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SĂ©miocratie

La sémiocratie : du grec « séméion », le signe, et « krátos », le pouvoir, la souveraineté.

Dans L'état social de la France - 2010, l'Odis introduit la sémiocratie comme une forme de gouvernance qui consiste en l'application de l'intelligence sociale à grande échelle. D'après Jean-François Chantaraud, l'auteur de ce rapport publié aux éditions du Journal officiel, l'articulation entre le potestas et l'auctoritas, recomposée à l'ère chrétienne par le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel, constitue les deux piliers de tout système sémiocratique. Dans les deux cas, les immanquables risques de mécontentements suscités par les décisions du premier sont en continu équilibrés par le rappel par le second des orientations de la société à long terme.

Jean-François Chantaraud propose de rĂ©inventer une sĂ©miocratie moderne, adaptĂ©e aux nouveaux moyens techniques de communication, en tenant compte du fait que « la complexification de chaque discipline scientifique et l’enchevĂŞtrement des phĂ©nomènes rendent nĂ©cessaire de donner un rĂ´le Ă  chaque type d’acteurs dans la quĂŞte active d’un mieux-vivre ensemble Â». Cela suppose selon lui d'organiser un siège laĂŻque du juste, suffisamment lĂ©gitime aux yeux de tous pour dĂ©finir et activer un système de valeurs capable de constituer une grille d'Ă©valuation des acteurs et des actions de chacun. Pour lui, cela consiste Ă  « renforcer la dĂ©mocraticitĂ© de notre sociĂ©tĂ© Â» Ă  travers l'ajout de processus de rĂ©flexion collective, laquelle doit viser trois objectifs complĂ©mentaires. L'objet final de la construction d'un raisonnement collectif consiste Ă  « accoucher ensemble notre grille de prioritĂ©s, notre système de valeurs, le sens que nous voulons donner Ă  notre vivre ensemble Â». La finalitĂ© intermĂ©diaire est de « s'assurer de leurs bonnes dĂ©clinaisons opĂ©rationnelles en rĂ©partissant les rĂ´les et responsabilitĂ©s entre tous les types d’acteurs". Le but plus immĂ©diat consiste Ă  "formuler des diagnostics toujours plus prĂ©cis et des projets toujours plus pertinents sur des enjeux concrets Â».

Le mot « sĂ©miocratie Â» a Ă©tĂ© utilisĂ© prĂ©cĂ©demment par Roland Barthes dans le texte de prĂ©sentation de son ouvrage L'empire des signes (Skira, 1970) : « de tous les pays que l'auteur a pu connaĂ®tre, le Japon est celui oĂą il a rencontrĂ© le travail du signe le plus proche de ses convictions et de ses fantasmes, ou, si l'on prĂ©fère, le plus Ă©loignĂ© des dĂ©goĂ»ts, des irritations et des refus que suscite en lui la sĂ©miocratie occidentale Â» (rabat de couverture de l'Ă©dition originale). Ici, le mot a donc un sens clairement nĂ©gatif.

À noter également : le premier cours annuel de Roland Barthes au Collège de France (1976-1977) était intitulé "Comment vivre ensemble".

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