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Prieuré Sainte-Victoire

Le prieurĂ© Sainte-Victoire est situĂ© sur la crĂȘte de la montagne Sainte-Victoire Ă  900 m d'altitude dans un vallon en pente dĂ©limitĂ© par des falaises et terminĂ© par un aven[1] proche de la Croix de Provence, sur la commune de Vauvenargues. C'est un ensemble de constructions datĂ©es de la seconde moitiĂ© du XVIIe siĂšcle. Il comprend, notamment, le porche d'entrĂ©e (1670), la chapelle Notre-Dame-de-Victoire (1657-1661), le bĂątiment des moines (1663-1670), une esplanade (1663), une citerne (1662), divers vestiges dont les ruines de la chapelle Sainte-Victoire (1663) dans la partie de l'aven qui n'a pas Ă©tĂ© comblĂ©e. Un spectaculaire crĂ©neau, appelĂ© la BrĂšche-des-Moines, a Ă©tĂ© creusĂ© Ă  la mĂȘme Ă©poque dans la paroi sud de la falaise pour Ă©clairer l'ensemble et mĂ©nager un belvĂ©dĂšre. La chapelle tout entiĂšre et la façade principale du bĂątiment des moines sont inscrites Ă  l’inventaire supplĂ©mentaire des Monuments historiques en 1978[2].

Prieuré de Sainte-Victoire
Portail de la chapelle Notre-Dame-de-Victoire.
Présentation
Destination initiale
Prieuré
Patrimonialité
Localisation
Pays
Division administrative
Subdivision administrative
Commune
Coordonnées
43° 31â€Č 41″ N, 5° 34â€Č 42″ E
Carte

Historique

La chapelle Sainte-Venture

Il est fait mention pour la premiĂšre fois d'une chapelle au XIIIe siĂšcle[3]. Des ermites s’établirent sur le site. Elle devint, Ă  une Ă©poque indĂ©terminĂ©e, la destination d’un pĂšlerinage traditionnel de la ConfrĂ©rie sainte Victoire de Pertuis[4].

L’Ɠuvre de l'abbĂ© Aubert et HonorĂ© Lambert

Vers 1654, l’abbĂ© Jean Aubert, maĂźtre de cĂ©rĂ©monie de la cathĂ©drale Saint-Sauveur d'Aix, s’y retire en ermite et attire de nombreux fidĂšles. Il convainc un riche bourgeois, HonorĂ© Lambert qui avait fait vƓu de consacrer un monument Ă  la Vierge Marie en action de grĂące pour sa guĂ©rison d’une grave maladie[5], de financer les travaux[6]. En 1665, JĂ©rĂŽme Grimaldi-Cavalleroni (1595-1685), archevĂȘque du diocĂšse d’Aix, homologue la fondation, par HonorĂ© Lambert, d’un prieurĂ© rural[7].

L'abandon et la restauration

Le PrieurĂ© tomba en ruine au cours du XIXe siĂšcle. Il fallut attendre l'initiative d'Henri Imoucha (1901-1990)[8] et la crĂ©ation d’une association de bĂ©nĂ©voles Les Amis de Sainte-Victoire[9] pour qu’à partir de 1955, et encore aujourd'hui, le PrieurĂ© soit peu Ă  peu restaurĂ©[10].

L'historien français Pierre Vidal-Naquet mentionne l'association et son fondateur pour leur rĂŽle dans la transformation de la fonction sociale de la montagne Sainte-Victoire : « Espace rural "sans qualitĂ©s", pourrait-on presque dire, avant CĂ©zanne, Sainte-Victoire est instituĂ©e progressivement comme territoire hautement qualifiĂ©, comme espace emblĂ©matique saturĂ© de sens. »[11] Ainsi : « l'association poursuit surtout, au travers des travaux de rĂ©habilitation, des objectifs culturels, touristiques et identitaires qui n'ont pas le mĂȘme sens que celui des actions de restauration [sous-entendu : religieuse] qui furent tentĂ©es Ă  maintes reprises dans l'histoire. »[11]

Les principales constructions

Le porche d'entrée (1670)

Porche d'entrée du Prieuré.
Clocher de la chapelle Notre-Dame-de-Victoire.

Il est rĂ©alisĂ©, Ă  l'origine, en pierre des carriĂšres de BibĂ©mus prĂšs d’Aix-en-Provence et restaurĂ© avec des pierres des carriĂšres du Pont du Gard. Il comporte une ouverture en plein cintre et deux niches[12] pour des statues. Grille et statues sont de facture contemporaine.

La chapelle Notre-Dame-de-Victoire (1657-1661)

La chapelle Notre-Dame-de-Victoire, ouverte Ă  l’ouest, a Ă©tĂ© construite entre 1657[13] et 1661. Les murs sont en moellon de calcaire blanc provenant des environs. La porte d’entrĂ©e en plein cintre, surmontĂ©e d’une niche, les angles des façades, les encadrements de fenĂȘtres et le clocher, sont en pierre des carriĂšres de BibĂ©mus. Le clocher, datĂ© de 1661, s’élĂšve, au-dessus du mur nord, Ă  10 m de haut et mĂ©nage une ouverture en plein cintre pour une cloche. L’intĂ©rieur, prĂ©sente une nef et un chƓur sĂ©parĂ©s par un arc triomphal et voĂ»tĂ©s en berceau par une alternance d’arcs doubleaux en tuf et de remplissage en moellon. Cloche, statues, mobilier et vitraux ont Ă©tĂ© mis en place Ă  l’époque contemporaine.

Le bĂątiment des moines (l'actuel refuge) (1663-1670)

La façade du refuge, ancien lieu de vie des moines[14], entiĂšrement en pierre de BibĂ©mus, est percĂ©e de quatre baies et deux portes encadrĂ©es en saillie selon une symĂ©trie et des formes classiques. À l’intĂ©rieur, quatre portes correspondant Ă  quatre cellules dont les sĂ©parations ont aujourd’hui disparu, ouvrent sur un couloir[15] restaurĂ©[16], en 2018, dans le mĂȘme style que la nef de la chapelle.

La BrĂšche-des-Moines (1663)

L’aven, dans sa partie basse, vient buter, au sud, contre la falaise calcaire. Une ouverture en forme de crĂ©neau de 12 m de haut sur 12 m de large et entre 3 et 5 m d’épaisseur, y fut pratiquĂ©e, Ă  la barre Ă  mines et la poudre noire[17], pour Ă©clairer le site et rĂ©aliser un belvĂ©dĂšre. Les dĂ©blais permirent de rĂ©aliser l’esplanade actuelle et d’y mĂ©nager une citerne[18].

Evénement artistique

En , l'artiste peintre française Fabienne Verdier a transporté son atelier-nomade au Prieuré Sainte-Victoire. Elle y a séjourné trois jours et a réalisé, sur place, deux diptyques inspirés par la BrÚche-des-Moines, présentés dans une rétrospective de son travail au musée Granet (-)[19].

Statut juridique

En 1971, le PrieurĂ© a Ă©tĂ© cĂ©dĂ© par la commune de Vauvenargues Ă  une Association Provençale de Plein Air dĂ©clarĂ©e conforme Ă  la loi du sous le n° 2159, le , sous le nom Les Amis de Sainte-Victoire[20]. Elle est agrĂ©Ă©e par le Haut-Commissariat Ă  la Jeunesse et aux Sports, patronnĂ©e par le C.A.F., les associations des Excursionnistes Marseillais, Provençaux et Toulonnais et reconnue d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral Ă  titre culturel en 2013.

Elle a pour mission de restaurer et entretenir les bĂątiments du PrieurĂ© de Sainte-Victoire, d'utiliser l’ancien monastĂšre comme refuge ouvert aux randonneurs, d’entretenir la chapelle destinĂ©e aux cĂ©lĂ©brations chrĂ©tiennes, d'organiser des manifestations traditionnelles pour maintenir le prestige de ce haut-lieu de Provence, de faire connaĂźtre la montagne Sainte-Victoire, de donner des informations sur le PrieurĂ© et d’assurer l’animation, l’accueil et la protection du site, bĂ©nĂ©volement.

Comment le visiter

Le PrieurĂ© est librement accessible toute l’annĂ©e[21].
Les seules restrictions d’accĂšs sont les directives prĂ©fectorales d’interdiction de l’accĂšs du massif Sainte-Victoire, en raison des risques d’incendie[22] et les fermetures mensuelles du PrieurĂ© lui-mĂȘme pour travaux de maintenance[23]. Il n’est accessible qu’à pied, par divers sentiers : principalement le GR9, au nord, le sentier Imoucha, Ă  partir du barrage de Bimont, et le tracĂ© rouge, au sud[24].

Références

  1. Paul Courbon (ingénieur topographe et spéléologue) : « Esquisse géologique au Prieuré » (2014) http://www.amisdesaintevictoire.asso.fr/publications/2014/f81502302353e62e664cb87_fr.pdf
  2. « Notice n°PA00081490 », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministÚre français de la Culture
  3. Louis Paulet (abbĂ©), (1845-1911), Monuments de Sainte-Victoire sur Vauvenargues (B.-du-Rh.), , Fonds Provence de la bibliothĂšque MĂ©janes d’Aix-en-Provence, cite un texte "Comptes de l'archiprĂȘtre d'Aix" in PouillĂ© des provinces d'Aix qui mentionne une chapelle Sancta-Aventura en 1251.
  4. Le chanoine de Pertuis, Henri Trouillet (1858-1933) mentionne le registre de la ConfrĂ©rie Sainte-Victoire, datĂ© de 1652 : « Estatuts et coustumes entiĂšres de la ConfrĂ©rie Sainte-Victoire, Ă©rigĂ©e en l’église parochiale de ceste ville de Pertuis, qu’on doibt observer inviolablement » qui contient les procĂšs-verbaux des annĂ©es 1652 Ă  1833. Henri Trouillet, Pertuis : miettes d'histoire locale, Paris, Le livre d'histoire, coll. « Monographies des villes et villages de France », (1re Ă©d. 1952) (ISBN 2-84373-370-7). Il en cite des extraits significatifs, p.171 et s., in « PĂšlerinage Sainte-Victoire ».
  5. 29 février 1664, Fondation Honoré Lambert aux moines Carme. Archives départementales des Bouches-du-RhÎne : Notaire Reynaud, 305 E 243.
  6. Voir les Archives DĂ©partementales des Bouches-du-RhĂŽne Ă  Marseille qui contiennent les contrats (devis et quittances) passĂ©s devant le Notaire AndrĂ© entre HonorĂ© Lambert et divers artisans d’Aix.
  7. 6 dĂ©cembre 1665, Acte de fondation d'un prieurĂ© rural. Archives dĂ©partementales des Bouches-du-RhĂŽne : Greffe de l'archevĂȘchĂ© d’Aix, 1 G 358.
  8. Excursionniste marseillais, auteur d’une sĂ©rie d’ouvrages “Excursions en Provence” dont Excursions en Provence. Sainte Victoire. Plateau du Cengle, vallĂ©e de l'Arc... Marseille : Tacussel, 1947. Il fut le premier bĂ©nĂ©vole Ă  tenter de restaurer le PrieurĂ© et fonda, en 1955, l’association Les Amis de Sainte-Victoire. Le sentier qu’il a ouvert pour accĂ©der au PrieurĂ© Ă  partir du barrage de Bimont porte son nom.
  9. « Accueil site association 'Les Amis de Sainte-Victoire' », sur www.amisdesaintevictoire.asso.fr (consulté le )
  10. Chronologie des travaux de 1955 Ă  2018 :
  11. Vidal-Naquet Pierre, « GenĂšse d'un haut-lieu. In: Sainte-Victoire, hommes et paysages », MĂ©diterranĂ©e, vol. 75,‎ , pp. 7-16. (DOI https://doi.org/10.3406/medit.1992.2749, lire en ligne)
  12. 21 octobre 1670, Devis entre HonorĂ© Lambert et les MaĂźtres maçons Antoine et Augustin Mayenc (frĂšres) pour la construction d’un portail en pierre de taille avec niches et corniche. Archives dĂ©partementales des Bouches-du-RhĂŽne : Notaire AndrĂ©, 302 E 1134 f° 720.
  13. 2 octobre 1657, Devis entre Honoré Lambert et les Maßtres maçons Jean Antoine Reymond et Barthélémy Ancelet pour la construction de la chapelle Notre-Dame de la Victoire. Archives départementales des Bouches-du-RhÎne : Notaire André, 302 E 1123.
  14. 29 septembre 1663, Devis entre HonorĂ© Lambert et les MaĂźtres maçons Jean Antoine Reymond, Antoine et Augustin Mayenc (frĂšres) et Jean Deymier pour la construction de deux salles au-dessus d’une cave. Archives dĂ©partementales des Bouches-du-RhĂŽne : Notaire AndrĂ©, 302 E 1129 f° 711. Des moines de l’ordre des Carmes s’y sont retirĂ©s durant 9 mois en 1665 puis trois moines de l’ordre des Camaldules de 1681 Ă  1683.
  15. 4 novembre 1671, Compte final entre HonorĂ© Lambert et le maĂźtre-maçon Antoine Reymond mentionnant le ‘’courroir’’ du grand bĂątiment. Archives dĂ©partementales des Bouches-du-RhĂŽne : Notaire Reynaud, 309 E 1248 f°1565-1568
  16. Présentation du projet de restauration sur le site de la Fondation du patrimoine : https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/cloitre-prieure-de-sainte-victoire-aix-en-provence
  17. 20 aoĂ»t 1663, Quittance entre HonorĂ© Lambert et les MaĂźtres maçons Antoine et Augustin Mayenc (frĂšres) et Jean Deymier pour l’ouverture du rocher au sud et le terrassement devant la chapelle. Archives dĂ©partementales des Bouches-du-RhĂŽne : Notaire AndrĂ©, 302 E 1128.
  18. 1er juillet 1662, Quittance entre Honoré Lambert et le Maßtre maçon Jean Antoine Raymond pour la construction de la citerne. Archives départementales des Bouches-du-RhÎne : Notaire André, 302E1127 f°362.
  19. Cette expĂ©rience artistique est dĂ©crite par Bruno Ely - directeur, conservateur en chef du patrimoine - dans un article "L'ĂȘtre sur le motif", pages 154 Ă  160 du catalogue de l'exposition : Alexandre Vanautgaerden (dir.), Fabienne Verdier, sur les terres de CĂ©zanne, Milan, 5 Continents, 2019, XVI, 168 p. (ISBN 978-88-7439-913-0)
  20. « L'association », sur amisdesaintevictoire.asso.fr (consulté le ).
  21. Le Prieuré est situé sur un territoire particuliÚrement protégé. Il est administré par le Grand site Sainte-Victoire (label Grand Site de France et réseau Natura 2000) dont il faut respecter les consignes. http://www.grandsitesaintevictoire.com/
  22. « ancien.paca.gouv.fr/files/mass
 »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?).
  23. « Les dates de fermeture du Prieuré de Sainte-Victoire », sur amisdesaintevictoire.asso.fr (consulté le ).
  24. « Les sentiers balisés », sur amisdesaintevictoire.asso.fr (consulté le ).

Bibliographie

  • Maurice Court, Le Mont Sainte-Victoire des origines Ă  nos jours : Essai d'histoire locale critique, [ouvrage dactylographiĂ© BibliothĂšque MĂ©janes, Fonds Patrimoine Provence Cote In4 1640]
  • Jean Cathala, Un joyau sur Sainte-Victoire : heurs et malheurs de son prieurĂ©, Aix-en-Provence, Association Les Amis de Sainte-Victoire, (1re Ă©d. 1991), 123 p. (ISBN 978-2-7466-3017-8)
  • Jean Cathala, Une fabuleuse histoire d'hommes. Les Amis de Sainte-Victoire. 1955-2015, Aix-en-Provence, Association Les Amis de Sainte-Victoire, , 297 p. (ISBN 978-2-9547351-2-2)
  • Jean Cathala, Un bĂątisseur sur Sainte-Victoire : l'abbĂ© Jean Aubert, fondateur du PrieurĂ© au XVIIe siĂšcle, Aix-en-Provence, Association Les Amis de Sainte-Victoire, , 95 p. (ISBN 978-2-9547351-3-9)
  • Jean Cathala, Les 12 Ă©nigmes, Association Les Amis de Sainte-Victoire, (ISBN 978-2-9547351-7-7)
  • GĂ©ologie prieurĂ© Ste-Victoire, par Paul Courbon

Voir aussi

Articles connexes

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