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Test de Meares et Stamey

En urologie, le test de Meares et Stamey[note 1], plus rarement nommé analyse d'urine fragmentée[1], appelé à l'origine le test des 4 verres, est un examen microbiologique visant à déterminer chez un patient masculin la présence d'une infection urinaire ou d'une prostatite d'origine bactérienne. Il fut proposé en 1968 par Edwin M. Meares Jr[2] et Thomas Stamey[3] et se déroule en quatre temps : la récolte des dix premiers millilitres d'urine (celui de l'urètre, le premier jet), des 200 millilitres suivant (celui de la vessie, le milieu de jet), de la sécrétion prostatique après massage et enfin l'urine après massage. Cet examen étant inconfortable pour les patients et chronophage pour les praticiens, il a rapidement été modifié et remplacé par le « test pré- et post-massage », dit aussi « test des deux verres »[4] - [5] - [6] - [7].

Historique

Entre 1920 et 1930, des analyses avaient confirmé qu'une inflammation prostatique pouvait être causée par l'implication de bactéries Gram positif et négatif, laissant ainsi diffuser l'idée de la possible présence de leucocytes et bactéries dans les sécrétions prostatiques[8]. Dans les années cinquante, cette idée fut remise en cause par la possibilité d'une inflammation d'origine non bactérienne. En 1968 est apparu le test de Meares et Stamey qui fut considéré par la suite comme l'étalon or parmi les méthodes de diagnostic d'une prostatite[9]. Cependant, ce test étant laborieux et inconfortable pour les patients, les obligeant parfois à certaines acrobaties, ajouté au fait qu'il ne se produit pas systématiquement des sécrétions lors du massage prostatique, des modifications lui ont été apportées, devenant le test pré- et post-massage ou test des deux verres[10].

MĂ©thodes

Le test se dĂ©roule après une pĂ©riode d'au moins trois jours sans Ă©jaculation. Le jour de l'examen, le patient ne doit pas avoir urinĂ© durant les trois heures prĂ©cĂ©dant le test et doit avoir la vessie pleine. Le gland est dĂ©calottĂ© et dĂ©sinfectĂ© avec une solution savonneuse simple. L'Ă©preuve se dĂ©roule en quatre temps : (VB1) rĂ©colte de 5 Ă  10 ml d'urine urĂ©trale dans un premier rĂ©cipient ; (VB2) rĂ©colte de 100 Ă  200 ml d'urine vĂ©sicale dans un second rĂ©cipient ; (EPS) massage prostatique Ă©nergique pendant une minute durant lequel les sĂ©crĂ©tions sont rĂ©coltĂ©es dans un troisième rĂ©cipient ; (VB3) rĂ©colte de 5 Ă  10 ml d'urine post-massage dans un quatrième rĂ©cipient[9].

Les volumes de VB1 et VB3 doivent être identiques pour éviter une dilution des germes dans l'un des échantillons. Les étapes VB1, EPS et VB3 sont suivies d'une observation immédiate des leucocytes au microscope et d'une mise en culture. Le test pré- et post-massage ne concerne que les étapes VB2 et VB3 entre-suivies d'un massage prostatique sans récolte isolée des sécrétions.

Note : VB = voided bladder (vidange de la vessie) ; EPS = expressed prostatic secretion (sécrétion prostatique exprimée). Dans certains manuels VB est remplacé par JU (jet d'urine) et EPS par SPE (sécrétion prostatique exprimée)[11].

Selon une étude réalisée aux États-Unis auprès de 504 urologues, le test des 4 verres est rarement pratiqué pour diagnostiquer une prostatite chronique : 47 % des praticiens interrogés ont répondu qu'ils l'effectuaient rarement, 33 % ont répondu qu'ils ne le pratiquaient jamais tandis que 4 % ont répondu qu'ils l'effectuaient presque toujours. Cette même étude indique que bien que la prostatite d'origine bactérienne est rare, le recours aux antibiotiques est fréquent : 40 % des urologues interrogés les prescrivent à tous leurs patients et 42 % à plus de la moitié[12].

Interprétation des résultats

Si l'Ă©chantillon d'urine urĂ©trale (VB1) contient au moins dix fois plus de germes par millilitre que l'Ă©chantillon d'urine post-massage (VB3), il s'agit d'une urĂ©trite. La prĂ©sence de plus de 100 000 germes par millilitre dans l'Ă©chantillon d'urine vĂ©sicale (VB2) est caractĂ©ristique d'une infection urinaire vĂ©sicale, qui sera traitĂ©e par la prise d'antibiotiques pendant deux ou trois jours, suivie d'un nouveau test qui indiquera une infection de la prostate si l'infection urinaire persiste. Une prostatite bactĂ©rienne est manifeste lorsqu'il y a dix fois plus de germes dans les sĂ©crĂ©tions prostatiques (EPS) et l'urine post-massage (VB3) que dans les Ă©chantillons prĂ©-massage (VB1 et VB2), tout comme la prĂ©sence de 10 Ă  15 leucocytes par champ Ă  l'examen microscopique.

Tableau récapitulatif du test de Meares et Stamey[9]
CC : comptage des colonies ; GB : numération des globules blancs.
Pathologie (catégorie NIH)TestVB1VB2VB3EPSCommentaires
Prostatite aiguë (I)CC>105/mlMassage prostatique contre-indiqué
GBNombreux
Prostatite bactérienne chronique (II)CCPeu nombreux>104/mlAvec infection des voies urinaires récidivante.
GBAucunRelativement nombreuxNombreux
Syndrome douloureux pelvien chronique (IIIA)CCAucunPossible bactéries cultivées sur VB3 et EPS.
GBAucunNombreuxAucune infection des voies urinaires récidivante.
Syndrome douloureux pelvien chronique (IIIB)CCAucun
GB
Prostatite inflammatoire asymptomatique (IV)CCAucunPossible bactéries cultivées sur VB3 et/ou EPS.
GBAucunNombreux
Cystite (infectieuse)CC>105/ml± >105/mlDécompte de KASS[note 2] évalué mais bactériométrie <105/ml. Les échantillons VB1 à EPS peuvent être plusieurs fois en présence d'urétrite par contamination. Il faut donc traiter avec de la nitrofurantoïne et répéter le test.
GB
UrétriteCC>105/mlAucun
GBNombreuxAucun

Notes et références

Notes
  1. On lui donne également le nom de test de Meares-Stamey ou plus simplement test de Stamey, et parfois « test » est remplacé par « épreuve » et « verre » par « prélèvement ».
  2. D'après les travaux d'Edward H. Kass, 1955.
Références
  1. Éric Chartier, Urologie, De Boeck, , 4e éd. (ISBN 978-2-84371-147-3, lire en ligne), p. 120
  2. Edwin M. Meares Jr (1934 – 2000)
  3. Thomas Alexander Stamey (26 avril 1928 – 4 septembre 2015), professeur émérite d'urologie à l'école de médecine de l'université Stanford, (en) Biographie, The William P. Didusch center for Urologic History — (en) Biographie, Stanford Medecine
  4. Meares EM Jr et Stamey TA, Bacteriologic localization patterns in bacterial prostatitis and urethritis, in Invest Urol, vol. 5, nº 5, mars 1968, pp. 492–518, PMID 4870505
  5. [PDF] Louis SIBERT, Philippe GRISE, Bernard BOILLOT, Salim LOULIDI, Jean-Georges GUERIN, Valeur diagnostique du test de Stamey dans les prostatites chroniques
  6. « Prostatite : test des 4 verres », sur Figaro.fr, rubrique Santé
  7. Treuthardt C, Leisinger HJ, « Prostatite [Prostatitis] », Rev Med Suisse, vol. 1, no 44,‎ , p. 2857-9. (PMID 16382719, lire en ligne [html])
  8. (en) Nickel AC, « The bacteriology of chronic prostatitis and seminal vesiculitis and elective localization of the bacteria as isolated Â» J Urol. 1930;24:343.
  9. Wolf-Bernhard Schill, Roger Mieusset, Frank H. Comhaire et Timothy B. Hargreave (trad. de l'anglais), Traité d'andrologie à l'usage des cliniciens, Paris, Springer Science & Business Media, , 644 p. (ISBN 978-2-287-72080-2), p. 219
  10. (en) Nickel JC, « The Pre and Post Massage Test (PPMT) : a simple screen for prostatitis Â» Tech Urol. 1997;3(1):38-43. PMID 9170224
  11. Wolf-Bernhard Schill, Roger Mieusset, Frank H. Comhaire, Timothy B. Hargreave, Traité d'andrologie à l'usage des cliniciens, Springer Science & Business Media, (ISBN 9782287720802), p. 405.
  12. (en) McNaughton Collins M, Fowler FJ Jr, Elliott DB, Albertsen PC, Barry MJ, Diagnosing and treating chronic prostatitis : do urologists use the four-glass test?, (PMID 10699621)
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