Surkh Kotal
Surkh Kotal (persan : سرخکوتل) est un site archéologique d'époque kouchane situé dans le nord de l'Afghanistan.
Surkh Kotal | ||
Pièce d'or avec la représentation de Vima Kadphisès (British Museum). | ||
Localisation | ||
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Pays | Afghanistan | |
Coordonnées | 36° 03′ 00″ nord, 68° 34′ 00″ est | |
Géolocalisation sur la carte : Afghanistan
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C'est en 1951 que l'attention du directeur de la Délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA), Daniel Schlumberger, est attirée sur divers vestiges comportant des inscriptions grecques sur le site de Surkh Kotal, à 19 kilomètres au nord-ouest de Pol-e Khomri.
La découverte est d'importance. On découvre en effet que ces inscriptions en grec s'appliquent à une langue jusque-là inconnue que l'on va nommer le bactrien, ce qui montre à l'évidence l'influence grecque sur les souverains kouchans, dont l'empire connaît son apogée avec Kanishka, dont les dates du règne demeurent controversées. Les fouilles de la DAFA sur ce site vont se poursuivre en plusieurs campagnes de 1952 à 1963.
Le site de Surkh Kotal se compose d'un haut édifice central surmonté d'un temple dont il ne subsiste que quelques vestiges, auquel on accède par un escalier très raide. Ce temple, selon Daniel Schlumberger, était destiné à célébrer un culte du feu. Il ne s'agissait probablement pas d'un culte "mazdéen", mais plutôt d'un culte indien ou iranien se rattachant peut-être au "feu dynastique kouchan". Le décor de l'ensemble (colonnes, pilastres, chapiteaux), selon l'heureuse expression de Gérard Fussman, peut se caractériser comme "un art oriental habillé à la grecque"[1].
Ce sanctuaire principal était flanqué de deux petits temples. L'ensemble était entouré d'une muraille avec cinq tours reliées entre elles par un chemin de ronde. Le site s'étendait sur une superficie totale de 18 hectares. Il aurait été édifié sous Vima Kadphisès (vers 105-127 ?) et restauré une trentaine d'années plus tard par son fils Kanishka.
Les inscriptions en bactrien précisaient qu'elles avaient été effectuées en l'an un du règne ou de l'ère de Kanishka[2]. Les fouilles ont permis de mettre au jour une statue représentant Kanishka (en fait, la statue était privée de tête et d'une partie du torse). Transportée au musée de Kaboul peu après sa découverte, cette statue a été stupidement martelée par les talibans[3] ; des spécialistes français se sont attachés à la reconstituer.
La découverte en 1993 d'une autre inscription en bactrien, à Rabatak, dans la région de Balkh, a confirmé la puissance de l'empire de Kanishka, qui comprenait une grande partie du Tadjikistan et de l'Ouzbékistan, la partie orientale de l'Afghanistan, tout le nord du Pakistan et de l'Inde jusqu'au Bangladesh.
À la fin du IIIe siècle ou au début du IVe, les monuments de Surkh Kotal ont été détruits par un incendie ; le site a été provisoirement réoccupé puis définitivement abandonné.
Notes
- Gérard Fussman, "Les Kouchans dans l'histoire de l'Asie centrale et de l'Inde", CLIO
- Cet "an un" de l'ère de Kanishka a fait couler beaucoup d'encre, car on ne connaît pas sa correspondance avec le calendrier grégorien ; les études les plus récentes situent cet "an un" entre 78 et 127 de notre ère (Gérard Fussman, ibid).
- Voir l'état du musée de Kaboul après la guerre civile, les pillages et les martelages et autres dégradations effectuées par les talibans (on voit ce qui reste, hélas, de la statue de Kanishka et aussi de la plaque de l'inscription de Surkh Kotal) :
Bibliographie
- Daniel Schlumberger, Marc Le Berre, Gérard Fussman, Surkh Kotal en Bactriane. 1, Les temples : architecture, sculpture, inscriptions, Paris, de Boccard, 1983 2 vol. (Mémoires de la Délégation archéologique française en Afghanistan, XXV).
- Gérard Fussman, Surkh Kotal en Bactriane. 2, Les monnaies, les petits objets, (avec Olivier Guillaume, dessins de Daniel Quignon), Paris, de Boccard, 1991 (Mémoires de la Délégation archéologique française en Afghanistan, XXXII)