Scientométrie
La scientométrie est la science de la mesure et l'analyse de la science. Elle est souvent en partie liée avec la bibliométrie et peut être considérée à la fois comme une réduction et une extension de celle-ci. Réduction puisqu’elle n’applique les techniques bibliométriques qu’au champ des études de la science et de la technologie, en comptabilisant les publications scientifiques. Extension puisqu’elle n’analyse pas seulement les publications mais également des financements, ressources humaines, brevets, etc. d’autre partie liée à la Sociologie de la science.
Histoire de la discipline
Les premiers travaux de bibliométrie et de scientométrie remontent au début du XXe siècle. Alfred Lotka, Samuel Bradford ou George Kingsley Zipf, énoncent leur lois entre 1926 et 1935. Mais ce n’est qu'à partir de 1950 que Derek John de Solla Price fonde véritablement la discipline en théorisant et mettant en pratique l’utilisation des articles scientifiques comme indicateurs quantitatifs de l’activité de recherche[1]. Dans la même période, Eugene Garfield développe l’idée d’utiliser les citations présentes dans les articles scientifiques, c’est-à -dire les renvois faits à d’autres articles, pour lier les articles entre eux[2]. Le premier volume du Science Citation Index voit le jour en 1963.
Les principaux indicateurs
Les indicateurs décrits ci-dessous peuvent s’appliquer à différentes échelles : micro (un chercheur, un groupe), meso (un département, une université) ou macro (une région, un pays, un continent). Ces différentes catégories sont comprises sous l’appellation « unité ».
Les indicateurs bibliométriques
Les indicateurs bibliométriques cherchent à quantifier la production des articles et communications scientifiques. On distingue notamment des indicateurs de production et des indicateurs d'impact[3]. Voir Les principaux indicateurs bibliométriques.
Les indicateurs de moyens
Les indicateurs de moyens (inputs) sont des indicateurs scientométriques non bibliométriques. Ils s’appuient sur des données de budgets et de ressources humaines obtenues à l’échelle meso ou macro, en particulier sous l’égide de l’OCDE.
DIRD et DNRD
La DIRD est la dépense intérieure de recherche et développement. La DIRD correspond à la R&D exécutée en France quelle que soit l’origine des financements (publics ou privés, français ou étrangers). On note DIRDA la R&D exécutée par les administrations, DIRDE celle par les entreprises.
La DNRD est la dépense nationale de recherche et développement en France. Elle correspond au financement, par des entreprises ou des administrations françaises, des travaux de recherche réalisés en France ou à l’étranger. On note DNRDA les dépenses des administrations, DNRDE celles des entreprises.
La différence entre la DNRD et la DIRD correspond au flux de financement vers l’étranger : organisations internationales telles que l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) ou l’Agence spatiale européenne (ESA), Programme-cadre pour la recherche et le développement technologique (PCRD).
Crédits budgétaires publics de R&D
Les crédits budgétaires publics de R&D (CBPRD) sont la part du budget de l’État affectée à la R&D. Cette mesure est utilisée dans les pays de l’OCDE. Elle est définie de la manière suivante :
« Les CBPRD couvrent non seulement la R&D financée par l’État et exécutée dans des établissements publics, mais également la R&D financée par l’État et exécutée dans les trois autres secteurs nationaux (entreprises, institutions privées sans but lucratif, enseignement supérieur) et aussi à l’étranger (y compris les organisations internationales)[4]. »
Utilisation de la bibliométrie et de la scientométrie
Les acteurs
La critique des indicateurs quantitatifs
Notes et références
- Xavier Polanco, « Aux sources de la scientométrie », sur biblio-fr.info.unicaen.fr
- E. Garfield, Citation indexes for science: a new dimension in documentation through association of ideas, Science, 1955;122:108-111
- Vincent Larivière et Cassidy R. Sugimoto, Mesurer la science, Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal,
- Manuel de Frascati, DĂ©finition 485, p. 161 de l'Ă©dition 2002
Voir aussi
Bibliographie
- Cardon D., "Dans l'esprit du PageRank. Une enquête sur l'algorithme de Google", in Réseaux, no 177, Paris, La Découverte, 2013/1, p. 63-95, (ISBN 9782707175489). Dominique Cardon, en retraçant la genèse de l'algorithme de Google, traite de l'apport que constituèrent la scientométrie et le Science Citation Index (SCI) d'Eugene Garfield.
- Godin B., La science sous observation : cent ans de mesure sur les scientifiques, 1906-2006, Presses de l’Université Laval, 2005.
- Godin B., Measurement and Statistics on Science and Technology: 1920 to the Present, Routledge, 2005
- Godin B., On the Origins of Bibliometrics, Project on the History and Sociology of S&T Statistics, Canadian Science and Innovation Indicators Consortium (CSIIC), Working Paper n° 33, 2006.
Articles connexes
Liens externes
- Xavier Polanco, « Aux sources de la scientométrie », tiré de « Les Sciences de l’information : bibliométrie, scientométrie, infométrie », in Solaris, nº 2, Presses universitaires de Rennes, 1995
- Site d’information et d’évaluation sur la bibliométrie en SHS
- Observatoire des sciences et des techniques (Fra)
- Science, technologie et innovation (Can)
- Yoshiko Okubo, Indicateurs bibliométriques et analyse des systèmes de recherche : Méthodes et exemples, Documents de travail sur la science, la technologie et l’industrie, 1997/1, Éditions OCDE, doi:10.1787/233811774611