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Théorie de l'agence

La théorie de l'agence ou dilemme de l'agence[1] est la branche de l'économie qui s'occupe des conséquences du problème principal-agent, en particulier à l'intérieur d'une même unité économique, administration ou entreprise. En tant que telle, elle constitue un domaine à cheval entre l'économie industrielle et la théorie des organisations.

Michael C. Jensen et William H. Meckling définissent, en 1976, la relation d'agence comme un contrat par lequel une ou plusieurs personnes (le(s) principal(aux)) engage une autre personne (l'agent) pour exécuter en son nom une tâche quelconque qui implique une délégation de décision à l'agent[2].

Le but est de modéliser une relation dans laquelle un « principal » recrute un « agent » dans des conditions d'information imparfaite.

Théorie

La théorie de l'agence est fondée sur une opposition entre deux agents :

  • d'une part, le dĂ©tenteur des moyens de production, alors appelĂ© « actionnaire », ou de manière gĂ©nĂ©rale, « le principal » ;
  • d'autre part, l'agent qui exploite les moyens de production du premier Ă  sa demande.

Dans le monde de l'entreprise, il existe plusieurs relations de cette nature :

  • Employeur – SalariĂ© ;
  • Épargnant – Banque ;
  • Citoyen – ReprĂ©sentant Ă©lu ;
  • Actionnaire – Gestionnaire;
  • Franchiseur - FranchisĂ©.

Une telle opposition, établie dans le but de maximiser le profit de l'actionnaire, permet à l'agent d'en tirer en échange des bénéfices (salaire, options d'achat d'actions…). Malgré le consentement mutuel, il y a une opposition des intérêts :

  • l'actionnaire compte rentabiliser son capital ;
  • l'agent veut tirer des bĂ©nĂ©fices de son action, ce qui signifie entamer une part de la rentabilitĂ© du capital.

D'un point de vue plus général :

  • le principal met en place un système qui pousse l'agent Ă  rĂ©aliser l'action tout en dĂ©voilant la totalitĂ© des informations ;
  • l'agent veut garder le pouvoir dĂ©cisionnel qu'il peut tirer de ses informations.

Par conséquent, une telle relation présente les risques suivants :

  • asymĂ©trie d'information (qu'elle soit volontaire ou non) ;
  • alĂ©a moral (non-respect de l'ensemble des règles et accords passĂ©s) ;
  • antisĂ©lection (une asymĂ©trie d'information trop importante peut inciter le principal Ă  choisir par souci de rentabilitĂ© un bien ou service de moins bonne qualitĂ©, et l'agent Ă  adopter un comportement dit de passager clandestin) ;

Mais aussi des coĂ»ts, appelĂ©s « coĂ»ts d'agence Â» :

  • notamment ceux liĂ©s Ă  la surveillance de l'agent (par exemple, un conseil d'administration) ;
  • les coĂ»ts d'obligations supportĂ©s par l'agent ;
  • les pertes rĂ©siduelles qui sont dues aux coĂ»ts d'opportunitĂ© du principal.

Pratique

Adam Smith notait en 1776, dans sa Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, que « les directeurs de ces sortes de compagnies (les sociétés par actions) étant les régisseurs de l'argent d'autrui plutôt que de leur propre argent, on ne peut guère s'attendre à ce qu'ils y apportent cette vigilance exacte et soucieuse que des associés apportent souvent dans le maniement de leurs fonds ».

On peut aborder aussi la théorie de l'agence sous l'angle du problème des coûts que représente l'assurance-maladie aujourd'hui : l'asymétrie d'information entraîne un comportement déconnecté de la réalité des coûts de la part des agents (les assurés), donc une lutte contre ces aléas moraux par le ticket modérateur, le dossier médical partagé, des campagnes d'information, etc.

La thĂ©orie de l'agence peut-ĂŞtre mobilisĂ©e dans de nombreuses applications. Eric von Hippel montre comment rĂ©soudre le dilemme « acheter ou innover Â» dans la relation entre un fabricant et un utilisateur (ce dernier pouvant ĂŞtre une firme ou un individu)[3]. L'utilisateur est le principal, le fabricant un agent. Il y a des coĂ»ts d'agence lorsque l'utilisateur fait appel Ă  un fabricant pour se procurer un produit. En effet, l'utilisateur veut un produit qui rĂ©ponde parfaitement Ă  ses besoins dans la limite de son budget. En revanche, le fabricant va tenter de faire baisser les coĂ»ts engendrĂ©s par le dĂ©veloppement du produit demandĂ© en rĂ©utilisant des solutions existantes ou, au contraire, en anticipant sur la demande de ses futurs clients. Dans ce cadre, l'offre n'est pas exactement personnalisĂ©e. Aligner les intĂ©rĂŞts du fabricant (agent) et de l'utilisateur (principal), engendre des coĂ»ts d'agence. Finalement, l'utilisateur fait un arbitrage et peut dĂ©cider de concevoir lui-mĂŞme le produit dont il a besoin plutĂ´t que de l'acheter et ainsi Ă©viter les coĂ»ts d'agence. Dans ce cas, von Hippel parle d'utilisateur innovateur.

Notes et références

  1. Développée par Stephen Ross [1973], Michael Jensen et William Meckling [1976] et George Akerlof [1970]
  2. (en) Michael C. Jensen et William H. Meckling, « Theory of the firm: Managerial behavior, agency costs and ownership structure », Journal of Financial Economics, vol. 3, no 4,‎ , p. 308 (DOI 10.1016/0304-405X(76)90026-X, lire en ligne)
  3. (en) Eric von Hippel, Democratizing Innovation, , 220 p. (ISBN 0-262-00274-4, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • (fr) ThĂ©orie de l'influence [PDF] - JC Frezal, B Frezal, C Leininger-Frezal, T G Mathia, B Mory, une introduction provisoire pour un modèle global, utilisable par tous, enseignable Ă  tous. Une mise en relativitĂ© de la thĂ©orie des jeux et de celle de l'agence.
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