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Thérèse philosophe

Thérèse philosophe, ou mémoires pour servir à l’histoire du Père Dirrag et de Mademoiselle Éradice, plus connu sous le nom de Thérèse philosophe est un roman de 1748 à l'attribution contestée. Produit d'une audacieuse entreprise éditoriale à cheval sur l'actuelle Belgique et la France, il est vraisemblablement composite. On peut citer parmi les attributions les plus solidement étayées pour ses différentes parties celle à Jean-Baptiste Boyer d'Argens, ainsi que celle à Louis-Charles Fougeret de Monbron (pour la deuxième partie)[1].

Thérèse philosophe
Image illustrative de l’article Thérèse philosophe
Illustration de François-Rolland Elluin

Auteur Anonyme
Pays Drapeau de la France France
Genre Roman libertin
Date de parution 1748

Thérèse Philosophe décrit dans sa première partie la relation entre Marie-Catherine Cadière (« Eradice ») et Jean-Baptiste Girard (« Dirrag »), dont Thérèse est présentée comme le témoin. Le fait qu'il s'agit d'un roman libertin explique ses ventes massives dans la France du XVIIIe siècle, où de telles œuvres avaient un grand succès. Il renferme certaines idées des philosophes des Lumières.

Concepts philosophique et social

Des discussions entre les personnages sur les questions philosophiques alternent avec les sections les plus obscènes du roman.

Comme dans la très grande majorité des romans libertins, les personnages féminins sont plus jeunes que les personnages masculins. Ce roman attire l’attention sur la répression sexuelle des femmes à l’époque des Lumières, mais également sur l’exploitation de la sexualité par l’autorité religieuse.

Attribution à Jean-Baptiste Boyer d’Argens

D.-A.-F. de Sade n’a semble-t-il aucun doute sur la paternité de Thérèse Philosophe, qu’il attribue, dans La Nouvelle Justine, sans autre commentaire au marquis d’Argens (et dont il connaît même l’illustrateur, le mentionnant en bas de page) : « Thérèse Philosophe figurait ; ouvrage charmant du marquis d’Argens (I), le seul qui ait montré le but, sans néanmoins l’atteindre tout-à-fait ; l’unique qui ait agréablement lié la luxure à l’impiété, et qui, bientôt rendu au public, tel que l’auteur l’avait primitivement conçu, donnera enfin l’idée d’un livre immoral. (I) Ce fut le célèbre Caylus qui gravât [sic] les estampes »[2].

D’autre part le roman est publié chez Babel sous le nom Boyer d’Argens, et l’éditeur s’attache à démontrer à sa suite que le marquis d’Argens en est bien l'auteur[3]. Il relève entre autres que le procès retentissant de l’affaire Cadière (Eradice), qui opposait le jésuite Girard (Dirrag) à sa pénitente et qui s'est tenu au parlement de Provence (Vincerop), s’est déroulé sous l’autorité du père du marquis d’Argens qui en était alors le procureur général. Dans ses mémoires d’Argens relate ces faits, et l’éditeur relève des ressemblances frappantes entre le texte de ces mémoires et Thérèse philosophe.

Édition moderne

  • Thérèse philosophe. Fac-similé de l'édition de Paris (?), vers 1780. Avec une introduction de Jacques Duprilot. Genève-Paris, éditions Slatkine, 1980.
  • Boyer d'Argens. Thérèse philosophe ou Mémoires pour servir à l'histoire du P. Dirrag et de Mlle Eradice. Babel, Actes Sud 1992.
  • Thérèse philosophe, ou, Mémoires pour servir à l'histoire du Père Dirrag et de Mademoiselle Éradice. Saint-Étienne, Publications de l'Université de Saint-Étienne, 2000 (ISBN 9782862720395)
  • Thérèse philosophe ou Mémoires pour servir à l'histoire du Père Dirrag et de Mademoiselle Éradice. GF Flammarion, 2007 (ISBN 9782080712547)

Références

  1. Emmanuel Boussuge, Situations de Fougeret de Monbron, Paris, Honoré Champion,
    à propos de l'histoire éditoriale de cet ouvrage composite, conclut à l'attribution vraisemblable d'une partie de l’œuvre à Fougeret de Monbron.
  2. La Nouvelle Justine ou les malheurs de la vertu, suivie de l’histoire de Juliette, sa sœur, tome septième, p. 97 , en Hollande, 1797 (lire en ligne: ).
  3. Guillaume Pigeard de Gurbert. Thérèse, ou la face cachée du philosophe, in: Boyer d'Argens, Thérèse philosophe, Babel 1992, pp 151-166.

Bibliographie

  • (en) William C. Brumfield, «Thérèse philosophe and Dostoevsky's Great Sinner», Comparative Literature, Summer 1980, n° 32 (3), p. 238-52
  • (en) William C. Brumfield, «"Thérèse philosophe and Dostoevsky’s Critique of Rational Egotism», Znanie. Ponimanie. Umenie, 2016, vol. 13, n° 1, p. 304–17.
  • Jacqueline Chammas, « Le Clergé et l’inceste spirituel dans trois romans du XVIIIe siècle : Le Portier des Chartreux, Thérèse philosophe et Margot la ravaudeuse », Eighteenth-Century Fiction, Apr-July 2003, n° 15 (3-4), p. 687-704
  • Catherine Cusset, « 'L’Exemple et le raisonnement': Désir et raison dans Thérèse philosophe (1748) », Nottingham French Studies, Spring 1998, n° 37 (1), p. 1-15
  • (de) Gudrun Gersmann, « Das Geschäft mit der Lust des Lesers: Thérèse philosophe-zur Druckgeschichte eines erotischen Bestsellers im 18. Jahrhundert », Das Achtzehnte Jahrhundert, 1994, n° 18 (1), p. 72-84
  • Jean Mainil, « Jamais fille chaste n’a lu de romans : lecture en cachette, lecture en abyme dans Thérèse philosophe », Éd. Jan Herman, Paul Pelckmans, L’Épreuve du lecteur : Livres et lectures dans le roman d’Ancien Régime, Paris, Peeters; 1995, p. 308-16
  • (en) Natania Meeker, « 'I Resist no Longer': Enlightened Philosophy and Feminine Compulsion in Thérèse philosophe », Eighteenth-Century Studies, Spring 2006, n° 39 (3), p. 363-76
  • Nicolas Miteran, « La Fureur poétique des abbés ou les illusions dangereuses : les Discours édifiants dans Thérèse philosophe (1748) », Éd. Et intro. Jacques Wagner, Roman et Religion en France (1713-1866), Paris, Champion, 2002, p. 83-97
  • Anne Richardot, « Thérèse philosophe : Les Charmes de l'impénétrable », Eighteenth-Century Life, May 1997, n° 21 (2), p. 89-99
  • (en) Jeanne-Hélène Roy, « S(t)imulating Pleasure: The Female Body in Sade's Les Infortunes de la Vertu and Thérèse philosophe », Cincinnati Romance Review, 1999, n° 18, p. 122-31
  • (de) Hans-Ulrich Seifert, «Der Heilige Strick [Postface]», Thérèse philosophe, ed. Michael Farin et Hans-Ulrich Seifert, Munich 1990, p. 423-446
  • (en) Paul J. Young, «Moving Beyond Pleasure: Writing (In) the Libertine Novel» in Seducing the Eighteenth-Century French Reader: Reading, Writing and the Question of Pleasure, Burlington (Vermont), Ashgate 2008, p. 31-53
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