Tie Liu
Tie Liu est le pseudonyme de l'Ă©crivain et Ă©diteur chinois Huang Zerong. CritiquĂ© comme droitiste pendant la campagne des Cent fleurs, il est emprisonnĂ© pendant vingt ans dans un laogaĂŻ. ĂgĂ© de 82 ans il est inquiĂ©tĂ© pour ses prises de position critiques vis-Ă -vis du rĂ©gime chinois. ArrĂȘtĂ© en 2014, il est condamnĂ© Ă la prison avec sursis.
Biographie
Tie Liu est né le . Il a rejoint la Ligue de la jeunesse communiste chinoise en 1949 et à partir de 1953 a travaillé dans divers bureaux gouvernementaux. Il a ensuite travaillé au Chengdu Daily en tant que journaliste[1]. Comme journaliste il a toujours porté un regard critique sur le régime de Mao Zedong. à partir de 1957, pendant la campagne des Cent fleurs, il est emprisonné pendant vingt ans dans un laogaï. Il ne sera réhabilité en 1980. Il évoque cet emprisonnement dans les camps de travail dans un livre[2]. AprÚs sa libération, Tie Liu continua d'écrire et devint chroniqueur pour un site Web étranger. En 2010, il a fondé un organisme de bienfaisance, Tie Liu News Foundation, pour aider les journalistes et écrivains persécutés. En outre, avec d'autres journalistes, Tie Liu a participé à la rédaction de lettres ouvertes, dont une à l'Assemblée populaire nationale demandant l'abolition de la censure des médias[1].
Le , la police de PĂ©kin a convoquĂ© Tie Liu, soupçonnĂ© de « crĂ©er une perturbation ». Ils ont confisquĂ© des publications et des ordinateurs et emmenĂ© son soignant , Huang Jing et un ami qui Ă©tait restĂ© chez lui. Plus tard ce jour-lĂ , la police a mis en dĂ©tention Ă la fois Tie et Huang sous la mĂȘme accusation. Lors de l'arrestation de Tie Liu plus d'un mois plus tard, les autoritĂ©s ont ajoutĂ© « activitĂ© commerciale illĂ©gale » Ă la liste des accusations. La dĂ©tention initiale de Tie Liu dĂ©coule d'un essai en ligne critiquant Liu Yunshan, membre du ComitĂ© permanent du Politburo et chef du dĂ©partement de propagande. L'accusation de « business illĂ©gal » est apparemment due Ă son aide pour l'impression de mĂ©moires qu'il a Ă©crites pour des personnes ĂągĂ©es ayant vĂ©cu Ă l'Ă©poque maoĂŻste, dans un journal intitulĂ© Small Traces of the Past. La police a arrĂȘtĂ© Huang Jing pour avoir aidĂ© Tie Liu dans son travail[1].
Lors d'une rencontre avec son avocat en , Tie Liu, ĂągĂ© de 82 ans, dĂ©clare avoir Ă©tĂ© traitĂ© dans une unitĂ© d'urgence de l'hĂŽpital de la Croix-Rouge Ă PĂ©kin aprĂšs s'ĂȘtre Ă©vanoui et avoir souffert d'incontinence Ă la suite d'interrogatoires nocturnes. Il avait Ă©tĂ© interrogĂ© pendant trois nuits d'affilĂ©e, de 22 heures Ă 10 heures du matin. DĂ©jĂ en mauvaise santĂ© Ă cause de son Ăąge et plus de vingt ans passĂ©s dans des camps de travail, Tie Liu a dĂ©clarĂ© que son Ă©tat physique s'est considĂ©rablement dĂ©tĂ©riorĂ© pendant sa dĂ©tention. Il souffre d'hypertension, de caillots sanguins, de maladie de la prostate et de frĂ©quence urinaire. Les autoritĂ©s ont refusĂ© sa libĂ©ration Ă ses avocats, Zhou Shifeng et Liu Xiaoyuan, qui demandaient celle-ci pour raisons mĂ©dicales. Selon les rĂšglements du Bureau de la sĂ©curitĂ© publique de la Chine, les personnes ĂągĂ©es de plus de 70 ans sont exemptĂ©es d'ĂȘtre incarcĂ©rĂ©es dans les centres de dĂ©tention. Ă la fin de novembre, Tie Liu a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© Ă Chengdu, son lieu de naissance. Le parquet a par la suite inculpĂ© Huang pour une seule accusation d'« activitĂ© commerciale illĂ©gale »[1].
Le , le tribunal du Sichuan a condamnĂ© Tie Liu pour « activitĂ© commerciale illĂ©gale » mais a prononcĂ© une peine avec sursis. Le procĂšs du tribunal populaire du district de Qingyang Ă Chengdu a durĂ© environ une heure et le tribunal a condamnĂ© Liu Ă deux ans et demi de prison, suspendu pour quatre ans, et lui a infligĂ© une amende de 30 000 RMB (environ 4 900 dollars). Son collaborateur Huang Jing, a Ă©tĂ© jugĂ© comme complice dans la mĂȘme affaire et condamnĂ© Ă un an de prison, suspendu pour deux ans, et Ă une amende de 5 000 RMB (plus de 800 dollars). Les deux hommesont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s aprĂšs le procĂšs. Selon la loi chinoise, ils ne purgent une peine d'emprisonnement sur la base de la dĂ©cision du tribunal que s'ils sont reconnus coupables de nouveaux crimes pendant les pĂ©riodes de suspension de leur peine. Un accord de plaidoyer a apparemment Ă©tĂ© conclu avant la procĂ©dure qui a conduit aux condamnations avec sursis. Tie et Huang ont tous deux dit qu'ils ont « reconnu leur culpabilitĂ© » et ils ont chacun demandĂ© des peines rĂ©duites[1].
Références
- Tie Liu (éæ”) Chinese Human Rights Defenders, 30 janvier 2015
- Antoine Oury Tie Liu, Ă©crivain dissident chinois, arrĂȘtĂ© Ă PĂ©kin ActuaLittĂ©, 16 septembre 2014