Sandjak d'Alacahisar
Le sandjak d'Alacahisar était une subdivision administrative de l'empire ottoman, située dans l'eyalet de Roumélie ; son chef-lieu était Alacahisar, actuellement Kruševac en Serbie. En 1833, il est rattaché à la principauté de Serbie et la ville reprend son ancien nom slave, Kruševac.
Historique
Après leur victoire sur le despotat de Serbie au XVe siècle, les Ottomans établissent une garnison à Kruševac et lui donnent le nom d'Alacahisar qui signifie « ville colorée », à cause de ses constructions en pierre polychrome[1]. Alacahisar, située à 150 km au sud-sud-est de Semendria (Smederevo), à peu de distance du confluent de la Zapadna Morava et de la Južna Morava, a été la résidence de plusieurs souverains de Serbie. Užice, un peu plus à l'ouest, était réputée pour ses cerisiers[2].
En 1455, le sandjak d'Alacahisar compte 170 timars (lots de terre destinés à l'entretien des soldats) dont 27 tenus par des chrétiens[3]. Entre 1455 et 1541, il fait partie de l'eyalet de Roumélie ; en 1541, il est rattaché à celui de Budin (aujourd'hui Buda en Hongrie) et en 1558 à celui de Temeşvar (Timișoara)[4]. Au début du XVIIe siècle, il est de nouveau rattaché à l'eyalet de Roumélie[5].
Le voyageur ottoman Evliya Çelebi, qui parcourt les Balkans vers 1660-1670, note que le sandjakbey d'Alacahisar, dépendant du pacha de Roumélie, a un revenu relativement modeste de 20 399 aspres[6]. Le sandjak compte 509 timars et 27 ziamet (en)s (domaines plus vastes destinés à l'entretien des officiers)[7].
Mahmud Pacha Angelović, grand vizir ottoman sous Mehmed II et poète en turc et persan sous le nom d'Adni, exécuté en 1474, était peut-être originaire d'Alacahisar bien que le fait soit contesté[8].
En 1833, par le traité d'Unkiar-Skelessi, la Russie oblige l'empire ottoman à restituer à la principauté de Serbie six districts qui en avaient été détachés en 1813 : Krajna, Ceaceak, Alacahisar, Timok, Crna Reka et Užice[9]. Alacahisar reprend son nom slave de Kruševac. Par une lettre du , les chefs de district serbes, réunis au tribunal de Kruševac, annoncent au prince Miloš Obrenović qu'ils ont entrepris la restauration des églises chrétiennes, tombées à l'abandon sous la domination turque[10].
Démographie
Au recensement ottoman de 1516, 1 000 Voïnouk (en)s (chrétiens exempts de taxes et astreints au service militaire) sont dénombrés dans le sandjak[11].
À la fin du XVIe siècle, les musulmans représentent 85% de la population urbaine à Kruševac/Alacahisar, Prokuplje et Leskovac[12].
Références
- Rajko Bobot, Kosta Rakić, Socialist Republic of Serbia, 1985, p. 187.
- Conrad Malte-Brun, Géographie complète et universelle, tome 6, 1856, p. 297
- Yusuf Hamzaoğlu, Osmanlı dönemi Sırbistan Türklüğü, Logosa, 2004, p. 62.
- Radovan Samardžić, Istorija srpskog naroda, 1981, p. 51.
- Annuaire de la Société historique de Bosnie et Herzégovine/Istorisko društvo Bosne i Hercegovine, 1952. p. 194.
- Evliya Çelebi, Narrative of Travels in Europe, Asia, and Africa, in the Seventeenth Century, vol. 1, p.98, Project Gutenberg
- Evliya Çelebi, Narrative of Travels in Europe, Asia, and Africa, in the Seventeenth Century, vol. 1, p. 102, Project Gutenberg
- Alexandre Popovic, Cultures musulmanes balkaniques, XV.2. 'ADNI Mahmud Paša in: École pratique des hautes études. 4e section, Sciences historiques et philologiques. Annuaire 1976-1977. 1977. pp. 465-474.
- Frederick C. Schneid, European Politics 1815–1848, Routledge, 2017
- Vladislav Ristić, L'église Lazarica et la place forte de Kruševac, Institut pour la Protection des Monuments Historiques de la République Socialiste de Serbie, 1989, p. 10-21.
- Österreichische Osthefte. LIT, Münster. 2005. p. 148.
- Dragana Amedoski, Vladeta Petrović, Urban settlements of the Sanjak of Kruševac(15th–16th centuries), Historical Institute Belgrade, 2018, p. 251.