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Théorie des obligationes

L'obligatio (pluriel obligationes; ou discussion de obligationibus) étaient un format de discussion médiévale (disputatio) extrêmement codifiée[1] et courante aux XIIIe et XIVe siècles. Malgré leur nom, ils n'avaient rien à voir avec l'éthique ou la morale mais plutôt avec des jeux de formalisme logique[2], limités dans le temps[3]. Le nom vient du fait que les participants étaient "obligés" de suivre les règles[4].

En règle générale, il y avait deux parties, un opposant (opponens) et un répondant (respondens). Au début d'un débat, les deux parties étaient d'accord sur une proposition et une posture (positum), généralement une fausse déclaration. La tâche de l'opposant était d'essayer de forcer le répondant dans ses contradictions, par exemple en posant des questions. La tâche du répondant était de répondre rationnellement aux questions de l'opposant, en supposant la vérité du positum et sans se contredire. Une proposition était soit acceptée, soit rejetée, soit qualifiée impertinens, auquel cas le répondant pouvait la concéder, la rejeter ou la laisser douteuse[3].

Plusieurs styles d'obligationes ont été relevés dans la littérature médiévale, le plus largement étudié étant appelé positio. Ces discussions ressemblent aux théories récentes du raisonnement contrefactuel et on pourrait considere qu'elles précédent la pratique moderne de la défense de thèse universitaire. Les obligationes ressemble également à une version stylisée et très formalisée des dialogues socratiques ou d'une situation dialectique aristotélicienne avec un répondeur et un questionneur [5]. Elles précèdent d'autres types de discussions logiques modernes tels que les jeux de Lorenzen, les jeux de Hintikka et la sémantique des jeux.

Guillaume d'Ockham a déclaré que les obligationes :

... consistent en ceci qu'au début, une proposition doit être posée, puis des propositions doivent être ajoutées comme il plaira à l'opposant, et à celles-ci le répondant doit répondre en accordant ou en niant ou en doutant ou en distinguant. Lorsque ces réponses sont données, l'opposant, quand cela lui plaît, doit dire: «le temps est fini». C'est-à-dire que le temps de l'obligation est terminé. Et puis on voit si le répondant a bien répondu ou non[6].

Références

  1. Jean Boquin et Daniel Celeyrette, « La logique au Moyen Âge », sur Pourlascience.fr, Pour la science, (consulté le )
  2. « Medieval Theories of Obligationes », Stanford Encyclopedia of Philosophy
  3. Jean Boquin et Daniel Celeyrette, « L'argumentation au Moyen Âge », sur Pourlascience.fr, Pour la science, (consulté le )
  4. Uckelman, Sara L., 2011, "Interactive Logic in the Middle Ages"; Institute for Logic, Language, and Computation
  5. Aristotle, Topica VIII
  6. William of Ockham, c.1323, Summa Logicae; 40, p.67

Bibliographie

  • Ashworth, EJ "Obligationes Treatises: A Catalog of Manuscripts, Editions and Studies." Bulletin de Philosophie Médiévale 36, 1994, p. 118-147.
  • Ekenberg, Thomas. «Order in Obligational Disputations». Dans: Georgiana Donavin, Carol Poster, Richard Utz (éds. ), Medieval Forms of Argument: Disputation and Debate. Eugene, OR: Wipf & Stock, 2002. pp. 53-66.
  • Spade, Paul Vincent; Yrjönsuuri, Mikko. "Medieval Theories of Obligationes". In Zalta, Edward N. (ed.). Stanford Encyclopedia of Philosophy.
  • Uckelman, Sara L. Bibliography of obligationes literature

Lectures complémentaires

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