Ryƫsei Kishida
RyĆ«sei Kishida (ćČžç°ćç, Kishida RyĆ«sei), Ă Tokyo â Ă Tokuyama dans la prĂ©fecture de Yamaguchi, est un peintre japonais de l'Ăšre TaishĆ et Showa.
ĂlĂ©ments biographiques
RyĆ«sei Kishida naĂźt dans le quartier moderne de Ginza Ă TĆkyĆ. Son pĂšre Kishida GinkĆ (1833-1905) est un homme important, connu Ă la fois comme journaliste, pharmacien et promoteur dâun rapprochement sino-japonais.
Ă la mort de ses parents en 1905, il envisage de devenir pasteur comme beaucoup dâartistes et dâĂ©crivains japonais de cette Ă©poque, pour qui le christianisme rime avec modernitĂ©[1]. Il commence Ă peindre sĂ©rieusement en 1908 quand il sâinscrit Ă lâatelier de lâAssociation du Cheval blanc (Hakuba-kai) oĂč il apprend la peinture Ă lâhuile auprĂšs de Kuroda Seiki. En 1910, deux de ses toiles, travaillĂ©es dans un style pleinairiste, sont acceptĂ©es au Salon du ministĂšre de lâĂducation (Bunten).
En 1912, Kishida participe activement Ă la crĂ©ation de la SociĂ©tĂ© du Fusain (HyĆ«zan-kai) qui marque le dĂ©but du post-impressionnisme (kĆki inshĆ-ha) au Japon et, plus gĂ©nĂ©ralement, de lâidĂ©e que la crĂ©ation est portĂ©e par le gĂ©nie innĂ© de lâindividu. Il y expose des Ćuvres vivement influencĂ©es par un Van Gogh largement rĂ©interprĂ©tĂ©. Autour de 1913-1914, Kishida abandonne progressivement la palette trĂšs colorĂ©e de ses dĂ©buts et oriente son travail du cĂŽtĂ© de la peinture classique allemande et italienne, notamment de DĂŒrer quâil admire particuliĂšrement. Il rĂ©alise alors de nombreux portraits, ainsi que des paysages terreux, dĂ©voilant un goĂ»t qui lui est propre pour une texture Ă la fois fluide et grasse.
Ă la fin des annĂ©es 1910 et tout au long des annĂ©es 1920, il peint une importante sĂ©rie de portraits de sa fille Reiko (nĂ©e en 1914), qui alternent entre grĂące et Ă©trangetĂ©. Les toiles les plus importantes de la sĂ©rie, comme Portrait de Reiko Ă cinq ans (MusĂ©e national dâart moderne de TĆkyĆ) ou Reiko souriant (MusĂ©e national de TĆkyĆ, Ćuvre classĂ©e bien culturel important), sont connues de tous dans lâarchipel. Les annĂ©es 1920 sont marquĂ©es chez lui par une redĂ©couverte du patrimoine artistique sino-japonais. Il rĂ©alise de nombreuses peintures Ă lâencre dans le style chinois et collectionne ardemment la peinture de lâĂ©poque dâEdo.
Il meurt le dâune complication rĂ©nale au retour de son premier voyage Ă lâĂ©tranger, dans la Mandchourie voisine.
La postérité
Bien quâinconnu en Occident, RyĆ«sei Kishida est considĂ©rĂ© au Japon comme lâun des plus grands peintres du XXe siĂšcle. LiĂ© au mouvement Shirakaba (1910-1923), il symbolise, dans les manuels scolaires par exemple, la modernitĂ© de lâĂšre TaishĆ (1912-1926). Depuis les annĂ©es 1940, plusieurs grands historiens de lâart japonais moderne ont travaillĂ© sur son Ćuvre, mettant en Ă©vidence la spĂ©cificitĂ© de son rĂ©alisme et sa critique originale des avant-gardes[2].
En dĂ©pit du petit format de ses tableaux, il est lâun des artistes les plus cotĂ©s sur le marchĂ© nippon. En 2000, sa toile Reiko un chĂąle sur les Ă©paules (1920) a Ă©tĂ© adjugĂ©e 360 millions de yens, Ă©tablissant le record pour une Ćuvre moderne japonaise.
Les Ă©crits
ParallĂšlement Ă la peinture, RyĆ«sei Kishida a beaucoup Ă©crit tout au long de sa vie. De son vivant, il a publiĂ© trois livres de rĂ©flexions sur lâart, dont Les dĂ©buts de la peinture ukiyoe aux Ă©ditions Iwanami (1926). Son journal fournit par ailleurs un extraordinaire tĂ©moignage sur la vie des artistes et intellectuels de lâĂ©poque. Ses Ćuvres complĂštes ont Ă©tĂ© rassemblĂ©es en 10 volumes aux Ă©ditions Iwanami (1979-80)[3].
Biographie
- Berghaus, GĂŒnter. International Futurism in Arts and Literature. Walter de Gruyter (2000) (ISBN 3-11-015681-4)
- Goodwin, James. The International Art Markets: The Essential Guide for Collectors and Investors. Kogan Page (2008). (ISBN 0-7494-4835-0)
- Kato, Shuichi, Japan:Spirit and Form. Tuttle Publishing (1994) (ISBN 0-8048-1969-6)
- Kita, Sandy. The Last Tosa: Iwasa Katsumochi Matabei, Bridge to Ukiyo-e. University of Hawaii Press, (1999) (ISBN 0-8248-1826-1)
- Kitazawa, Noriaki. Kishida RyĆ«sei to TaishĆ avangyarudo. Iwanami Shoten (1993) (ISBN 4-00-003728-5)
- Weisenfeld, Gennifer, MAVO: Japanese Artists and the Avant-Garde, 1905â1931. University of California Press (2001). (ISBN 0-520-22338-1)
Articles connexes
Liens externes
- Musée d'art préfectoral d'Aichi
- Kishida Rusei au musée d'art Menard
- Musée préfectoral de Mie, site du Musée préfectoral de Mie
- Musée d'art préfectoral de Miyagi
- Musée national de Tokyo
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Delarge
- (de + en) Artists of the World Online
- (en) Bénézit
- (en) Grove Art Online
- (en) MutualArt
- (nl + en) RKDartists
- (en) Union List of Artist Names
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
Notes et références
- Voir Michael Lucken, L'Art du Japon au vingtiÚme siÚcle : pensée, formes, résistance. Paris, Hermann, 2001, pp. 52-57.
- Cf. Hijikata Teiichi, Kishida RyĆ«sei. TĆkyĆ, Atorie-sha, 1941 ; Kitazawa Noriaki, Kishida RyĆ«sei to TaishĆ avangyarudo. TĆkyĆ, Iwanami Shoten, 1993 ; Segi Shin.ichi, Kishida RyĆ«sei : bi to shĆ no hontai, TĆkyĆ, TĆkyĆ shiki shuppan, 1998.
- Cf. Jean-Jacques Origas (dir.), Dictionnaire de littérature japonaise. Paris, Puf [Quadrige], 1994 (2000), pp. 135-136.