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Salle verte

Ă€ La RĂ©union, la sal'vert' est l'appellation d'une salle faite d'une structure de bois tels que choka, bambou ou de « bois d'encens Â» recouverte de feuilles de cocotiers ou de palmes que l'on construit dans une cour en plein air Ă  l'occasion d'un festin (baptĂŞme, communion, mariage). Pour faire face Ă  d'Ă©ventuelles averses, les RĂ©unionnais recouvrent les salles vertes d'une bâche Ă©paisse puis l'habillent de feuilles afin d'en donner un aspect esthĂ©tique verdoyant.

Salle verte d'un baptĂŞme
Entrée en arche de feuilles de cocotiers tressés
Toit de la salle verte
Tressage de feuilles de cocotiers
Intérieur de la salle verte

Les origines de la sal'vèrt' ou salle verte

Les « sal'vèrt' Â» ou salles vertes ont des origines diverses. En Inde, on parle de pandèl, « espace clĂ´t par un toit, pavillon provisoire Ă©rigĂ© sur quatre piliers pour le besoin de certaines cĂ©rĂ©monies religieuses ou de mariages.» Le pandèl se rĂ©sume donc Ă  une sorte de temple religieux miniature. Sa construction est Ă©phĂ©mère et destinĂ©e Ă  un usage festif Ă  caractère sacrĂ©, cĂ©rĂ©monial.

En France, il existe des traces écrites relatant l'existence de ces fondations qui désignent entre autres un espace ombragé, retiré au fond du jardin, destiné au repos, à la détente. La forme de ces salles vertes se dessinent par l'assemblage d'arbrisseaux serrés, de charmilles épaisses et ont la dimension d'un salon de compagnie. La construction est faite pour durer, voire pour être permanente.

Ă€ La RĂ©union, les premières traces de salles vertes remonteraient Ă  1827. En effet, Jean-Baptiste Renoyal de Lescouble propriĂ©taire terrien de Sainte-Suzanne Ă©voque dans son journal intime (Journal d'un colon de l'Ile Bourbon, 1826-1830) que le repas de noce du mariage avait lieu sous la salle verte : « Nous avons eu assez frĂ©quemment de la pluie ces deux derniers mois et plus particulièrement la veille et le jour du mariage. Heureusement l'après-midi en fut exempt. Autrement le repas de noce eut Ă©tĂ© bien trempĂ©, Ă©tant prĂ©parĂ© sous une salle verte Â». La salle verte sert donc de lieu festif pour tout sacrement religieux que sont le baptĂŞme, la communion, le mariage. Sa construction est temporaire et n'est faite que pour durer pendant l'instant de la fĂŞte ainsi que pour le regaton (lendemain de la fĂŞte). GĂ©nĂ©ralement, les RĂ©unionnais laissent la salle verte en place pendant quinze jours puis la dĂ©molissent.

La construction des sal'vèrt'

En Inde, la construction des salles vertes nĂ©cessite des règles rigoureuses et de la minutie. Il faut d'abord installer le premier poteau en l'enfonçant profondĂ©ment dans le sol et en l'orientant vers le Nord-Est. Cette orientation est dĂ©diĂ©e au dieu de la prospĂ©ritĂ© Shiva et porte le nom de muhĂąrtakkĂ l. Seuls les feuilles vertes (de cocotiers, de palmes), les jeunes bourgeons et les jeunes pousses synonymes de force et de vie sont autorisĂ©s. Tout Ă©lĂ©ment reprĂ©sente un symbole : les feuilles de bananiers, par exemple, symbolisent la fertilitĂ©. Les feuilles dessĂ©chĂ©es sont prohibĂ©es.

Ă€ La RĂ©union, le montage nĂ©cessite moins de rigueur. Il faut mettre en place les piliers qui serviront de supports pour tout le reste de la structure. On l'habille ensuite de feuilles de cocotiers et de bâche (au cas oĂą il pleut). Aujourd'hui les feuilles de cocotiers ne sont plus gratuites. Autrefois on pouvait se les approprier dans les cours des piscines municipales ou sur les chemins. DĂ©sormais, il faut l'acheter Ă  1 euro l'unitĂ© et payer un transport public Ă  15 euros selon la distance de la livraison. La dĂ©coration de la salle verte est rĂ©alisĂ©e Ă  l'aide du tressage des feuilles et de la disposition entrecroisĂ©e des feuilles de palmistes. On y accroche des fleurs en papiers et on garnit les tables prĂ©disposĂ©es sur des trĂ©teaux, de bouquets fraĂ®chement rĂ©alisĂ©s ainsi que de nappes de papiers. On peut y suspendre des guirlandes et des ballons.

Place de la sal'vèrt aujourd'hui

Les salles vertes deviennent de plus en plus rares aujourd'hui à La Réunion. Cette disparition patrimoniale résulte de l'émergence des nouvelles tendances. En effet, les gens ne prennent plus le temps de mettre en œuvre ce savoir-faire culturel. Ils recourent à la facilité en faisant appel à des spécialistes événementiels qui se chargent de la réservation du restaurant ou de la salle festive ainsi que de la décoration et du repas. Certes cela a un prix bien plus élevé mais les gens n'ont plus ce souci de penser à ces moindres détails. Il faut dire également que l'on ne trouve plus autant de maisons avec une grande cour mais des immeubles. De plus, beaucoup de jeunes Réunionnais ne savent pas ce que c'est qu'une sal'vèrt'.

Cependant la salle verte revient Ă  la mode pour les mariages[1].

Dans la culture réunionnaise

Le séga Crazé salle verte (1972) est le premier tube de la chanteuse réunionnaise Michou, écrit par son père Narmine Ducap[2].

Mariage salle verte est aussi un séga du groupe Ousanousava (album Ti coin grand bois, 2013).

Notes et références

  1. « Tradition salle verte! », sur Réunion la 1ère,
  2. « Crasé salle verte / Larobée, Michou Narmine Ducap | MP3 45t Séga | Afrisson », sur www.afrisson.com (consulté le )

Liens externes

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