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Pierre Morel (grammairien)

Pierre Morel, né en 1723 à Lyon, où il est mort le , est un grammairien français.

Pierre Morel
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  88 ans)
Lyon
Nationalité
Activité
Fratrie
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Membre de

Biographie

Morel naquit dans une famille honorable mais peu fortunée l’ainé de trois frères, dont l’architecte paysagiste Jean-Marie Morel et, quoique leur père fût chargé d’une nombreuse famille, tous reçurent une honnête éducation. Après avoir achevé ses études classiques, sentant de bonne heure la nécessité de se créer des ressources par le travail, il se rendit à Paris pour y perfectionner son éducation par l’usage du monde et passa un grand nombre d’années dans la capitale, sans embrasser aucune profession.

NĂ© sans ambition, et vivant au sein de sa famille, une circonstance dĂ©cida de son gout et fixa le choix de ses Ă©tudes alors qu’il Ă©tait allĂ© passer quelque temps dans la capitale. Admis dans l’intimitĂ© d’une dame respectable, le hasard le rendit plusieurs fois tĂ©moin des leçons qu’un maitre de grammaire venait y donner Ă  ses enfants. MĂ©content des règles et des explications du professeur, il trouva que sa mĂ©thode Ă©tait plus propre Ă  fausser l’esprit de ses Ă©lèves qu’à rectifier les erreurs de leur jugement et ne put s’empĂŞcher de faire connaĂ®tre ce qu’il y avait de vicieux dans les unes et dans les autres. Ayant consenti Ă  la prière de son amie de diriger lui-mĂŞme cette partie de l’instruction de ses filles, il ouvrit les grammaires, consulta Duclos, Girard et Dumarsais et fit une Ă©tude approfondie des principes et des règles de la langue française pour remplir cette tâche. Il n’y trouva pas dans leurs livres la clartĂ© indispensable Ă  l’instruction de la jeunesse. Il travailla d’après les grands maĂ®tres ; il dĂ©veloppa leurs principes, consulta l’analogie et l’étymologie. surnommĂ© « le grammairien Â», Il ajouta aux travaux de ses prĂ©dĂ©cesseurs, et devint le Dumarsais de Lyon. Comme lui, il examina les mots comme signes des idĂ©es et, formant la proposition par leur assemblage, il montra ensuite comment leur enchaĂ®nement constitue la pĂ©riode. Il Ă©tablit un point de contact entre la grammaire et la logique, puis expliqua la nature des diffĂ©rentes propositions, dont les unes sont absolues ou relatives, les autres, principales ou subordonnĂ©es. Il rĂ©duisit, comme Girard, Ă  sept parties, toutes celles dont la phrase peut se composer; savoir : le sujet, l’attribut, l’objet, le circonstanciel, le rĂ©gime indirect, la conjonction et l’adjoint. Il prouva que la connaissance des parties Ă©lĂ©mentaires est insuffisante, si l’on ignore celles de la phrase, qui apprennent Ă  distinguer les diffĂ©rents sens qu’elle prĂ©sente, et la ponctuation qui les fait remarquer dans l’écriture.

Le frère cadet de Morel, l’architecte-paysagiste Jean-Marie, alors attaché à S. A. royale le prince de Conti en qualité d’intendant-général des bâtiments, obtint pour lui la place de juge dans une des principales terres de ce prince, au moyen de laquelle il aurait pu vivre dans une grande aisance mais, malgré les sollicitations pressantes de sa famille, il la refusa par délicatesse, déclarant qu’il n’avait pas les connaissances nécessaires pour la bien remplir et craignant que dans l’exercice de ses fonctions, sa conscience ne fût trop souvent aux prises avec les sentiments de reconnaissance qu’il aurait dus à ce prince.

De retour à Lyon, il accepta l’emploi peu lucratif de juge à l’élection et partagea dès lors son temps entre ses devoirs, la culture des lettres et les soins qu’il donnait à sa famille. Pendant la Terreur, il fut arrêté par méprise pour son frère Bonaventure, mais il se garda de détromper les émissaires du comité, et se laissa conduire en prison, pour donner à son frère le temps de se mettre à l’abri de nouvelles recherches.

Quoiqu’il n’eût rien fait pour sa réputation, Morel n’en était pas moins connu d’une manière avantageuse, et l’Institut, peu de temps après son organisation, se l’associa dans la classe des lettres. On doit encore à Morel un Essai sur les voix de la langue française, traité qui apprend à connaître la véritable valeur des voyelles. Morel y distingue la quantité prosodique de l’accent prosodique, c’est-à-dire, le temps de la durée de la voix, d’avec la qualité du son qu’elle fait entendre. Il compare les sons de la voix aux tons principaux de la gamme. Ce traité, a dit le secrétaire de l’Institut, ce traité, où l’esprit de système n’a aucune part, contient ce que la grammaire de Port-Royal, ce que d’Olivet, Froment et Beauzée offrent de plus intéressant et de plus vrai sur cette matière. « Morel, ajoute-t-il, a reculé les bornes de la science, et ne s’est pas douté qu’il lui eût fait faire un pas. Le mérite seul ignore les droits qu’il peut avoir à l’estime publique, et Morel a connu à peine les siens, lorsqu’il a mis au jour le résultat de sa longue expérience. »

Morel s’était d’abord fait connaĂ®tre par son traitĂ© de la Concordance du participe dĂ©diĂ© Ă  Mme de La Villardière qui avait Ă©tĂ© son Ă©colière, et oĂą il distingue du supin, quoiqu’ils se ressemblent quant au matĂ©riel, mais en reconnaissant que ce dernier est invariable. Morel distingue les cas oĂą le participe prĂ©tĂ©rit doit s’accorder avec le sujet, de ceux oĂą il doit ĂŞtre en concordance avec l’objet quand celui-ci le prĂ©cède, et il Ă©tablit pour règle qu’il reste sans accord, lorsque le rĂ©gime direct du participe est après. Il rapporte tous les exemples Ă  cette règle, quelle que soit la nature du verbe ou de la proposition, sans en excepter, comme le prĂ©tendent quelques grammairiens, les cas oĂą l’adjectif suit le participe, comme dans les exemples : « je l’ai crue morte ; elle s’est faite religieuse Â», il ne voit aucun motif pour faire une exception au principe fondamental.

Morel fit imprimer, à plus de quatre-vingts ans, son Essai sur les voyelles, dont l’institut national a rendu un compte avantageux. Ses trois principaux ouvrages se trouvent réunis dans un volume in-8°, imprimé à Paris chez Le Normant, en 1804. Il a également communiqué des remarques importantes pour la nouvelle édition du Dictionnaire de l'Académie française, fourni un grand nombre d’articles au Journal de la Langue Françoise de Domergue, et a lu à l’Académie de Lyon dont il était membre, et où il assistait régulièrement malgré son grand âge, plusieurs Dissertations remarquées par la netteté des idées et par la clarté du style sur des questions de philologie. Ses trois ouvrages ont été réunis en un volume in-8°, Paris, 1804.

Timide, Morel avait, malgré son instruction et ses habitudes littéraires, beaucoup de peine à trouver les mots nécessaires à l’expression de ses pensées. Bon frère et bon ami, il se fit chérir par l’aménité de son caractère et par la pratique de toutes les vertus, et parvint à l’âge très avancé de quatre-vingt-neuf ans, sans éprouver aucune des infirmités de la vieillesse.

Publications

  • Essai sur les voix de la langue française, et recherches sur l’accent prosodique des voyelles.
  • TraitĂ© de la concordance du participe prĂ©tĂ©rit.
  • TraitĂ© ou Examen analytique de la pĂ©riode et de ses parties constitutives.

Sources

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