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Pogrom de Moldavanka

Le pogrom de Moldavanka, dans la banlieue d'Odessa (Empire russe, aujourd'hui en Ukraine), a eu lieu en octobre 1905. Il est décrit par Suzanne Girault et Isaac Babel[1].

Vue du magasin Rabinovitch après le pogrom d'Odessa en 1905, photo des studios J. Tiraspolski.

TĂ©moignage de Suzanne Girault

Suzanne Girault est une prĂ©ceptrice française, arrivĂ©e Ă  Odessa en 1899, qui est tĂ©moin du pogrom[2]. Moldavanka, forme russe du nom moldave Moldoveanca (« moldave Â» au fĂ©minin) est, au nord-ouest d’Odessa, une banlieue, Ă  l’époque habitĂ©e principalement de moldaves, de juifs, de roms et d’armĂ©niens peu fortunĂ©s, oĂą rĂ©gnait une ambiance « bariolĂ©e Â» dĂ©crite par Isaac Babel, qui y vĂ©cut.

Suzanne Girault, dans un récit en 1966 pour l’ORTF, a décrit ce pogrom : en janvier 1905 se déclenchent des révoltes paysannes, des grèves ouvrières, des mutineries de soldats et de matelots. Suzanne raconte : « Un jour que quelqu’un disait au ministre de l’intérieur qui s’appelait Plehve, qu’on sentait monter la révolution, tranquillement il a répondu : Oh, la révolution, je la noierai dans le sang des Juifs ».

Selon elle, le massacre des Juifs a Ă©tĂ© initiĂ© et encadrĂ© par le gouvernement tsariste au moyen de rumeurs antisĂ©mites dont la plus efficace Ă©tait l’accusation de sacrifier des enfants chrĂ©tiens. Le pogrom fut d’une extrĂŞme violence selon ses souvenirs. Le gouvernement avait fait revenir des bagnes de SibĂ©rie les dĂ©tenus de droit commun puis les avait parquĂ©s dans le port d’Odessa. De la vodka leur fut distribuĂ©e jusqu’à 10h00 du matin. PrĂ©cĂ©dĂ©s par l’infanterie et suivis par les cosaques, les « pogromistes Â» armĂ©s de couteaux et de bâtons se sont livrĂ©s Ă  des dĂ©fenestrations d’hommes, des viols de femmes, des assassinats d’enfants. Des femmes enceintes ont eu le ventre ouvert, le fĹ“tus sorti et tuĂ©, puis le ventre rempli de paille. Le massacre a durĂ© trois jours, tous les commerces furent pillĂ©s (juifs ou non). Les habitants de Moldavanka ont constituĂ©, pour se dĂ©fendre, une milice composĂ©e de Juifs mais aussi de chrĂ©tiens volontaires pour sauver les Juifs attaquĂ©s. Les miliciens tuĂ©s l’ont Ă©tĂ© par balles, par l’armĂ©e russe. Suzanne Girault accueillit une quinzaine de Juifs pourchassĂ©s.

Une fois les crimes accomplis, « pogromistes » et miliciens d'auto-défense survivants furent ramenés ou emmenés en captivité en Sibérie, et la presse muselée sous menace de sanctions. Néanmoins la presse internationale eut vent du pogrom et en rendit compte[3].

Notes et références

  1. Geneviève Brisac, « Isaac Babel, le poète juif assassinée », sur Sens public,
  2. Le témoin du vendredi : Suzanne Girault en Ukraine 1900-1920, sur le site de France-Inter, disponible jusqu'au 2 novembre 2016
  3. Walter Laqueur, A History of Zionism, Weidenfeld and Nicolson, Londres 1972, (ISBN 5-232-01104-9).

Bibliographie

  • (en)Robert Weinberg, The Revolution of 1905 in Odessa: Blood on the Steps, Indiana University Press, (lire en ligne), page 165
  • Robert Weinberg, « The pogrom of 1905 in Odessa : a case study Â», in John Doyle Klier (dir.), Shlomo Lambroza (dir.), Pogroms: Anti-Jewish Violence in Modern Russian History, Cambridge University Press, 2004, 416 p., p. 248-289.
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