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Stries d'arrĂȘt de croissance

Les stries d'arrĂȘt de croissance (Ă©galement connues sous le nom de lignes de Harris) sont des lignes, classiquement dĂ©crites en radiographie, oĂč la densitĂ© de l'os est majorĂ©e, et qui correspondent Ă  la position du cartilage de conjugaison au moment d'un arrĂȘt de la croissance longitudinale osseuse.

Physiopathologie

Il a Ă©tĂ© proposĂ© qu'une perturbation de la prolifĂ©ration des chondrocytes en pĂ©riphĂ©rie du cartilage de croissance empĂȘche la pĂ©nĂ©tration physiologique des ostĂ©oblastes Ă  ce niveau lors du processus d'ossification endochondrale[1]. Les ostĂ©oblastes entraĂźnent alors une minĂ©ralisation au contact de la terminaison du cartilage de croissance, ce qui aboutit progressivement Ă  la constitution de la strie d'arrĂȘt de croissance[1]. Un autre modĂšle a cependant attribuĂ© la formation de la strie Ă  un accroissement de la prolifĂ©ration cartilagineuse et de l'activitĂ© ostĂ©oblastique Ă  la reprise de la croissance aprĂšs une pĂ©riode d'arrĂȘt[1]. Les lignes de Harris se forment plus frĂ©quemment au tibia (notamment Ă  sa moitiĂ© infĂ©rieure)[2] mais peuvent thĂ©oriquement se constituer sur n'importe quel os long[1]. Elles ont ainsi Ă©tĂ© dĂ©crites par exemple sur des mĂ©tatarses, des radius, des humĂ©rus ou encore des corps vertĂ©braux[3].

Parmi les facteurs susceptibles de perturber cette ossification endochondrale, les plus fréquemment rapportés dans la littérature sont les carences nutritionnelles (en protéines, vitamines, minéraux), les pathologies infectieuses (pneumonie, variole), les prises de toxiques (alcool) et la détresse psychologique[1] - [2]. Néanmoins de nombreuses pathologies peuvent entraßner la formation de lignes de Harris : ostéopétrose, hypo- ou hyperparathyroïdie, syndrome de Cushing, maladie de Paget, exposition aux radiations ou encore leucémie[1].

Quel que soit le modÚle de formation envisagé, les lignes de Harris se développement immédiatement au contact du cartilage de conjugaison[1]. Il en résulte que leur position dans l'os correspond à la position du cartilage de conjugaison au moment de leur formation. Il est ainsi possible d'estimer leur ùge de survenue[1]. Diverses formules ont ainsi été mises au point, basées sur différents modÚles de croissance osseuse[1].

Ce lien absolu entre lignes de Harris et processus pathologiques doit toutefois ĂȘtre fortement nuancĂ©, plusieurs Ă©tudes n'ayant notamment pas retrouvĂ© de lien entre ces lignes et la survenue de pathologie[1] - [2]. Il a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© que les lignes de Harris pouvaient Ă©galement rĂ©sulter de phĂ©nomĂšnes physiologiques tels que des variations dans la sĂ©crĂ©tion d'hormone de croissance rĂ©sultant en une alternance de phases de croissance osseuse lente et rapide[1] - [2]. Les lignes de Harris peuvent Ă©galement disparaĂźtre au cours de la vie[1] - [2]. Pour ces deux raisons, les stries d'arrĂȘt de croissance seraient donc peu Ă  mĂȘme de prĂ©dire l'Ă©tat de santĂ© Ă  l'Ă©chelle individuelle mais pourraient conserver leur intĂ©rĂȘt pour Ă©valuer l'Ă©tat de santĂ© d'une population (en considĂ©rant que la frĂ©quence de survenue des stries « physiologiques » est constante d'une population Ă  une autre)[1].

Description en imagerie

Exemple de ligne de Harris au niveau de l'extrémité distale du radius d'un adolescent.

Les stries d'arrĂȘt de croissance Ă©tĂ© dĂ©crites au dĂ©but du XXe siĂšcle par plusieurs auteurs : Ludloff (1903), Eliot (1927) et Harris (1933)[2]. Correspondant Ă  un excĂšs de minĂ©ralisation osseuse, les lignes de Harris apparaissent sous la forme d'une ligne dense transversale au sein d'un os long en radiographie conventionnelle[2].

Pour ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une authentique ligne de Harris, certains auteurs recommandent une largeur minimale par rapport Ă  l'os avec diffĂ©rents seuils proposĂ©s (25, 30 voire 50 % selon les Ă©tudes)[2] - [3]. Il existe cependant une variabilitĂ© inter-observateur dans la dĂ©tection radiographique de ces lignes et certains auteurs, afin d'obtenir une meilleure reproductibilitĂ© ont dĂ©veloppĂ© des logiciels de dĂ©tection[1] - [2].

Les stries d'arrĂȘt de croissance ont Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©crites en scanner ainsi qu'en IRM[3].

Utilisation en paléo-anthropologie

Les lignes de Harris persistent aprĂšs la mort et ont Ă©tĂ© observĂ©es sur des squelettes datant de 45 000 ans[1]. Bien que ces lignes soient peu fiables pour Ă©valuer l'Ă©tat de santĂ© Ă  l'Ă©chelon individuel, elles ont comme on l'a dit un intĂ©rĂȘt pour Ă©valuer l'Ă©tat de santĂ© d'une population. C'est ainsi que plusieurs Ă©tudes se sont attachĂ©es Ă  rechercher la prĂ©sence de ces derniĂšres sur les squelettes de populations anciennes[4] - [5] - [6] - [7]. Dans les Ă©tudes comparant des populations anciennes et modernes, le nombre de lignes de Harris Ă©tait plus Ă©levĂ© dans les populations prĂ©-modernes reflĂ©tant un plus mauvais Ă©tat de santĂ©[4] - [5].

Références

  1. (en) MichaƂ Jerzy Kulus et PaweƂ Dąbrowski, « How to calculate the age at formation of Harris lines? A step-by-step review of current methods and a proposal for modifications to Byers’ formulas », Archaeological and Anthropological Sciences, vol. 11, no 4,‎ , p. 1169–1185 (ISSN 1866-9565, DOI 10.1007/s12520-018-00773-5, lire en ligne, consultĂ© le )
  2. Christina Papageorgopoulou, Susanne K. Suter, Frank J. RĂŒhli et Frank Siegmund, « Harris lines revisited: prevalence, comorbidities, and possible etiologies », American Journal of Human Biology: The Official Journal of the Human Biology Council, vol. 23, no 3,‎ , p. 381–391 (ISSN 1520-6300, PMID 21387459, DOI 10.1002/ajhb.21155, lire en ligne, consultĂ© le )
  3. (en) Charlotte Primeau, Lykke SchrĂžder Jakobsen et Niels Lynnerup, « CT imaging vs. traditional radiographic imaging for evaluating Harris Lines in tibiae », Anthropologischer Anzeiger, vol. 73, no 2,‎ , p. 99–108 (ISSN 0003-5548, DOI 10.1127/anthranz/2016/0587, lire en ligne, consultĂ© le )
  4. (en) Jaewon Beom, Eun Jin Woo, In Sun Lee et Myeung Ju Kim, « Harris lines observed in human skeletons of Joseon Dynasty, Korea », Anatomy & Cell Biology, vol. 47, no 1,‎ , p. 66 (ISSN 2093-3665 et 2093-3673, PMID 24693484, PMCID PMC3968268, DOI 10.5115/acb.2014.47.1.66, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. (en) S. Ameen, L. Staub, S. Ulrich et P. Vock, « Harris lines of the tibia across centuries: a comparison of two populations, medieval and contemporary in Central Europe », Skeletal Radiology, vol. 34, no 5,‎ , p. 279–284 (ISSN 1432-2161, DOI 10.1007/s00256-004-0841-3, lire en ligne, consultĂ© le )
  6. John E. Lobdell, « Harris Lines: Markers of Nutrition and Disease at Prehistoric Utqiagvik Village », Arctic Anthropology, vol. 21, no 1,‎ , p. 109–116 (ISSN 0066-6939, lire en ligne, consultĂ© le )
  7. Karin L. Sandness et John R. Green, « LINES OF ARRESTED GROWTH IN LONG BONES OF PREHISTORIC AND HISTORIC NEBRASKA NATIVE AMERICANS », Plains Anthropologist, vol. 38, no 143,‎ , p. 211–216 (ISSN 0032-0447, lire en ligne, consultĂ© le )
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