Aulus Cornelius Celsus (Celse) (Ier siècle) décrit une amygdalectomie par énucléation au doigt.
  2. Paul d'Égine (625?, 690?) écrit dans son 6e livre : « Ayant placé le malade devant les rayons du soleil, et lui ayant ordonné d'ouvrir la bouche, pendant qu'un aide lui contient la tête et qu'un autre, avec un glossocatoque, lui presse la langue sur la mâchoire inférieure, nous-mêmes saisissons un crochet avec lequel nous traversons l'amygdale et l'attirons autant que nous pouvons, prenant garde d'attirer en même temps les membranes. Ensuite nous la séparons tout entière de sa base avec l'ankilotome approprié à notre main. »
  3. Ambroise Paré (1510-1590) utilise un serre nœud pour lier le pédicule si celui-ci est suffisamment étroit.
  4. Richard Wiseman (en) (1622-1676), chirurgien du roi Charles II, décrit dans son traité comment après avoir tracté l'amygdale, il place une ligature autour de la base de la glande et comment ensuite, il l'excise avec des ciseaux.
  5. William Cheselden (1688-1752), pour éviter le risque de saignement, lorsque le pédicule de l'amygdale est trop large, propose de percer la base de la glande pour y passer deux fils et lier séparément les deux moitiés du pédicule. On attend quelques jours que l'amygdale se détache.
  6. Philips Physick (en) (1786-1837) de Philadelphie, crée un amygdalotome précurseur des pinces à anneaux actuelles. C'est à Greenfield Sluder (de) (1865-1928) qu'on doit l'invention de l'instrument qui porte son nom et qu'utilisent presque tous les laryngologistes au XXe siècle.

L'amygdalectomie aujourd'hui

Environ 75 000 ablations des tonsilles ont Ă©tĂ© pratiquĂ©es en 2002, en France (enfants dans 90 % des cas). Selon Weil-Olivier et al. « les amygdalites Ă  rĂ©pĂ©tition (ou angines), justification principale historique des amygdalectomies, devraient voir leur indication se restreindre devant la prĂ©cision du diagnostic (test de diagnostic rapide), la qualitĂ© de l'antibiothĂ©rapie et l'amĂ©lioration de la prise en charge de la douleur »[1].

En 2010, 35 000 ablations des tonsilles ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es chez des mineurs[3].

Grâce aux progrès de l'anesthésie générale et à l'utilisation systématique de l'intubation trachéale qui protège les voies respiratoires, le chirurgien peut opérer tout en maitrisant le risque hémorragique pendant l'intervention. Deux techniques se partagent la faveur des opérateurs :

  • l'amygdalectomie par dissection peut ĂŞtre utilisĂ©e tant pour les adultes que pour les enfants ;
  • l'amygdalectomie Ă  la pince Ă  anneau (Sluder) garde ses partisans pour l'amygdalectomie de l'enfant ; sĂ»re et rapide, cette technique est sur le point de disparaĂ®tre car elle n'est plus enseignĂ©e.

L'anesthésie se faisait autrefois à l'éther et aujourd'hui avec une courte anesthésie générale[1]. Un changement du timbre de la voix et des difficultés à déglutir peuvent provisoirement apparaître à la suite de l'opération et un effet adverse sur l'avenir d'enfants atopiques a été évoqué, mais est encore discuté[1]. L'amydalectomie est aussi fréquemment suivie d'une prise de poids, qui peut poser problème si elle devient excessive. La seule complication postopératoire à risque grave est « l'hémorragie à la chute d'escarres survenant entre le huitième et le douzième jour »[1].

Indications

Il s'agit d'une opĂ©ration courante, et d'un geste traditionnel visant Ă  rĂ©soudre des problèmes d'hypertrophie amygdalienne (notamment quand cette hypertrophie est source d'apnĂ©es du sommeil). Elle n'a que peu de contre-indications et concerne presque toujours des enfants (dès l'âge de 9 mois)[1]. La frĂ©quence de cette opĂ©ration a diminuĂ© depuis la fin de la seconde partie du XXe siècle et les indications de cette opĂ©ration ont changĂ©[1]. On tend peut-ĂŞtre Ă  plus respecter les amygdales car elles sont l'une des premières barrières immunitaires des voies aĂ©riennes supĂ©rieures et parce qu'on reconnait plus d'importance aux fonctions immunitaires des tissus lymphoĂŻdes et en particulier aux tissus lymphoĂŻdes associĂ©s au tube digestif responsables de « la capture des antigènes muqueux, prĂ©sentation aux lymphocytes, prolifĂ©ration des lymphocytes B et T spĂ©cifiques de ces antigènes, diffĂ©renciation en lymphocytes effecteurs et immuns. Ă€ la surface des amygdales, des cellules Ă©pithĂ©liales expriment des moyens de dĂ©fense non spĂ©cifiques »[1], nĂ©anmoins l'amygdalectomie est rĂ©putĂ©e sans consĂ©quence immunologique gĂ©nĂ©rale[1].

Les indications font l'objet, en France, de recommandations publiées par la Haute Autorité de santé en 2006[4]. Le plus souvent, l’indication d’une amygdalectomie repose sur des arguments fournis par l’interrogatoire du patient et les données de l’examen clinique. L’intervention est recommandée en cas :

Amygdales infectieuses

  1. Infection aiguĂ« dont les signes inflammatoires locaux et rĂ©gionaux persistent 3 mois ou plus et ne rĂ©pondant pas Ă  un traitement mĂ©dical bien conduit et bien suivi.
  2. Infection chronique de l’amygdale ayant rĂ©sistĂ© Ă  un traitement mĂ©dical bien conduit et bien suivi : Ă  partir de trois Ă©pisodes infectieux par an depuis plusieurs annĂ©es, ou d'au moins 5 Ă©pisodes infectieux dans l’annĂ©e et après une pĂ©riode d’observation de 6 mois minimum.
  3. Récidive d’abcès ou phlegmon péri-amygdalien.

Suspicion de tumeur

  1. Devant une tuméfaction unilatérale d’une amygdale, l’amygdalectomie s’impose sans délai pour réaliser les examens histologiques nécessaires.

Obstruction des voies respiratoires

  1. Hypertrophie amygdalienne bilatérale avec signes d’obstruction des voies aériennes supérieures, retentissant sur la croissance staturo-pondérale, entraînant des troubles du développement maxillo-facial, dentaire, des troubles de la mastication et du langage.
  2. Syndrome d’apnées obstructives du sommeil de l’enfant lié à l’hypertrophie des amygdales et des végétations adénoïdes. C’est une indication formelle d’amygdalectomie associée à une adénoïdectomie. Elle constitue les trois quarts des indications de cette intervention aux États-Unis[5].

Complications

Le principal risque est le risque hĂ©morragique, qui touche environ 1 patient sur 100, et qui est le plus important dans les six heures qui suivent l'opĂ©ration ; il existe une deuxième pĂ©riode critique, entre le 6e et le 10e jour suivant l'opĂ©ration, et qui impose le repos durant la convalescence[6]. Il existe des cas exceptionnels de dĂ©cès, estimĂ©s Ă  1 sur 50 000 interventions[6].

Notes et références

  1. Weil-Olivier, C., Sterkers, G., François, M., Garnier, J. M., Reinert, P., & Cohen, R. (2006). L'amygdalectomie en 2005. Archives de pédiatrie, 13(2), 168-174 (résumé).
  2. Histoire des maladies de l'oreille, du nez et de la gorge - Y.Guerrier, P.Mounier-Kuhn - Ed R.Dacosta.
  3. « Amydalectomie avec ou sans adĂ©noĂŻdectomie chez l'enfant ou l'adolescent (moins de 18 ans) », sur Haute AutoritĂ© de la SantĂ©, (consultĂ© le ).
  4. Recommandation H.A.S. (2006).
  5. (en) Erickson BK, Larson DR, St Sauver JL, Meverden RA, Orvidas LJ, Changes in incidence and indications of tonsillectomy and adenotonsillectomy, 1970-2005, Otolaryngol Head Neck Surg, 2009;140:894-901.
  6. Julie Carballo, « Ablation des amygdales : un risque avéré », Le Figaro santé,‎ (lire en ligne).
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