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Principe de la division par moitié

Souvent considéré comme le bouclier fiscal allemand, le principe de la division par moitié (en allemand, Halbteilungsgrundsatz), a été un principe de droit fiscal dégagé par la Cour constitutionnelle allemande en 1995.

Celle-ci s'est basée sur l'article 14 de la Constitution allemande (ou Loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne )[1]

  • 1 : [La] PropriĂ©tĂ© oblige
  • 2 : Son usage doit contribuer en mĂŞme temps au bien de la collectivitĂ©

pour affirmer que toute personne physique ne peut être amené à payer plus de 50 % de son revenu disponible en impôt.

Novateur, mais très fortement critiqué, le principe de la division par moitié n'a jamais été appliqué (l'administration fiscale allemande n'ayant jamais accepté ce principe). La Cour constitutionnelle s'est basé sur l'article 14 de la Constitution allemande pour dégager ce principe.

Affirmation du principe

Dans l'ordre juridique allemand, chaque loi, chaque acte administratif, est susceptible de faire l'objet d'un contrôle de constitutionnalité par la Cour constitutionnelle fédérale établie à Karlsruhe (en allemand Bundesverfassungsgericht).

Cette juridiction contrôle la compatibilité d'une loi ou d'un acte avec les principes contenus dans la Constitution allemande : elle effectue un contrôle de constitutionnalité.

La Cour constitutionnelle a été saisi dans les années 1990 d'un recours constitutionnel de contribuables, ceux-ci affirmant que l'impôt sur la fortune, tel qu'il existait, était incompatible avec la Loi fondamentale.

Le , la Cour constitutionnelle fédérale a rendu une décision dans laquelle la Cour affirmait que:

  • L'impĂ´t sur la fortune allemand, en ce qu'il accordait un traitement prĂ©fĂ©rentiel aux dĂ©tenteurs de biens immobiliers, Ă©tait incompatible avec l'article 3 de la Constitution allemande, oĂą est contenu le principe d'Ă©galitĂ© des citoyens devant la loi.
  • Le gouvernement allemand avait jusqu'au pour modifier l'assiette de l'impĂ´t sur la fortune et supprimer le traitement prĂ©fĂ©rentiel des dĂ©tenteurs des biens immobiliers.
  • La Cour affirme qu'« Abstraction faite de la protection du noyau patrimonial, le revenu patrimonial participe Ă  la protection des actifs patrimoniaux, base de la libertĂ© individuelle. Selon l’article 14 II de la Loi fondamentale, l’utilisation du patrimoine sert en mĂŞme temps l’usage privĂ© et le bien de la communautĂ©. C’est pourquoi les revenus du patrimoine sont susceptibles d’être apprĂ©hendĂ©s par l’impĂ´t, mais il doit subsister un revenu pour l’usage privĂ©. Â» et se base sur cette interprĂ©tation pour poser le principe que la moitiĂ© du revenu doit rester dans « des mains privĂ©es Â»

Un revirement de jurisprudence : la décision de la Cour constitutionnelle du 18 janvier 2006

L'administration fiscale allemande avait affirmé qu'elle avait donné comme instructions à ses inspecteurs de ne pas tenir compte de la partie de la décision affirmant l'existence du principe de division par moitié.

C'est dans ces conditions que des contribuables se sont pourvues devant les juridictions fiscales allemandes. Par un arrêt de 1999, la Cour fédérale des finances a considéré qu'une imposition globale à un taux de 60 % n'était pas incompatible avec le respect du droit de propriété et que l'article 14 de la Loi fondamentale ne contenait en tout état de cause aucune limite d'imposition à hauteur de 50 % des revenus.

InterrogĂ©e sur l'existence d'un taux maximal d'imposition, la Cour constitutionnelle s'est de nouveau prononcĂ©e en 2006. Faisant une interprĂ©tation stricte de la Loi fondamentale allemande, la Cour a affirmĂ© qu'« Il ne peut ĂŞtre dĂ©duit des articles 14 I et II de la Loi fondamentale une limite absolue d’imposition Ă  hauteur de la moitiĂ© des revenus. La lettre de l’article 14 II 2e phrase ( « en mĂŞme temps Â») ne suffit pas Ă  justifier une limite absolue Ă  hauteur de la moitiĂ© des revenus. Le texte de l’article 14, paragraphe 2, phrase 2, ne suffit pas Ă  justifier, d’une part d’après son sens et sa finalitĂ©, d’autre part d’après son histoire, l’existence d’une limite au droit d’imposer Ă  hauteur de la moitiĂ© des revenus. Â»

Dès lors, il était acquis que le principe de la division par moitié n'existait bel et bien plus en République fédérale allemande.

Comparaison avec le « bouclier fiscal Â» français

Ce principe, peu connu en France, a été rendu public en France par Nicolas Sarkozy, celui-ci ayant affirmé le , dans le but de soutenir la légitimité du bouclier fiscal : « C’est un principe qui en Allemagne est inscrit dans la Constitution. Nos amis Allemands principaux concurrents, principaux partenaires, notre grand voisin : le principe que l’État n’a pas le droit de prélever plus de 50 % de l’argent gagné par un contribuable allemand, les allemands y sont tellement attachés qu’ils l’ont inscrit dans la constitution. Il ne viendrait à l’idée naturellement d’aucun membre de la CDU de revenir sur cet engagement, mais - plus intéressant - d’aucun socialiste allemand non plus. J’aimerais que ce que les socialistes allemands ont compris il y a 25 ans… »[2]. C'est à la suite de cette affirmation que le journal Le Monde a publié un article affirmant que ce principe avait été abandonné 3 ans[3].

Notes et références

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