Sera (ville de l'Asie ancienne)
Sera est une ville de l'Asie ancienne, dans la Sérique, capitale des Sères[1].
Le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle émit, en son temps, l'hypothèse selon laquelle la ville actuelle de Lhassa, dans le Tibet, eût occupé l'emplacement de l'antique Sera[1]. La question de sa situation géographique s'est posée durant des siècles. Diderot et d'Alembert remontent prudemment jusqu'à Ptolémée, lequel lui donna le titre de métropole[2], tout en se faisant l'écho des encyclopédistes du XVIIIe siècle[note 1]. Pour Conrad Malte-Brun, la connaissance de l'antique cité, qu'il qualifiait aussi de métropole, est liée à celle de la Sérique; selon lui, elle se situerait à Serinagor[4]. Cette thèse repose probablement sur les travaux de Pascal-François-Joseph Gossellin[5] qui reconnaissait la Sérique des Anciens dans le « Seri-nagar », et l'antique Sera dans la ville capitale de Seri-nagar ou « Sera-nagar »[note 2], un territoire qu'il identifiait à l'actuel Tibet[note 3].
Selon Johann Joachim Eschenburg, la ville de Sera était le carrefour du commerce en Asie ancienne[8].
Notes et références
Références
- Pierre Larousse, « SERA », Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, t. 14e, , p. 579.
- Denis Diderot, Jean le Rond D'Alembert, « SERA », Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, t. 15e, (L’Encyclopédie/1re édition/SERA), p. 860
- Antoine-Augustin Bruzen de La Martinière, « SERA », Le grand dictionnaire géographique, historique et critique, t. 5e, (lire en ligne), p. 497.
- Conrad Malte-Brun, Précis de géographie universelle, t. 14e, F. Buisson, , « Histoire de la Géographie », p. 316.
- Pascal-François-Joseph Gossellin, Recherche sur la géographie systématique et positive des Anciens, pour servir de base à l'histoire de la géographie ancienne, t. 4, Debure frères, , « Recherches sur la Sérique des Anciens, et sur les limites de leurs connaissances dans la Haute Asie », p. 267.
- D'Anville, « Recherche sur la Sérique », pages 207-211.
- Joseph Hager, Panthéon chinois : Panthéon chinois ou parallèle entre le culte religieux des Grecs et celui des Chinois : avec de nouvelles preuves que la Chine a été connue des Grecs, et que les Sères des auteurs classiques ont été des Chinois, Didot, , p. 25.
- Johann Joachim Eschenburglang, Manual of classical literature, E.C. Biddle, , « Of Asia », p. 43.
Notes
- En citant Gérard Mercator, pour qui l'antique cité se trouvait à Sindinfu, ou un certain Niger (Pescennius ?), qui la voyait plutôt à Cambalech. La localisation de ces noms, aujourd'hui oubliés, permettrait au contemporain de suivre la pensée du XVIIIe siècle. Plus audacieux, Antoine-Augustin Bruzen de La Martinière n'hésite pas à citer Abraham Ortelius, lequel pensait que Sera était cette ville dont Ammien Marcellin appelait Pheræ[3].
- L'auteur expliquant par ailleurs que le terme « nagar » ou « nagor », dans l'Inde ou dans quelques États qui l'avoisinent, était un titre donné aux principales villes de plusieurs provinces, pour indiquer qu'elles y tenaient le premier rang. Gossellin développe sa thèse sur plusieurs pages, en s'appuyant notamment sur les travaux de Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville, lesquels situaient Sera à kan-tcheou, ville du Tangut (Chine septentrionale ?)[6], pour mieux la contrer et appuyer la sienne.
- Un territoire qui environnait la source du Gange en partant du petit Tibet, et qui venait se confondre avec les montagnes du grand Tibet. Joseph Hager (1757-1818, philologue et antiquaire allemand ayant travaillé à la Bibliothèque nationale de Paris) défendit quant à lui la thèse selon laquelle l'antique Sera se trouvait dans la Chine septentrionale, et que la Sérique et la Chine ont été le même pays[7]