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Porte-manteau (office)

Un porte-manteau est un officier de la cour du roi de France, membre de la Maison du Roi, sous l’Ancien Régime.

Fonctions

Les porte-manteaux servaient par quartier. Celui qui Ă©tait « de jour » devait suivre le roi partout oĂą celui-ci pouvait avoir besoin de ses services : « Il ne quite guères S. M. quelque part qu’elle aille, qui peut avoir besoin de lui en diffĂ©rentes rencontres, pour aller quĂ©rir ou reporter Ă  la garde-robe plusieurs choses, comme pour changer de chapeau, de gants, de canne, de mouchoir, de cravate, pour prendre un cor de chasse, un manchon, etc. Quand le roy marche en voyage et par la campagne, quand il sort pour chasser, faire des revues, ou se promener ; quand, par un mauvais temps, il traverse Ă  pied ou Ă  cheval quelque lieu dĂ©couvert, et en plusieurs rencontres oĂą le porte-manteau prĂ©voit que le roy aura besoin de son manteau, en un mot sitĂ´t que le roy sort de ses appartements et marche Ă  dĂ©couvert, quand il ne ferait que traverser les cours, ou se promener dans les jardins, le porte-manteau va prendre Ă  la garde-robe le manteau de S. M. et se tient près d’elle pour le lui donner en cas oĂą elle le lui demanderait. — Ă€ certaines cĂ©rĂ©monies oĂą le roy a un manteau de parade, comme au bal, toutes les fois qu’il veut le quitter ou reprendre, c’est au porte-manteau Ă  le lui Ă´ter ou remettre sur les Ă©paules, en l’absence du grand chambellan, d’un premier gentilhomme de la chambre ou du grand-maĂ®tre de la garde-robe, le porte-manteau Ă©tant obligĂ© de garder toutes les hardes que le roi quitte pour les reprendre quelque temps après, pendant toute la journĂ©e ; par exemple, son Ă©pĂ©e, ses gants, son chapeau, son manchon, sa canne et autre chose, et d’être toujours prĂŞt Ă  les lui rendre. Ils ont entrĂ©e presque partout oĂą le roi va. L’on a dit pour les reprendre quelque temps après ; car si le roi quittait ses hardes pour ne les plus reprendre de la journĂ©e, elles demeureraient aux officiers de la garde-robe sans que le Porte-manteau s’en chargeât., Le roi faisant donner le deuil Ă  quelques-uns de ses officiers, les porte-manteaux sont les premiers Ă  l’avoir, mĂŞme dans les deuils qui ne sont pas si gĂ©nĂ©raux[1]. »

Les porte-manteaux portaient aussi l’épée du roi quand il marchait à pied en souliers et en bas de soie, ou quand il montait en carrosse à deux chevaux seulement ; mais s’il montait à cheval avec des éperons, ou en carrosse a six ou huit chevaux, la garde de l’épée appartenait à l’écuyer de service.

Les portemanteaux avaient un autre genre de fonctions : « Quand le roy joue Ă  la paume, ils prĂ©sentent d’une main les balles a S. M. et gardent son Ă©pĂ©e de l’autre. Ils doivent tenir compte de ces balles, et c’est aussi eux qui arrĂŞtent toujours les parties du maĂ®tre du jeu de paume pour les parties qui s’y font tandis que le roy joue, parce que le roy paie toujours tous les frais de ce jeu, qu’il gagne ou qu’il perde. Et après que S. M. a jouĂ©, le porte-manteau doit avoir soin de faire donner, par le maĂ®tre du jeu de paume, Ă  tous les officiers de la chambre ou de la garde-robe qui sont lĂ  pour le service du a roy, une collation honnĂŞte. Quand le roy fait jouer en sa prĂ©sence, il paie aussi tous, les frais, quoiqu’il ne joue pas[2]. Â»

Émoluments

Le porte-manteau touchait annuellement 660 livres de gages sur l’état de la maison du roi et 120 livres de gratification sur le trésor royal. Ces officiers avaient « bouche à Cour », c’est-à-dire que, étant de quartier, ils étaient nourris aux frais du roi, à la table des valets de chambre, et leur valet mangeait la desserte.

Privilèges

La fonction de porte-manteau n’était, en rĂ©alitĂ©, qu’un emploi de haute domesticitĂ©, mais le fait qu’il rapprochait Ă  chaque instant celui qui l’occupait de la personne du roi lui donnait, sous l’Ancien RĂ©gime, un caractère des plus honorables. Comme cette fonction permettait de choisir le moment favorable pour parler au roi et partant, de solliciter des faveurs et des grâces, ceux qui en Ă©taient titulaires jouissaient, d’une rĂ©elle importance Ă  la cour. Servant toujours l’épĂ©e au cĂ´tĂ©, les porte-manteaux avaient le privilège, quand ils n’étaient pas nobles, de se qualifier d’« Ă©cuyers Â». En 1643, des querelles de prĂ©sĂ©ance entre ceux-ci et les Ă©cuyers ayant donnĂ© lieu Ă  un gros diffĂ©rend, il ne fallut rien de moins qu’une dĂ©libĂ©ration en Conseil pour les rĂ©gler[3]. Les porte-marteaux avaient Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s exempts du droit de franc-fief, par arrĂŞt du .

Notes

  1. Nicolas Viton de Saint-Allais, Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France, t. 2, chez l’auteur, 1816, p. 100-2.
  2. Ces frais étaient fixés, en 1708, à 50 liv. pour le roy et à 10 écus pour Mgr le Dauphin, sans compter tout ce qui se donne aux marqueurs et pour les raquettes, payés sur la cassette par le premier valet de chambre sur le certificat du « porte-manteau.
  3. V. mss, Clairambault no 814, fol. 817. (Bib. nat).

Sources

  • Bulletin d’archĂ©ologie et de statistique de la DrĂ´me t. 15, Valence, 1881, p. 395-7.
  • Nicolas Viton de Saint-Allais, Dictionnaire encyclopĂ©dique de la noblesse de France, t. 2, chez l’auteur, 1816, p. 100-2.

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