Rotation de l'emploi
La rotation de l'emploi (Ă©galement, turn-over prononcĂ© /tĆÊ.no.vĆÊ/ en français et /'tÉ:nÉÊvÉ/ en anglais) ou renouvellement du personnel (labor / labour turnover ou employee turnover en anglais) est un indicateur dĂ©crivant le rythme de renouvellement des effectifs dans une organisation. Le terme gĂ©nĂ©ralement utilisĂ© au QuĂ©bec est taux de roulement.
Calcul
La rotation de l'emploi est la demi-somme (ou la moyenne arithmétique) du nombre de salariés partis et du nombre de salariés arrivés au cours d'une période donnée, divisée par le nombre initial de salariés en début de période (mois, trimestre, année).
Un autre mode de calcul souvent rencontré est le rapport du nombre de départs à l'effectif total. Ce calcul fait l'hypothÚse implicite que l'effectif global reste stable et que les départs sont remplacés dans un rapport un pour un.
Le calcul du taux global de turn-over ne prend pas en compte uniquement les dĂ©missions mais aussi les autres formes de fins de contrat (licenciements, ruptures amiablesâŠ), qui peuvent entrainer pour l'entreprise: une dĂ©perdition d'expĂ©rience, un apport de nouvelles compĂ©tences, de nouvelles idĂ©es par de nouveaux recrutements, une amĂ©lioration ou non du climat social (en fonction du leadership des partants et/ou entrants) une adaptation de l'organisation Ă la demande du marchĂ©, une restauration de la marge et donc de la pĂ©rennitĂ© de l'entreprise, etc.
Exemple :
Une société en 2006 regroupe 100 salariés au 1er janvier. Pendant l'année 2006, 10 sont embauchés et cinq quittent la société.
La rotation de l'emploi sera = [(10+5)/2]/100 soit 7,5 %.
- Taux dâentrĂ©e : le taux dâentrĂ©e est Ă©gal au nombre des recrutements du mois/trimestre rapportĂ© aux effectifs totaux de dĂ©but de mois/trimestre et multipliĂ© par 100.
- Taux de sortie : le taux de sortie est égal au nombre des départs du mois/trimestre rapporté aux effectifs totaux de début de mois/trimestre et multiplié par 100.
- Taux de rotation : le taux de rotation est Ă©gal Ă la somme du taux dâentrĂ©e et du taux de sortie divisĂ© par deux.
Le cas des contrats temporaires renouvelés (CDD et intérim)
En France, l'Insee prend en compte dans ses statistiques pour calculer le taux de rotation non pas les entrĂ©es et sorties d'une mĂȘme personne, mais le nombre de contrats de travail dĂ©marrĂ©s et terminĂ©s sur une pĂ©riode. Autrement dit, une personne qui occuperait deux contrats Ă durĂ©e dĂ©terminĂ©e (CDD) ou deux contrats intĂ©rimaires consĂ©cutifs ou non dans une mĂȘme pĂ©riode est comptĂ©e pour 2 entrĂ©es et deux sorties. Compte-tenu de la prĂ©carisation accrue des emplois dans certains secteurs, et la multiplication des emplois dits atypiques (intĂ©rim, CDD) devenus majoritaires dans les recrutements, cela a abouti Ă gonfler le taux de rotation annuel, qui a Ă©tĂ© multipliĂ© en France par prĂšs de cinq entre 1982 et 2011, qui passe de moins de 40 % Ă prĂšs de 180 %. Pour mesurer la stabilitĂ© dans l'emploi, l'Insee calcule aussi des ratios complĂ©mentaires tels que le taux de mobilitĂ©, qui s'attache Ă mesurer la part des salariĂ©s ayant une anciennetĂ© infĂ©rieure Ă un an, qui demeure stable entre ces deux dates, hors CDD et intĂ©rim. Un taux de mobilitĂ© Ă©largi, incluant intĂ©rimaires en personnes en CDD, montre lui une augmentation, passant de 15 Ă 20 % environ[1].
IntĂ©rĂȘt de l'indicateur de rotation de l'emploi
La rotation de l'emploi est un indicateur important pour les ressources humaines et en psychologie du travail. Il donne une indication synthétique de l'ampleur des mouvements de personnels dans une organisation, ainsi que des coûts associés au départ et à l'arrivée de ces personnels.
Cependant, cet indicateur est souvent simpliste. Pour une analyse plus précise, il est nécessaire de considérer séparément les taux de départs et d'arrivée, et de les corréler avec d'autres facteurs : ùge, fonction occupée, type du départ (licenciement, démission, retraite...), etc.
Il est préférable, lorsque l'on cherche à calculer uniquement la diminution des effectifs, de parler d'attrition, et non de turn-over.
De nombreux facteurs (satisfaction au travail, rĂ©munĂ©ration, marchĂ© du travailâŠ) influent sur le turn-over, qui varie beaucoup suivant les branches. Le niveau record de turn-over est gĂ©nĂ©ralement atteint pour les cadres dans le secteur des activitĂ©s informatiques (SSII, Ă©diteur de logiciel), et pour les non-cadres (employĂ©s, ouvriersâŠ) dans les secteurs de la restauration rapide et celui des centres d'appel.
Le taux de rotation de l'emploi est souvent important dans les secteurs professionnels connaissant le plein emploi. Lorsqu'il est excessif, cela dĂ©note gĂ©nĂ©ralement aussi bien des problĂšmes de fidĂ©lisation de la main d'Ćuvre que d'opportunisme des candidats, parmi lesquels :
- de mauvaises conditions de travail : travail particuliÚrement éprouvant, rapports humains conflictuels, management de mauvaise qualité, etc. ;
- des blocages nombreux : évolution de carriÚre, salaires, nature du travail, mobilité géographique, etc. ;
- la possibilité pour les candidats de trouver facilement un poste mieux rémunéré ou plus intéressant dans une autre organisation.
Ces facteurs peuvent bien sĂ»r se cumuler. Attention Ă ne pas confondre avec le terme propre anglais « turnover » qui signifie « rotation » et Ă ce titre peut ĂȘtre employĂ© avec toute grandeur ou agrĂ©gat : employee turnover, stock turnover, etc. UtilisĂ© sans prĂ©cision, il signifie chiffre d'affaires en comptabilitĂ© anglaise (mais non amĂ©ricaine).
Autres secteurs
Le turnover est aussi souvent utilisé pour qualifier les modes, qui par nature sont changeantes et soumises à un turnover rapide.
Notes et références
- Claude Picard, « Une rotation de la main-dâĆuvre presque quintuplĂ©e en 30 ans : plus quâun essor des formes particuliĂšres dâemploi, un profond changement de leur usage », Documents de travail, no F1402,â (lire en ligne)