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Russell c. La Reine

Russell c. La Reine[1] est un arrĂȘt de principe du Conseil privĂ© rendu en 1882 concernant l'interprĂ©tation de la Loi constitutionnelle de 1867. Il s'agit de l'une des premiĂšres affaires expliquant la nature de la clause paix, ordre et bon gouvernement dans le fĂ©dĂ©ralisme canadien. Il a dĂ©veloppĂ© la jurisprudence dont il avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© question dans l'arrĂȘt Citizens Insurance Co of Canada c. Parsons.

Les faits

En 1878, le Parlement du Canada a adopté la Loi sur la tempérance du Canada qui a permis à une province ou une ville de tenir un plébiscite sur l'interdiction de la vente d'alcool[2]. Fredericton a tenu un tel plébiscite qui a été couronné de succÚs.

En 1880, la dĂ©cision de la Cour suprĂȘme du Canada dans La Reine c. Fredericton (Maire)[3] avait conclu que la loi Ă©tait intra vires en vertu de la clause sur la rĂ©glementation du trafic et du commerce. Cette dĂ©cision n'a pas Ă©tĂ© portĂ©e en appel devant le Conseil privĂ©.

Jugement du Conseil privé

Deux ans plus tard, dans l'affaire en question, Charles Russell, un propriétaire de pub local, a été reconnu coupable en vertu de la LTC de vente d'alcool. Russell a fait valoir que le Parlement ne peut déléguer ses pouvoirs à aucune autre partie du gouvernement et que la loi relÚverait soit du pouvoir des provinces de légiférer sur les questions liées aux tavernes (article 92 (9) LC 1867), à la propriété et aux droits civils (article 92 (13) LC 1867), soit des questions de nature locale ou privée (art. 92 (16) LC 1867).

Sir Montague Edward Smith a rejeté les observations de Russell, déclarant :

« Leurs Seigneuries ne peuvent souscrire à ce point de vue. L'objet déclaré du Parlement en adoptant l'Acte est qu'il devrait y avoir une législation uniforme dans toutes les provinces concernant le trafic des boissons enivrantes, en vue de promouvoir la tempérance dans le Dominion. Le Parlement ne considÚre pas la promotion de la tempérance comme souhaitable dans une province plus que dans une autre, mais comme souhaitable partout dans le Dominion »

.

Smith a maintenu la loi en vigueur en tant qu'exercice valide du pouvoir fĂ©dĂ©ral en vertu de la doctrine de « la paix, l'ordre et le bon gouvernement », ce qui signifie que toute loi qui ne peut ĂȘtre attribuĂ©e au chef de compĂ©tence provincial en vertu de l'article 92 doit nĂ©cessairement tomber dans le pouvoir accordĂ© au gouvernement fĂ©dĂ©ral. Il a Ă©tĂ© conclu que la loi Ă©tait liĂ©e Ă  l'ordre public et Ă  la sĂ©curitĂ©, et par consĂ©quent elle reprĂ©sentait une question d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral pour tout le Canada. Quant Ă  la maniĂšre de son fonctionnement, Smith a notĂ© :

« La maniĂšre de mettre en vigueur les interdictions et les peines de la loi, que le Parlement a cru bon d'adopter, n'en altĂšre pas le caractĂšre gĂ©nĂ©ral et uniforme. Le Parlement traite le sujet comme un sujet d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et uniforme pour le Dominion, sur lequel l'uniformitĂ© de la lĂ©gislation est souhaitable, et le Parlement seul peut le traiter ainsi. »

Comme il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© que la question relevait de la nature gĂ©nĂ©rale du pouvoir « paix, ordre et bon gouvernement », il a Ă©tĂ© jugĂ© inutile de dĂ©terminer si elle aurait pu relever d'un chef de compĂ©tence fĂ©dĂ©rale plus spĂ©cifique. Dans son dernier paragraphe, le Conseil privĂ© a soulignĂ© que son refus de se prononcer sur cet Ă©lĂ©ment de la discussion n'avait pas pour but d'introduire une dissidence par rapport Ă  l'opinion que la Cour suprĂȘme du Canada avait dĂ©jĂ  Ă©mise sur la question.

Conséquences

Bien que la Loi canadienne sur la tempĂ©rance ait Ă©tĂ© confirmĂ©e, l'arrĂȘt Russell a eu pour effet de restreindre la maniĂšre dont les chefs de compĂ©tence fĂ©dĂ©rale plus spĂ©cifiques devaient ĂȘtre interprĂ©tĂ©s. Dans l'affaire subsĂ©quente Hodge c. La Reine, suivie d'autres affaires du Conseil privĂ©, l'influence de la Cour suprĂȘme du Canada a diminuĂ© et celle des provinces s'est considĂ©rablement Ă©tendue.

L'arrĂȘt Russell a continuĂ© Ă  rĂ©gir l'interprĂ©tation du pouvoir de paix, ordre et bon gouvernement jusqu'Ă  ce qu'il soit effectivement renversĂ© par Ontario (Procureur gĂ©nĂ©ral) c. FĂ©dĂ©ration canadienne de la TempĂ©rance en 1946.

Notes et références

  1. Charles Russell c. La Reine [1882] UKPC 33, [1882] 7 App Cas 829, 8 CRAC 502 (23 juin 1882),
  2. Fish, M. J. (2011). The Effect of Alcohol on the Canadian Constitution ... Seriously. McGill Law Journal / Revue de droit de McGill, 57(1), 189–209. https://doi.org/10.7202/1006421ar
  3. [1880] 3 RCSC 505, 2 Cart 27
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