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Pic de grĂȘle

Le pic de grĂȘle ou rĂ©trodiffusion Ă  trois corps est un artefact dans les donnĂ©es d'un radar mĂ©tĂ©orologique associĂ© Ă  la prĂ©sence de grosse grĂȘle dans un orage[1]. Il se prĂ©sente comme une zone de faibles Ă©chos de rĂ©flectivitĂ©, gĂ©nĂ©ralement de forme triangulaire, du cĂŽtĂ© opposĂ© au radar par rapport Ă  des prĂ©cipitations intenses et qui est dans le prolongement de celles-ci.

Diagramme montrant le chemin pris par les rĂ©flexions multiples avec un cƓur de grĂȘlons et la position du « pic de grĂȘle »

Cause

Lorsque le radar sonde l'atmosphÚre et que le faisceau rencontre des hydrométéores (pluie, neige, etc.), une partie de l'énergie est retournée vers l'émetteur et le reste se disperse dans toutes les directions. La partie qui retourne au radar est appelé rétrodiffusion et donne l'information sur l'intensité des précipitations et leur mouvement.

En gĂ©nĂ©ral, l'Ă©nergie diffusĂ©e dans les autres directions ne retourne pas au radar ou seulement Ă  un niveau indĂ©tectable. En effet, mĂȘme si une partie de cette Ă©nergie frappe une autre cible qui la renvoi Ă  son tour vers le radar, ce ne sera qu'une fraction de cette fraction selon la diffusion Rayleigh isotrope. Cependant quand le faisceau radar rencontre une zone de grosse grĂȘle, ou de pluie extrĂȘmement forte, trĂšs rĂ©flective (>65 dBZ) dans le nuage, une partie importante de l'Ă©nergie peut ĂȘtre retournĂ©e vers le sol[1]. Cela est possible parce que la rĂ©flexion se trouve alors dans le domaine de la diffusion de Mie qui dit que la rĂ©flexion est favorisĂ©e dans certaines directions[1].

Le sol Ă©tant mouillĂ© par la pluie agit comme un miroir et retourne l'Ă©nergie vers le cƓur de grĂȘle. Ce dernier diffuse cette Ă©nergie dans toutes les directions, dont celle du radar. À cause de la rĂ©flectivitĂ© supĂ©rieure de la grĂȘle et du sol, la partie retournĂ©e aprĂšs rĂ©flexion multiple au radar n'est pas nĂ©gligeable[1]. Comme le trajet pour cette rĂ©flexion multiple est plus long que celui direct radar-grĂȘle-radar, le signal sera reçu plus tard mais le long de la mĂȘme direction radiale par rapport au radar. Cela implique que ces Ă©chos plus faibles se retrouveront derriĂšre la zone d'Ă©chos trĂšs forts.

Description

Exemple sur une coupe horizontale radar de rĂ©flexion Ă  trois corps caractĂ©ristique du pic de grĂȘle pointĂ© par la flĂšche : les Ă©chos faible (bleu) derriĂšre le cƓur de prĂ©cipitations (rouge, violet et blanc), le radar se trouvant en haut de l'image.
Vue en coupe verticale des réflectivités.

Le retour maximal se trouvera directement dans la direction des Ă©chos les plus forts de la zone de grĂȘle, en aval de ceux-ci par rapport au radar, et diminuera rapidement de chaque cĂŽtĂ©. De mĂȘme, la variation d'Ă©nergie entre le sol et le centre de grĂȘle est , oĂč r est la distance sol-grĂȘle, ce qui veut dire que la rĂ©flexion maximale en hauteur sera le long de l'angle d'Ă©lĂ©vation allant du radar au centre de grĂȘle et diminuera rapidement pour les autres angles[2]. Le pic de grĂȘle prend donc gĂ©nĂ©ralement la forme d'un triangle vue sur une image radar de type PPI en deux dimensions, ou d'un cĂŽne en trois dimensions.

Comme la formation de grosse grĂȘle se produit Ă  grande altitude dans un cumulonimbus, les pics de grĂȘle ne se voient gĂ©nĂ©ralement qu'en altitude et donc ne sont gĂ©nĂ©ralement pas visibles sur les angles d'Ă©lĂ©vations prĂšs du sol[1]. De plus, comme il y a perte d'Ă©nergie Ă  chaque rĂ©flexion, seulement les orages contenant de la trĂšs grosses grĂȘle ou plus rarement avec de la pluie extrĂȘmement intense pourront gĂ©nĂ©rer cet artefact[1].

Utilisation

Les mĂ©tĂ©orologistes analysent en temps rĂ©el les donnĂ©es du radar mĂ©tĂ©orologique afin de pouvoir prĂ©venir le public des dangers associĂ©s aux orages. Le pic de grĂȘle est un trĂšs fort indice de la prĂ©sence de grĂȘle pouvant causer des dommages. Sa dĂ©tection servira donc Ă  Ă©mettre une alerte mĂ©tĂ©orologique.

Limitations

La prĂ©sence du pic de grĂȘle ne garantit pas l’observation de grosse grĂȘle causant des dommages au sol. En effet, la dĂ©tection du pic est faite en altitude et les grĂȘlons peuvent fondre en partie avant d'atteindre le sol si l'altitude de l’isotherme zĂ©ro degrĂ© est assez Ă©levĂ©e.

La formation du pic de grĂȘle est fortement dĂ©pendante de la longueur d'onde utilisĂ©e. Elle est particuliĂšrement bien corrĂ©lĂ©e pour les radars mĂ©tĂ©orologiques utilisant une longueur d'onde de 10 cm. Pour les radars de plus faible longueur d'onde, couramment ceux de cm, la diffusion de Mie se produit mĂȘme avec les trĂšs grosses gouttes de pluie. Le pic de grĂȘle avec ces radars peut donc se produire avec de trĂšs fortes pluies, avec ou sans grĂȘle[1].

Finalement, l'Ă©cho provenant d'une telle rĂ©flexion Ă  trois corps est trĂšs faible Ă  cause des pertes Ă  chaque Ă©tape. Il n'est en gĂ©nĂ©ral perceptible que pour les cas de trĂšs grosse grĂȘle avec un orage isolĂ©. Dans une ligne ou un amas orageux, le signal peut ĂȘtre aussi noyĂ© dans les Ă©chos provenant des autres cellules orageuses.

Notes et références

  1. (en) Leslie R. Lemon, « The Radar “Three-Body Scatter Spike”: An Operational Large-Hail Signature », Weather and Forecasting, vol. 13, no 2,‎ , p. 327–340 (ISSN 1520-0434, DOI 10.1175/1520-0434(1998)013<0327:TRTBSS>2.0.CO;2, Bibcode 1998WtFor..13..327L, lire en ligne [PDF], consultĂ© le )
  2. (en) Less Lemon et Jim Ladue, « Three-Body Scatter Spike course », National Weather Service
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