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Pogrom de Varsovie

Le pogrom de Varsovie est un pogrom qui s'est dĂ©roulĂ© du 25 au dans la ville de Varsovie, alors dĂ©pendante du « Pays de la Vistule Â» rattachĂ© Ă  l'Empire russe.

Kościół św. Krzyża (Église de la Sainte-Croix de Varsovie), dans laquelle les événements à l'origine du pogrom se sont déclenchés

Les événements

Un historien contemporain d'origine juive et russe, Simon Dubnow, donne les détails de cet événement : le jour de Noël 1881, un mouvement de panique a été provoqué après une fausse alerte d'incendie dans l'église de la Sainte-Croix qui était alors bondée et qui provoqua la mort de vingt-neuf personnes dans la bousculade qui s'ensuivit. On crut que la fausse alerte avait été lancée par des pickpockets qui avaient prévu cette ruse pour pouvoir voler les gens pendant le moment de panique. Un groupe de passants s'assembla sur les lieux de l'événement et certaines personnes inconnues commencèrent à répandre la rumeur, qui devait plus tard se révéler infondée, que deux pickpockets juifs avaient été interceptés dans l'église.

La foule commença à attaquer des Juifs, des magasins juifs, des boutiques et des maisons particulières dans les rues voisines de l'église de la Sainte-Croix[1]. Les émeutes à Varsovie durèrent trois jours, jusqu'à ce que les autorités russes (qui contrôlaient la police et l'armée dans la ville) interviennent, et procèdent à l'arrestation de 2600 personnes.

Les conséquences

Durant le pogrom de Varsovie, deux personnes perdirent la vie et vingt-quatre personnes furent blessĂ©es. Le pogrom entraĂ®na aussi des pertes matĂ©rielles chez une dizaine de milliers de Juifs, parmi lesquels 948 familles perdirent tous leurs biens. Après la fin du pogrom, des actes antisĂ©mites continuèrent – on vit des slogans contre les Juifs Ă©crits sur des murs, des fenĂŞtres de synagogues brisĂ©es et les Juifs ne se sentirent plus tranquilles pour l'organisation de leurs fĂŞtes. Aussi, dans les mois qui suivirent le pogrom, près d'un millier de Juifs varsoviens quittèrent-ils la ville pour Ă©migrer aux États-Unis[2]. Le pogrom causa une dĂ©gradation des relations entre Polonais et Juifs, et fut critiquĂ© par des intellectuels polonais tel BolesĹ‚aw Prus. Plusieurs Ă©crivains, parmi lesquels Eliza Orzeszkowa et Maria Konopnicka en firent Ă©cho dans leurs Ă©crits. La haute sociĂ©tĂ© polonaise en gĂ©nĂ©ral fut choquĂ©e par les Ă©vĂ©nements[2] - [3]. Les journaux de Varsovie s'insurgèrent contre ce mouvement d'antisĂ©mitisme et organisèrent une collecte au profit des victimes des Ă©vĂ©nements de dĂ©cembre. En quatre jours, une somme de 114 000 roubles fut rĂ©coltĂ©e.

Les interprétations

Les historiens Simon Dubnow[3], Yitzhak Gruenbaum[3], Frank Golczewski[3] et Magdalena Micinska[4], parmi d'autres, ont souligné que ce pogrom pourrait avoir été inspiré par les autorités russes. Leur but aurait été d'apporter la division entre Juifs et Polonais ou bien de montrer que les pogroms qui devenaient communs dans l'Empire russe après l'assassinat du tsar Alexandre II en 1881 (dans cette période, plus de 200 événements à l'encontre des Juifs ont eu lieu dans l'Empire russe, notamment le pogrom de Kiev et les pogroms d'Odessa[5]), n'étaient pas qu'un phénomène russe[3] - [6]. Cependant l'historien Michael Ochs n'est pas d'accord avec cette explication et argue, en cela, de preuves insuffisantes[3]. Ochs dit de ces explications qu'elles relèvent de la théorie du complot[3], car elles ne sont pas en mesure de montrer ce que les autorités russes auraient gagné dans ces pogroms. Il souligne que la période de 1863 à 1881 a vu une augmentation de l'antisémitisme en Pologne, alors que les Polonais croyaient de moins en moins à l'assimilation des Juifs parmi eux. Dès lors, il n'était pas si nécessaire aux autorités russes d'organiser un pogrom puisqu'il pouvait être spontané[3].

Source

Références

  1. Simon Dubnow History of the Jews in Russia and Poland ("Histoire des Juifs en Russie et en Pologne"), Avotaynu Inc., rééd. 2000, (ISBN 1-886223-11-4), p. 342
  2. Brian Porter When Nationalism Began to Hate ("Quand le nationalisme commença à haïr") Oxford University Press, 2002, (ISBN 0-19-513146-0), p. 162
  3. John Doyle Klier, Shlomo Lambroza, Pogroms: Anti-Jewish Violence in Modern Russian History ("Les pogroms: la violence anti-juive dans l'Histoire de la Russie moderne"), Cambridge University Press, 2004, (ISBN 0-521-52851-8), p. 182
  4. (pl) Magdalena Micinska, INTELIGENCJA ŻYDOWSKA W POLSCE, 2002
  5. (pl) Pogrom « Copie archivée » (version du 6 février 2010 sur Internet Archive), basé sur les travaux d'Alina Cała, Hanna Węgrzynek et Gabriela Zalewska, "Historia i kultura Żydów polskich. Słownik" (Histoire et culture des Juifs polonais. Dictionnaire) WSiP
  6. Dubnow écrivit: "Évidemment quelqu'un avait son intérêt à voir la capitale polonaise répéter les expériences de Kiev et d'Odessa, et à noter que le "Polonais cultivé" ne se laisserait pas distancer par le Russe pour convaincre l'Europe que les pogroms n'étaient pas une spécialité exclusivement russe." Se reporter à l'ouvrage de J.D. Klier et Sh. Lambroza pour plus de détails.
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