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Prieuré de Notre-Dame-des-Aumades

Le prieuré de Notre-Dame-des-Aumades, situé sur la commune de Caseneuve, est un grand prieuré bénédictin qui est répertorié dans les chartes de l'abbaye de Cluny dès le XIIe siècle. En dépit de sa richesse, il fut abandonné, car ruiné, à la fin du XIVe siècle.

Prieuré de Notre-Dame-des-Aumades
de Caseneuve
L'un des murs de la nef des Aumades
L'un des murs de la nef des Aumades
Présentation
Nom local Les Aumades
Culte catholique
Type prieuré
Rattachement Évêché d'Apt
Début de la construction XIIe siècle
Style dominant Art roman provençal
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Provence-Alpes-CĂ´te d'Azur
DĂ©partement Vaucluse
Ville Caseneuve
CoordonnĂ©es 43° 53′ 16″ nord, 5° 29′ 04″ est

Historique

Situé sur un plateau dominant la vallée du Calavon où passait la Via Domitia, le prieuré de Sancti Maria de Ulmatis (Sainte Marie des Ormes) était un vaste édifice comportant une nef à trois travées avec une voûte en berceau brisé, un transept et un chœur à trois absides. Se basant sur ses amples proportions et sur les éléments architecturaux qui se retrouvent dans l'oratoire dressé à l'entrée de Caseneuve qui utilise en réemploi ses chapiteaux et ses sculptures, Guy Barruol, chercheur au CNRS et auteur de Provence Romane, en a déduit que ce prieuré devait être richement décoré. De plus, après examen, son arc triomphal, provenant des Aumades, semble avoir été reconstitué à l'identique[1].

Seuls, le prieurĂ© de Saint-Sauveur Ă  Aubignan, avec sa fresque dans la fenĂŞtre absidiale datant de la première croisade, l'abbaye de Ganagobie, et le prieurĂ© de Saint-AndrĂ© de Rosans - ces deux derniers lieux de culte avec leurs mosaĂŻques oĂą se mĂŞlent chimères, dragons et animaux exotiques - peuvent avoir rivalisĂ© avec les Aumades dans ce fameux luxe bĂ©nĂ©dictin que dĂ©nonça Bernard de Clairvaux, en 1125, dans son Apologie oĂą il stigmatisait : Â« Ces admirables beautĂ©s difformes ou ces difformitĂ©s si belles Â»[2].

Des relevés sommaires ont montré qu'étaient accolés, à ce prieuré, un cloître (25 × 25 m) et des bâtiments conventuels. Seules des fouilles pourront en déterminer l'importance[1].

Le cartulaire de l'abbaye clunisienne, dans une de ses chartes datée de 1103, indique que ce lieu de culte, aáppartenant à la famille de dom Maïeul, quatrième abbé de Cluny, fut donné par son descendant, Laugier d'Agoult, évêque d'Apt, à l'abbé Hugues de Cluny.

Le plus grand oratoire de Provence qui utilise, en réemploi, les pierres de Notre-Dame-des-Aumades

Cette donation fut confirmée par son successeur sur le siège épiscopal, Pierre de Saint-Paul, en 1162, qui y ajouta des dépendances proches dont celles de Saint-Raphaël, Saint-Jean-de-Félèze, Saint-Aman-l'Alpage, église du castrum alpestri[3] et celle de Notre-Dame de Courennes, dite alors Sainte-Marie-du-Puy. Le prieuré, dans lequel ne résidaient qu'un prieur et deux moines, semble avoir été édifié entre ces deux dates[1] - [4]

Le XIVe siècle fut fatal Ă  Notre-Dame des Aumades. Les Statuts de Cluny, compte-rendu des visites des Ă©missaires de l'Ordre dans les abbayes et prieurĂ©s dĂ©pendant de la maison mère, indiquent que, dĂ©jĂ  en mauvais Ă©tat Ă  la fin du XIIIe siècle, le prieurĂ© menaçait ruines en 1312 et nĂ©cessitait d'urgentes rĂ©parations en 1315. Elles ne furent pas faites car « La maison des Aumades est en pleine dĂ©cadence tant au point de vue spirituel que temporel Â» constata le chapitre gĂ©nĂ©ral de l'Ordre clunisien. Il fut donc abandonnĂ© en 1386. Un seul gardien fut laissĂ© en surveillance avec comme mission d'empĂŞcher que les animaux et les errants puissent profaner les lieux[1].

Malheureusement le zèle intempestif d’une mission du XIXe siècle l’a dĂ©finitivement ruinĂ© en utilisant ses pierres pour construire un oratoire moderne. Certains justifièrent la chose : « En 1840, Ă  la suite d’une mission, les habitants apportèrent dans le village de Caseneuve, et pierre par pierre, les restes de la gracieuse chapelle romane de Notre-Dame des Aumades. Les missionnaires ne pouvaient mieux signaler leur passage qu’en sauvant une ruine du passĂ© Â». Quand ce ne sont pas les exactions de Raymond de Turenne, les guerres de religion ou la RĂ©volution qui ont ruinĂ© ou dĂ©pouillĂ© les Ă©difices religieux, ce sont les embellissements ou l’inertie du clergĂ© et des fidèles qui leur ont fait le plus de mal[5].

  • DĂ©tail du chapiteau de gauche
    DĂ©tail du chapiteau de gauche
  • Symbole de Jean l'ÉvangĂ©liste
    Symbole de Jean l'Évangéliste
  • Colonne et chapiteau
    Colonne et chapiteau
  • Symbole de Marc l'ÉvangĂ©liste
    Symbole de Marc l'Évangéliste
  • DĂ©tail du chapiteau de droite
    DĂ©tail du chapiteau de droite

Notes et références

  1. Guy Barruol, op. cit., p. 412.
  2. Jean-Pierre Saltarelli, op. cit., p. 4.
  3. Les vignes des chapelles rurales de Saint-Jean-de-Félèze et Saint-Raphaël sont attestées dès le début du XIe siècle, le vignoble du castrum alpestri daté de la même époque culminait à 530 mètres d'altitude. Cf. Noël Didier, Henri Dubled et Jean Barruol, Cartulaire de l'Église d’Apt, collection Essais et travaux de l’Université de Grenoble, Éd. Dalloz, Paris, 1967.
  4. Cartulaire d'Apt, op. cit., Carte Le pagus Aptensis au Xe et XIe siècles, encart 1.
  5. Jean-Pierre Saltarelli, op. cit., p. 5.

Voir aussi

Bibliographie

  • Guy Barruol, Provence Romane 2, Éd. du Zodiaque, collection La Nuit des Temps, La Pierre-qui-Vire, 1981,
  • NoĂ«l Didier, Henri Dubled et Jean Barruol, Cartulaire de l'Église d'Apt (835-1130), Librairie Daloz, Paris, 1967,
  • Jean-Pierre Saltarelli, Dom MaĂ®eul (909 – 994), prince de la vie monastique. Grandeur et omnipotence de Cluny en Haute Provence, La Fontaine de PĂ©trarque, revue de la SociĂ©tĂ© LittĂ©raire, Avignon, 2007.

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