Timbres de France 1871
Cet article recense les timbres de France Ă©mis en 1871 par l'administration des Postes.
LĂ©gende
Pour chaque timbre, le texte rapporte les informations suivantes :
- date d'Ă©mission, valeur faciale et description,
- formes de vente,
- artistes concepteurs et genèse du projet,
- date de retrait, tirage et chiffres de vente,
ainsi que les informations utiles pour une émission donnée.
Il n'y a pas d'Ă©mission nouvelle avant le mois de septembre.
Septembre
Le , les tarifs[Note 1] sont modifiés comme suit[Note 2] :
Échelon de poids | Tarif général (entre villes différentes) | Tarif local (même ville) | Tarif spécifique (Paris) |
---|---|---|---|
1er : jusqu'Ă 10 g | 25 c. | 15 c. | moins de 15g : 15 c. |
2e : de 10 g Ă 20 g | 40 c. | 25 c. | 15g Ă 30g : 30 c. |
3e : de 20 Ă 100 g | 70 c. | 40 c. | 30g Ă 60g : 45 c. |
par tranche de 100 g, au-delĂ | 50 c. | 25 c. | par 30g sup. : 15 c. |
Le poids maximal est fixé à 1 kilogramme : par exemple le port maximal est de 10,20 francs pour une lettre entre deux bureaux de distribution.
Ce tarif sera appliqué jusqu'au .
Les timbres aux nouvelles valeurs correspondant au tarif n'était pas disponible dès le 1er septembre dans tous les bureaux. Ainsi, les courriers dit de « » présentent, sur une période d'environ trois semaines à un mois[Note 3] (voire un mois et demi selon les lieux), une très grande variété de combinaisons de timbres-poste.
De plus, par mesure d'économie, ordre avait été donné d'utiliser les stocks de timbres-poste disponibles localement en priorité, quitte à commander des valeurs d'appoint en cas de manque (des timbres à 5 centimes par exemple).
Ces affranchissements de fortune, outre des combinaisons variées et colorées, ont été aussi réalisées avec des timbres coupés en deux, voire en quatre, pour une valeur d'affranchissement de moitié, ou du quart de la faciale, mais de nombreux faux existent.
Nouvelle série Cérès, IIIe République, 25 centimes bleu
Émis en théorie le [Note 4], à la suite de l'augmentation des tarifs au premier , ce timbre correspond à l'affranchissement d'une lettre ordinaire de moins de 10 grammes de bureau à bureau. Il ne sera pas disponible immédiatement dans tous les bureaux de poste, par mesure d'économie principalement, pour épuiser les anciennes valeurs disponibles.
Il existe trois types de ce timbre, qui correspondent à trois reprises du poinçon initial pour réaliser les planches d'impression.
Le type I correspond au premier tirage en usage entre et , c'est le tirage le plus fréquent : 600 000 000 de timbres seront produits à l'aide des planches d'impressions de 1850 encore utilisables.
Le type II, le plus rare, est dix fois moins fréquent que le précédent, et il ne sera utilisé que durant 5 mois, entre et .
Le dernier type (type III) est utilisé jusqu'à épuisement des 525 000 000 d'exemplaires émis et jusqu'au remplacement du type Cérès par un timbre de même valeur et de couleur bleu outremer au type Sage en .
Le 25 centimes bleu est le premier timbre de la seconde série des Cérès de la IIIe République, il est pourtant souvent placé parmi les derniers timbres de ce type dans certains catalogues.
Ce timbre présente de nombreuses variétés constantes identifiées et localisées dans les planches d'impression, et il présente aussi une grande palette d'oblitérations ; il constitue un univers de collection en soi.
Cérès, 15 centimes bistre-jaune, dentelé, dit « petits chiffres »
Émis le [Note 6], il ne sera pas disponible immédiatement dans tous les bureaux de poste. Sa valeur correspond au tarif d'une lettre de moins de 10 grammes postée et distribuée dans la même circonscription postale.
Il sera produit, quasi en continu entre et 1873, quelque 130 000 000 timbres-poste de cette valeur, en réutilisant les anciennes planches d'impression du 15 centimes Cérès vert de 1850. Il est remplacé en par un timbre de même effigie, même valeur et même couleur, mais donc le chiffre de la valeur est modifié lors de la réalisation de nouvelles planches d'impression : le 15c bistre dit « gros chiffre ».
DĂ©cembre
Napoléon III, 5 centimes vert pâle sur bleuté, dentelé
Certains timbres à l'effigie de Napoléon III ont connu une histoire prolongée après la chute de l'Empire, en 1871-1872, en raison du changement de tarif du : notamment le 5 centimes vert type Napoleon III dentelé de 1863.
Dans le cas du 5 centime vert sur bleuté, il ne s'agit pas d'un « tirage de la Commune » (avril à ), ni d'un tirage réalisé durant le « siège de Paris » contrairement à ce que laissent entendre certains catalogues[Note 7].
L'augmentation des tarifs de 20 centimes à 25c. pour la lettre ordinaire, ou de 10c. à 15c. pour le tarif local (tarif du applicable au ) provoqua un fort besoin de timbres de 5 c. comme valeur de complément. Les planches d'impression du 5c Empire sont remises en service, faute de disposer de planches au type Cérès[Note 8], dans l'attente d'approvisionnement des bureaux en timbres à 25 centimes au type Cérès (de 1849) en cours de fabrication, et aussi pour écouler les stocks de timbres aux valeurs antérieures par mesure d'économies.
Le 5 c. vert pâle de type Napoléon non lauré dentelé fut réimprimé plusieurs fois, au moins deux tirages ont été caractérisés.
Le premier tirage est réalisé sur un papier teinté bleu-verdâtre pâle[Note 9] imprimé en sur le papier normalement utilisé pour le 1 centime type Napoléon lauré (1870).
Le second tirage, vert plus foncé sur un papier teinté bleu-azuré, est réalisé en sur le papier normalement utilisé pour l'impression des timbres au type Cérès à 5 centimes, imprimé durant le premier semestre de 1872[3]. Pour ce second tirage, il est probable que les deux timbres (5c. Empire dentelé et 5c. Cérès) aient été imprimés en parallèle, une seule planche d'impression des nouveaux timbres étant disponible dans un premier temps à l'atelier, et en complément lors d'une forte demande des bureaux de poste de timbres à 5 centimes (plus de 275 000 timbres à 5c. étaient alors produits chaque jour en moyenne pour satisfaire la demande), ce second tirage est beaucoup plus rare que le précédent.
Tous ces tirages du 5c vert-jaune sur « bleuté » présentent une impression usée, les traits manquent de finesse, voir dans les cas extrêmes flous, les ondulations du fond sont empatées, ce qui les différencie des tirages antérieurs (de 1863 à 1868) en plus de la couleur du papier. On trouve ces deux timbres sur lettre à partir de la mi-, ils n'ont donc pas été utilisé sur les courriers avec des affranchissements de fortune dit de « », mais ultérieurement, les cachets à dates sont donc aussi un repère pour les reconnaitre.
Non émis : 10 centimes bistre Napoleon III, type « Empire Lauré de 1863 »
Le 10 c. bistre lauré (de 1863, type 2 à « gros points ») fut surchargé d'un « 10 » de couleur bleu foncé, répétant sa valeur faciale. L'origine de ces timbres non émis est toujours sujet de discussions. Plusieurs hypothèses existent :
- Pour le catalogue Timbres de France (édition Yvert et Tellier, 2008), fin 1871, on envisagea d'utiliser le stock d'invendus de cette valeur pour pallier un manque de timbres possible à l'approche du Nouvel An (10 c. étant devenu la valeur d'affranchissement de la carte postale). La surcharge aurait permis d'éviter la confusion avec les timbres au type Cérès à 15 centimes et de même couleur bistre[4]. Cette hypothèse est peu probable, car il y aurait des traces comptables de ce stock ou de sa « sortie » de stock vers un imprimeur privé, en effet les timbres sont des valeurs fiduciaires, comme les billets de banque, tout « mouvement » est contrôlé[5].
- Pour le catalogue de cotation Dallay, 2007-2008, la Commune de Paris aurait préparé leur utilisation, et la surcharge aurait permis de masquer le visage de l'empereur. Dans cette hypothèse, le contexte expliquerait la disparition des archives, mais leur réapparition est tardive alors qu'il y avait pénurie de timbres-poste après la guerre de 1870 et que tous les timbres ont été récupérés, y compris ceux imprimés ensuite durant la Commune[5].
Dans tous les cas, ces timbres authentiques[6], dont il n'existe aucune trace officielle, sont considérés comme des non émis. Ils n'existent que neufs avec gomme, et n'ont jamais été vendus au public pour l'affranchissement du courrier[Note 10] - [Note 11]. Seules quelques feuilles de timbres ont été morcelées sur les marchés philatéliques.
Voir aussi
Bibliographie
- Docteur R. Joany, Nomenclature des timbres-poste de France, tomes 1 (tarifs postaux) et 2 (période 1849-1876), éditions du Bulletin Philatélique du Midi, Montpellier, 1966.
- P.-J. Barat et A. Suarnet, Le Nouveau « Bleus de France », période 1849-1876, sans éditeur, 1975, 356 pages.
- Catalogue spécialisé des timbres de France, tome 1, (période 1849-1900), éditions Yvert et Tellier, Amiens, 1975, 352 pages (2e version très complète de ce catalogue spécialisé).
- J. Storck, J.-F. Brun et R. Françon, Catalogue fédéral des Timbres de France « Marianne », édition 1984-1985 ; et les actualisations publiées dans la revue Philatélie française. (Une nouvelle édition, avec seulement la période 1849-1900, a été publiée par Timbropresse en 1999, (ISBN 2-908101-08-4).
- Sous la direction de Jean-François Brun, Le Patrimoine du timbre-poste français, tome 1, Flohic éditions, , (ISBN 2-84234-035-3).
- Pascal Behr, Jean-François Brun et Michèle Chauvet, Timbres de France, « Le Spécialisé », volume 1, éditions Yvert et Tellier, Amiens, 2000, (ISBN 2-86814-097-1) (3e version de ce catalogue spécialisé, qui fait une très large place aux illustrations en couleur).
- Catalogue de cotations des timbres de France, Ă©ditions Dallay, 2007-2008.
Articles connexes
Notes et références
Notes
- Seuls les principaux tarifs sont indiqués ici.
- DĂ©cret du , tarifs applicables au
- les courriers postérieurs au 15 octobre sont plutôt des usages tardifs, surtout si le courrier provient d'une ville importante (dans les petits bureaux à faible transit, les approvisionnements en timbres ont été plus lents). Les enveloppes les plus recherchées sont datées des trois premières semaines de septembre.
- Plus ancienne date d'usage connue : 3 septembre 1871.
- Les défauts affectent principalement les deux fleurons et le cartouche supérieur.
- Plus ancienne date connue
- Il existe bien un tirage de la Commune du 5 centimes vert sur vert, mais la teinte d'impression et du papier est dans la continuité des tirages antérieurs, ce qui le rend très difficile à distinguer de ceux-ci, y compris sur lettre datée de 1871.
- Il n'existe pas de type Cérès à 5 centimes antérieur à 1871.
- Papier teinté dans la masse en bleuté que l'on reconnait donc facilement de dos en comparant avec un timbre à 1 centime "lauré". Ce papier a probablement été utilisé à la suite de l'épuisement du stock à l'atelier et chez le fournisseur de papier teinté vert-jaune normalement utilisé pour le 5 centimes vert-jaune sur vert.
- Les très rares oblitérés « d'époque » proviennent d'usage de complaisance, de courriers entre philatélistes.
- Une expertise est indispensable en raison du nombre important de faux « pour tromper les philatélistes » dans les collections anciennes même de « qualité ».
Références
- J.-M. Ducros, « La grande cassure, du no141 à 150 de la planche A2 du N°60 type I Cérès », Le Monde des philatélistes, no 417,‎ .
- « Le 25 c Cérès bleu : ses cicatrices racontent son histoire (2e partie) », Timbroscopie, no 88,‎ , p. 46.
- Catalogue des Timbres de France « Marianne », édition 1984 - 1985
- reprise du Catalogue spécialisé des timbres de France, Tome 1, éd. Yvert et Tellier, 1975, p.80
- Voir Dr Joany, 1964, dans le Monde des philatélistes, et dans Nomenclature des Timbres-poste de France, tome 2 (1849-1876) et dans Timbroscopie, HS n°4, 1999, p.51
- « Timbres de France, Le Spécialisé » Timbres de France, Le Spécialisé, Coll., éd. Yvert et Tellier 2000, p. 159