Sandakada pahana
Le Sandakada pahana, ou pierre de lune, est un élément caractéristique de l'architecture dans l'ancien Sri Lanka[1] - [2] - [3]. Il s'agit d'une pierre plate en demi-cercle, soigneusement gravée, habituellement placée au pied d'escaliers ou de l'entrée des bâtiments. Apparu vers la fin de la période d'Anurâdhapura, le sandakada pahana a évolué durant les périodes de Polonnâruvâ, de Gampola et de Kandy. Selon les historiens, il symbolise le cycle du Saṃsāra dans le bouddhisme.
Étymologie
Le nom cinghalais « sandakada pahana » se traduit grossièrement par « pierre de lune ». Ce nom correspond à la forme et à l'apparence de l'objet[2]. L'ancienne chronique du Mahavamsa et des textes en pali comme le Samantapasadika (en) en parlent sous le nom de « patika »[4].
Époque d'Anurâdhapura
Les premiers sandakada pahanas sont apparus vers la fin du Royaume d'Anurâdhapura (377 av. J.-C.-1017). Ils étaient uniquement placés à l'entrée des temples bouddhistes[5].
Les gravures sont les mêmes pour chaque sandakada pahana. Au centre, un demi-lotus est entouré de bandes concentriques. La plus centrale est décorée de cygnes, suivie d'une bande de feuillages entrelacés connus sous le nom de « liyavel ». La troisième bande est gravée de quatre mammifères : éléphants, lions, chevaux et taureaux. Ces quatre animaux en procession symbolisent les quatre étapes de la vie : croissance, énergie, puissance et patience. La quatrième bande, la plus externe, est gravée de flammes[5].
Époque de Polonnâruvâ
Les sandakada pahanas du Royaume de Polonnaruwa (1056–1212) sont bien distincts de ceux de l'époque précédente. Il n'y a plus une seule bande de quadrupèdes, les processions d'éléphants, de lions et de chevaux étant représentées sur des bandes séparées. L'élément le plus notable est la disparition des taureaux[6]. C'est aussi la fin de la tradition d'Anurâdhapura de réserver les sandakada pahanas aux temples bouddhistes : à l'époque de Polonnâruva, on en trouve aussi à l'entrée d'autres bâtiments[5].
En 1017, une invasion de Rajendra Ier a fait passer l'essentiel de l'île sous le contrôle de l'Empire Chola[7] - [8]. Le pays est resté sous sa domination jusqu'en 1055[9] et sa culture a alors été très influencée par les coutumes et traditions de l'Inde du Sud, notamment par l'hindouisme[10]. Les historiens pensent que la disparition du taureau des sandakada pahanas est liée à son rôle dans cette religion. Le taureau, véhicule du dieu Shiva, est vénéré dans l'hindouisme et aurait été retiré pour cette raison d'une pierre sur laquelle les gens marchaient[6]. Le lion a aussi disparu de certains sandakada pahanas[11]. Le meilleur exemple des sandakada pahanas de cette époque se trouve à l'entrée nord du Vatadage de Polonnâruvâ (en)[12].
Époques de Gampola et de Kandy
À l'époque des royaumes de Gampola (1345-1406) et de Kandy (1468-1815), les sandakada pahanas ont été modifiés de façon radicale : les bandes concentriques ont disparu et la pierre a pris une forme presque triangulaire. Un lotus gravé en son centre est entouré par un motif de « liyavel » élaboré[13].
Symbolisme
Les historiens pensent que les gravures des sandakada pahanas possèdent une signification religieuse. L'interprétation la plus couramment admise est celle de l'historien Senarath Paranavithana (en) (1896-1972). Selon celui-ci, le sandakada pahana symbolise le cycle du Saṃsāra. Le « liyavel » symbolise les désirs terrestres (Taṇhā) et le lotus central représente le Nirvana[14]. Les éléphants, taureaux, lions et chevaux figurent respectivement la naissance, le déclin, la maladie et la mort, tandis que les cygnes symbolisent la séparation entre le bien et le mal[2].
Notes et références
- (en) « The northern provinces - Henry Cave - Google Books » (consulté le )
- (en) Gaveshaka, « Tradition continues: Moonstones in Polonnaruwa », Sunday Times, (consulté le )
- (en) « Sinhalese Monastic Architecture: The Viharas of Anuradhapura - Senake Bandaranayake - Google Books » (consulté le )
- (en) « Buddhist Art », The Associated Newspapers of Ceylon (consulté le )
- Siriweera 2004, p. 288
- Siriweera 2004, p. 289
- Siriweera 2004, p. 45
- Wijesooriya 2006, p. 114
- Prematilleke et Karunaratne 2004, p. 6
- Siriweera 2004, p. 47
- Sarachchandra 1977, p. 129 (1977)
- Prematilleke et Karunaratne 2004, p. 10
- Diganwela 1998, p. 11
- Diganwela 1998, p. 12
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Sandakada pahana » (voir la liste des auteurs).
Bibliographie
- (en) W. I. Siriweera, History of Sri Lanka : From Earliest Times Up to the Sixteenth Century, Dayawansa Jayakodi & Company, , 368 p. (ISBN 955-551-257-4)
- (en) S. Wijesooriya, A Concise Sinhala Mahavamsa, Participatory Development Forum, (ISBN 955-9140-31-0)
- (en) P. L. Prematilleke et Karunaratne, Polonnaruwa : The Silver Capital of Sri Lanka, (ISBN 955-613-111-6)
- (si) B. S. Sarachchandra, අපේ සංස්කෘතික උරුමය (Cultural Heritage), Silva, V. P.,
- (si) T. Diganwela, කලා ඉතිහාසය (History of Art), Wasana Publishers,
- (en) Senake Bandaranayake, Sinhalese monastic architecture : the viháras of Anurádhapura, Leyde, Brill, , 404 p. (ISBN 90-04-03992-9)