Selle de bicyclette
La selle de bicyclette est la piĂšce sur laquelle le cycliste s'assoit.
RĂ©glages
Il arrive souvent que le confort de la selle de vélo ne dépende que de quelques ajustements. Les voici ci-dessous
Hauteur
En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, on ajuste la selle de maniĂšre Ă avoir la jambe allongĂ©e sans ĂȘtre tout Ă fait droite lorsque la pĂ©dale se trouve en position basse. Si dans cette position la personne doit se balancer d'un cĂŽtĂ© et de l'autre pour pĂ©daler, c'est que la selle est trop haute. Toutefois, les adeptes de descente Ă vĂ©lo ont tendance Ă placer leur selle trĂšs bas car ils sont quasiment debout tout le long de l'effort et la selle ne doit en aucun cas gĂȘner l'amplitude des mouvements du pilote . Pour la descente, l'efficacitĂ© du mouvement de pĂ©dalage est secondaire car la gravitĂ© prend vite le dessus. Pour les coureurs (piste, ou route) on privilĂ©giera plutĂŽt le confort et l'efficacitĂ© car ces derniers doivent parcourir de trĂšs longues distances.
En théorie la hauteur de selle se calcule ainsi : entrejambe fois 0,883 ou 0,885 en fonction de la discipline : VTT ou route, mais en pratique il convient, lorsque l'on pédale de pouvoir déployer parfaitement sa jambe quand la pédale est au plus bas. La cheville doit former un angle légÚrement supérieur à 90°. Si l'on a des douleurs aux cuisses quand on pédale, la selle est trop basse ; si l'on a mal aux hanches, genoux, chevilles, la selle est trop haute.
Un bon moyen de rĂ©gler la hauteur de selle est de se positionner sur le vĂ©lo et de pĂ©daler Ă l'envers avec les talons : le rĂ©tropĂ©dalage doit pouvoir ĂȘtre effectuĂ© en conservant toujours le talon en contact avec la pĂ©dale, et sans dĂ©hanchement excessif.
Angle Droit
Une fois la bonne hauteur trouvée, il faut procéder au réglage de l'angle.
La plupart des cyclistes aiment avoir leur selle aussi droite que possible. Toutefois, certains cyclistes lui donnent un léger angle vers le haut pour y mettre ainsi plus de poids alors que d'autres préfÚrent un angle vers le bas. C'est essentiellement une question de goût. Par ailleurs cette inclinaison doit rester légÚre.
Le recul de la selle se rĂšgle de la façon suivante : on monte sur le vĂ©lo, on chausse ses pĂ©dales et on place l'une des manivelles Ă l'horizontale vers l'avant. Une fois dans cette position, l'axe de pĂ©dale doit ĂȘtre alignĂ© avec le devant du genou. Ce rĂ©glage n'influe pas Ă©normĂ©ment sur le pĂ©dalage ou le confort mais il convient nĂ©anmoins de l'effectuer.
Position longitudinale
Il est généralement préférable de garder la selle bien au centre de sa tige. Si vous l'avancez ou la reculez trop, vous modifierez la géométrie de votre vélo et la position de votre corps. Il arrive parfois de compenser la longueur du cadre en reculant la selle, cela évite parfois à changer de cadre. Mais ces réglages restent minimes.
Design de selles, ergonomie et santé sexuelle
Pour l'homme comme pour la femme, certaines selles sont inconfortables voire sources de traumatisme chronique pour le plancher pelvien, pouvant se traduire par des douleurs chroniques et divers problÚmes pathologiques (dont trouble de l'érection chez l'homme). Diverses études ont apporté des données sur la prévalence, la physiopathologie et les stratégies de prévention de la dysfonction sexuelle induite par la pratique courante ou intensive du cyclisme[1].
Divers symptĂŽmes sont connus, dont l'engourdissement pĂ©rinĂ©al (qui touche 22 Ă 91 % des cyclistes) et la dysfonction Ă©rectile (1,8 Ă 50 % des hommes), probablement Ă la suite de la compression pĂ©rinĂ©ale du nerf pudendal dans le canal d'Alcock par la selle et Ă la suite d'autres microtraumatismes chroniquement rĂ©pĂ©tĂ©s. Le cycle de l'axe hypothalamo-hypophyso-gonadique pourrait aussi ĂȘtre affectĂ© (via des changements de signalisation de la testostĂ©rone susceptibles d'induire indirectement un dysfonctionnement sexuel)[1]. Des preuves existent que la position du cycliste sur le vĂ©lo, et son type de selle de vĂ©lo influent sur l'intensitĂ© de la « compression pudendale » (et donc sur le dysfonctionnement sexuel induit)[1].
Chez la femme
Les femmes faisant de la compĂ©tition cycliste se plaignent souvent de douleurs gĂ©nitales, d'engourdissements ou d'ĆdĂšme apparaissant au niveau des structures du plancher pelvien[1].
Il est démontré que la pression de la selle sur le périnée « peut altérer l'excitation et l'érection clitoridienne », contribuant probablement à la douleur génitale et à l'engourdissement ressentis par les cyclistes féminines et parfois à la dysfonction sexuelle féminine (DSF, ou FSD pour female sexual dysfunction, évaluée par un score FSFI qui est un indice de la fonction sexuelle féminine), sans lien direct avec la fréquence et la durée de la pratique du vélo[2].
Dans une Ă©tude publiĂ©e en 2016 : sur 114 femmes membre de club cyclistes aux Pays-Bas, aprĂšs au moins 2 heures de vĂ©lo et 48h au maximum, une dysurie, une strangurie, un engourdissement gĂ©nital et une gĂȘne vulvaire Ă©taient ressentis chez respectivement 8,8 %, 22,2 %, 34,9 % et 40,0 % [3] ; les selle trop larges Ă©taient dans cette Ă©tude significativement associĂ©e Ă la dysurie et strangurie[3]. L'Ăąge augmentait le risque d'inconfort vulvaire[3]. 50,9 % de ces pratiquantes du vĂ©lo ont dĂ©clarĂ© au moins un traumatisme urogĂ©nital et 40% une dyspareunie d'insertion (perdurant jusqu'Ă 48 heures aprĂšs l'effort) et 35,1 % des cyclistes ont dĂ©clarĂ© avoir eu au moins un ĆdĂšme vulvaire uni- ou bilatĂ©ral[3]. 18,4 % de ces femmes cyclistes ont associĂ© la pratique du vĂ©lo Ă des sensations sexuelles dĂ©gradĂ©es, 12,8 % atteignant plus difficilement l'orgasme[3].
Une étude (2018) trouve que comparativement aux non-cyclistes, les cyclistes à faible et à haute intensité étaient plus susceptibles de déclarer une infection urinaire antérieure, un engourdissement génital et des plaies dues à la selle[4]. Cependant, par rapport aux non-cyclistes (coureuses et nageuses dans cette étude), les cyclistes à haute intensité avaient moins de risques de dysfonction sexuelle autodéclarée[4].
Dans une autre étude (2019), 58,1 % de 178 femmes cyclistes interrogées ont signalé un engourdissement génital ; 69,1 % ont signalé des douleurs génitales ; et 53,9 % de ont dit souffrir de DSF[2]. AprÚs ajustement en fonction de l'ùge, de l'indice de masse corporelle, du statut relationnel, des antécédents de tabagisme, des comorbidités et du temps moyen passé à faire du vélo par semaine, il apparait que celles qui éprouvent des douleurs génitales dÚs la premiÚre heure de leur trajet sont plus susceptibles de déclarer une DSE ; et l'analyse des domaines FSFI a révélé que « la fréquence de l'engourdissement était corrélée à une diminution de l'excitation, de l'orgasme et de la satisfaction pendant les rapports sexuels, tandis que la fréquence de la douleur réduisait considérablement l'excitation, l'orgasme et la lubrification génitale »[2].
De nouveaux design de selles ont été proposés pour mieux protéger les organes géniaux externes et le plancher pelvien, et notamment la fonction des nerfs et vaisseaux irriguant les organes génitaux. Des scientifiques ont observé leurs effets en se basant sur des analyses des seuils vibratoires génitaux évalués par un appareil dédié (ex : Medoc Vibratory Sensation Analyzer 3000, et sur des mesures cartographiées des pressions exercées par la selle sur le plancher pelvien. Concernant ces mesures de pression (totales, moyennes ou maximales), une étude n'a pas trouvé de différence statistiquement significative concernant les effets du design de la selle sur la fonction sensorielle du nerf pudendal, mais elles montrent que les selles découpées et plus étroites affectent négativement les pressions de selle chez les cyclistes féminines[5].
Chez l'homme
Certaines pathologies spécifiques du pénis, associées à une Dysfonction érectile, des paresthésies urogénitales et à des dysfonctionnements sexuels, sont dues à une pratique intense du cyclisme (plusieurs heures par jour) sur certains types de selles (typiquement : les selles de sport/course traditionnelle, qui doublent la pression sur la région périnéale par rapport aux selles sans nez saillant)[6] - [7] - [8].
Les selles posant problÚmes sont celles qui sont allongées et qui se terminent en un nez étroit, lequel exerce une pression trop importante et trop localisée sur le périnée (sous la base profonde du pénis)[9].
Des preuves scientifiques claires existent d'une association entre le cyclisme et la dysfonction sexuelle masculine. à la suite des études ayant apporté ces preuves, divers designs nouveaux de selles ont été mis au point, visant à réduire la pression sur le périnée du cycliste, en supprimant le nez étroit et saillant de la selle[9].
Des Ă©tudes ont d'abord suggĂ©rĂ© qu'avec une selle sans nez, le poids du cycliste sur le guidon et les pĂ©dales changeait, au dĂ©triment de la force transmise au vĂ©lo. Ceci n'a pas Ă©tĂ© confirmĂ© par une Ă©tude ayant utilisĂ© des capteurs pression disposĂ©s sur la selle, les pĂ©dales et le guidon (sur des vĂ©los utilisĂ©s par des policiers patrouillant en vĂ©lo)[9]. Des mesures de pression de la selle sur le pĂ©rinĂ©e ont montrĂ© une nette amĂ©lioration (rĂ©duction de 66 % de la pression de contact de la selle dans la rĂ©gion pĂ©rinĂ©ale) avec les selles "sans nez". Les mesures d'engourdissement urogĂ©nital, de seuil de sensibilitĂ© du pĂ©nis aux stimuli vibrotactils (biothĂ©siomĂ©trie), et de la fonction Ă©rectile (faites conformĂ©ment aux recommandations du questionnaire de l'International Index of Erectile Function (IIEF) et des mesures faites au Rigiscan (ordinateur et systĂšme portables enregistrant trois paramĂštres des Ă©rections nocturnes : temporalitĂ©, rigiditĂ©, tumescence)[10] ont Ă©galement montrĂ© qu'aprĂšs 6 mois d'utilisation la selle "sans nez" est prĂ©fĂ©rĂ©e par une trĂšs large majoritĂ© de ses utilisateurs, et a amĂ©liorĂ© les paramĂštres de santĂ© (sauf la rigiditĂ© pĂ©nienne lors de l'Ă©rection, mesurĂ©e par le Rigiscan, « ce qui suggĂšre qu'un temps de rĂ©cupĂ©ration plus long peut ĂȘtre nĂ©cessaire »)[11].
Notes et références
- (en) Caner Baran, Gregory C. Mitchell et Wayne J.G. Hellstrom, « CyclingâRelated Sexual Dysfunction in Men and Women: A Review », Sexual Medicine Reviews, vol. 2, nos 3-4,â , p. 93â101 (DOI 10.1002/smrj.32, lire en ligne, consultĂ© le )
- Daniel R. Greenberg, Yash S. Khandwala, Benjamin N. Breyer et Roger Minkow, « Genital Pain and Numbness and Female Sexual Dysfunction in Adult Bicyclists », The Journal of Sexual Medicine, vol. 16, no 9,â , p. 1381â1389 (ISSN 1743-6095, DOI 10.1016/j.jsxm.2019.06.017, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) T. J. N. Hermans, R. P. W. F. Wijn, B. Winkens et Ph. E. V. A. Van Kerrebroeck, « Urogenital and Sexual Complaints in Female Club CyclistsâA Cross-Sectional Study », The Journal of Sexual Medicine, vol. 13, no 1,â , p. 40â45 (ISSN 1743-6095, DOI 10.1016/j.jsxm.2015.11.004, lire en ligne, consultĂ© le )
- Thomas W. Gaither, Mohannad A. Awad, Gregory P. Murphy et Ian Metzler, « Cycling and Female Sexual and Urinary Function: Results From a Large, Multinational, Cross-Sectional Study », The Journal of Sexual Medicine, vol. 15, no 4,â , p. 510â518 (ISSN 1743-6095, DOI 10.1016/j.jsxm.2018.02.004, lire en ligne, consultĂ© le )
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