Renaissance nationale ukrainienne
La renaissance nationale ukrainienne (en ukrainien : Українське національне відродження) est une période de l'histoire ukrainienne à la fin du XVIIIe siècle, à une époque où le territoire de l'Ukraine moderne était divisé entre l'Empire autrichien, le Royaume de Hongrie et l'Empire russe après les partitions de la Pologne.
Cette période fait suite aux soulèvements de Haïdamaka, qui ont secoué les terres de l'ancien hetmanat cosaque[1].
Pendant cette période, la résistance nationale ukrainienne est clandestine et presque entièrement dominée. Toutes les institutions étatiques de l'hetmanat sont liquidées, tout comme le mouvement cosaque. L'Empire russe avait franchi avec succès le Dniepr et s'était étendu vers l'Europe centrale tout en atteignant les rives de la mer Noire.
Néanmoins, la période est également considérée comme le début de la littérature ukrainienne contemporaine. Plusieurs historiens ukrainiens tels que Volodymyr Doroshenko et Mykhaïlo Hrouchevsky divisent cette période en trois étapes. La première s'étend de la fin du XVIIIe siècle aux années 1840. La deuxième étape couvre la période des années 1840 aux années 1850. La troisième période est la seconde moitié du XIXe siècle.
Dans les manuels d'histoire ukrainiens, cette période est présentée comme l'émergence et le triomphe du nationalisme ukrainien face au pouvoir central[2].
Comme d’autres peuples en Europe, un mouvement de renaissance nationale ukrainien se fait jour à partir du milieu du XIXe siècle dans l’Empire russe. Mais Saint-Pétersbourg estime que ce mouvement est manipulé par les Polonais[3]. Des cercles nationaux (hromady) sont supprimés et il est prohibé d’imprimer en ukrainien[3]. Les élites russes considèrent les Ukrainiens comme des « Petits-Russes »[3].
La culture ukrainienne connaît une renaissance au milieu du XIXe siècle, en parallèle avec le mouvement régionaliste à la même époque en Europe. Ce mouvement est concentré dans les régions de la Ruthénie, de la Volynie ou de la Podolie et autour de Zaporijjia. C'est alors qu'apparaît de plus en plus le terme d'Ukraine — Oukraïna signifiant « à la marche », terme employé surtout dans la langue ecclésiastique depuis le XVIe siècle — relancé par les intellectuels à la fin du XIXe siècle. Le pouvoir impérial russe officiellement ne connaît pas ce terme d'Ukraine. Il ne forme dans les territoires de l'actuelle Ukraine, comme partout ailleurs dans l'Empire — à l'exception du grand-duché de Finlande traité différemment — que différents gouvernements ou provinces — gouvernement de Kiev, gouvernement de Tchernigov, gouvernement d'Ekaterinoslav, gouvernement de Kherson, etc. — au sein de plusieurs entités : Petite Russie, Nouvelle Russie (correspondant en partie aux territoires enlevés à l'Empire ottoman), parties de la Bessarabie, etc. En 1876, l'Empire interdit la langue ukrainienne dans les écoles, et la limite dans les journaux et la littérature. Cette limitation provoque en retour une revendication idéologique qui permet de comprendre l'opposition linguistique actuelle. Les différentes formes d'ukrainien ne sont plus parlées que par une frange de la paysannerie et certains cercles cultivés de régionalistes : instituteurs, universitaires, ecclésiastiques.
Voir aussi
Références
- [Anon.]. "2. The Ukrainian National Revival: A New Analytical Framework". The Roots of Ukrainian Nationalism, Toronto: University of Toronto Press, 2016, p. 38-54. https://doi.org/10.3138/9781442682252-005
- Représentations du monde dans l’espace postsoviétique, 2011, Terra hostica : la Russie dans les manuels scolaires d’histoire ukrainiens, Andriy Portnov, p. 39-61, https://doi.org/10.4000/anatoli.489
- Alexandra Goujon, « L’Ukraine cherche à s’émanciper d’une tutelle de plusieurs siècles » , sur Le Monde, (consulté le )