Savoir expérientiel
Un savoir expérientiel est un savoir acquis par l'expérience personnelle, en dehors du cadre usuel de l'enseignement.
DĂ©finition
Lochard[1] propose « Connaissances acquises par la pratique, à l’occasion des expériences, hors du système scolaire ou non validés par celui-ci » (2007, p. 81). Autrement dit, la production de savoirs, de savoirs faire et de savoirs être en dehors de la formation, mais dans un contexte professionnel, associatif, personnel. La savoir se construit sur et par l’expérience que provoque l’action.
Lochard précise que les savoirs expérientiels sont « désormais dotés d’une double légitimité, scientifique - ils sont reconnus des instances académiques – et politique –leur reconnaissance à travers la VAE corrige une injustice sociale-, ils appartiennent de plein droit au monde de la formation» (2007, p. 93).
La validation des savoirs expérientiels
Déterminer la validité des savoirs expérientiels n’a pas été et n’est pas chose aisée, Blumer[2] en 2004 précise d’ailleurs qu’ils « n’existent pas, en eux-mêmes ; comme un ensemble de conditions sociales objectives […] mais sont fondamentalement les produits d’un processus de définition collective » (p. 189). Autrement dit, ce sont les acteurs sociaux qui ont reconnu la pertinence des acquis issus de l’expérience.
La législation française a valorisé les savoirs expérientiels, notamment dans le cadre de la formation. En 1985, création de la validation de l’acquis professionnelle[3] (VAP), elle permit aux personnes d’accéder à des formation universitaires sans avoir les diplômes requis grâce à la valorisation des acquisitions effectuées dans le cadre professionnel ou non. Puis, en 2002 dans le cadre de la loi de modernisation sociale, la validation de l’acquis de l’expérience[4] (VAE) a été créé et a remplacé la VAP. Les acquis professionnels et/ou personnels, donc les savoirs expérientiels peuvent permettre d’obtenir un diplôme et plus seulement à accéder à une formation. Les modalités d’évaluation des savoirs expérientiels sont soit : « entretien devant un jury et/ou réalisation d’un dossier de preuve et/ou la mise en situation de travail reconstituée ou sur poste. » (Décret interministériel no 2002-615 du 24 avril 2002).
Dans le domaine de la santé par exemple, les personnes ayant exercé auprès de personnes âgées, de patients, de personnes en situation de handicap, au sein de lieu de vie ou de lieu de soins, peuvent prétendre à obtenir le diplôme d’aide-soignant. Pour cela, le demandeur doit justifier d’au moins un an d’expérience professionnelle en lien direct avec le diplôme visé. Les modalités de la VAE se composent de deux étapes : la recevabilité et le passage devant le jury. La recevabilité consiste à réaliser « une demande de recevabilité à la validation des acquis de l’expérience ou livret 1 », le dossier sera examiné par un certificateur qui confirme ou non l’adéquation entre l’expérience professionnelle et le diplôme visé. Si l’adéquation est confirmée, le demandeur doit constituer et envoyer « un dossier de validation ou livret 2» présentant les différents détails du parcours professionnel, les actes et activités de soins réalisés. Puis, reçoit un courrier de convocation afin qu’il explicite son expérience professionnelle devant un jury composé : d’un cadre de santé formateur, une aide-soignante et d’un directeur d’établissement de santé. À l’issue de l’entretien, je jury se prononce soit en faveur : d'une non validation, d'une validation partielle ou une validation totale du diplôme d’État d'aide-soignant. En cas validation partielle du diplôme, le candidat est encouragé à s’inscrire en institut de formation en cursus partiel afin d’obtenir son diplôme.
Références
- Lochard, Y. (2007) L'avènement des "savoirs expérientiels" Revue de l'IRES 2007/3 no 55, p. 79 à 95.
- Blumer, H (2004) [1971] "Les problèmes sociaux comme comportements collectifs", Politix, vol. 17 no 67, p. 185-199.
- Décret no 85-906 du 23 août 1985 fixant les conditions de validation des études, expériences professionnelles ou acquis personnels en vue de l’accès aux différents niveaux de l’enseignement supérieur.
- Décret no 2002-590 du 24 avril 2002 pris pour l’application du premier alinéa de l’article L. 613-3 et de l’article L. 613-4 du code de l’éducation relatif à la validation des acquis de l’expérience par les établissements d’enseignement supérieur.