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Photographies de McMinnville

Les photographies de McMinnville sont deux photographies présentées comme celles d'un objet volant non identifié (ovni) présumé, prises le par un agriculteur, Paul Trent, sur son exploitation près de McMinnville, dans l'Oregon, au Nord-Ouest des États-Unis.

Photographies de McMinnville.
Photographie no 1.
Photographie no 2.

Ces photographies sont parmi les plus connues du genre et ont fait l'objet de nombreux débats dans le domaine de l'ufologie. Plusieurs scientifiques sceptiques au sujet des ovnis sont arrivés à la conclusion qu'elles sont fausses, mais d'autres ufologues restent convaincus de leur authenticité. Jusqu'à sa mort survenue en 1998, Paul Trent a toujours défendu la sincérité de son récit. Après celui de Roswell, le festival consacré aux ovnis à McMinnville est le plus fréquenté des États-Unis.

1950 : les photographies

Témoignage

Photo no 1 (recadrée).
Paul Trent.

À l'époque des faits, Paul Trent, agriculteur, vit avec sa femme Evelyn sur leur exploitation de Sheridan, à environ 15 km au sud-ouest de McMinnville. Selon son récit, le , vers 19 h 30, sa femme se trouve à l'arrière de la ferme où elle nourrit les lapins. Avant de rentrer dans la maison, elle aperçoit dans le ciel un objet d'apparence métallique, en forme de disque, d'un diamètre apparent d'une dizaine de mètres, qui se dirige silencieusement vers la ferme depuis le nord-est. Evelyn Trent appelle son mari, alors dans la maison. Paul sort et voit l'objet, retourne dans la maison pour prendre son appareil photo, sort à nouveau et a le temps de prendre deux clichés en noir et blanc avant que l'objet ne disparaisse en direction de l'ouest. Le père de Trent déclare avoir lui aussi vu l'objet[1].

Première publication

Photo no 2 (recadrée).

La bobine de pellicule photographique n'étant pas entièrement utilisée, les clichés ne sont pas immédiatement développés[2].

Lors d'une interview accordée en 1997 après la mort de sa femme, Paul Trent déclare que tous deux ont au départ pensé que l'objet était un appareil militaire secret, et qu'ils ont craint que la publication de ces photos « ne leur cause des ennuis »[2]. Toutefois, son banquier Frank Wortmann, à qui il en parle, est suffisamment intrigué pour afficher les deux clichés dans la vitrine de sa banque. Un journaliste local, Bill Powell, apprend l'histoire et parvient à convaincre Paul Trent de lui confier les deux négatifs sur lesquels il ne décèle aucune trace évidente de trucage photographique. Powell publie l'histoire et les photos en une de l'édition du du quotidien local, le Telephone Register. L'histoire et les clichés sont ensuite récupérés par l'agence de presse International News Service qui en assure la publicité en les diffusant dans tout le pays. Le magazine Life publie, le , des versions recadrées des photos ainsi qu'un portrait de Paul Trent tenant son appareil photo[3]. La famille Trent avait obtenu l'assurance que les clichés lui seraient restitués, ce qui ne sera jamais le cas, Life affirmant qu'ils ont été égarés[4].

1967 : l'enquête officielle de la commission Condon

En 1967, les clichés sont retrouvés dans les archives d'United Press International (UPI), une agence de presse née en 1959 de la fusion d'autres agences dont International News Service. Ils sont confiés à William Kenneth Hartmann, un astronome qui travaille au sein de la commission Condon. Ce dernier interroge le couple Trent, qui lui paraît sincère. Les fermiers n'ont jamais réclamé de dédommagement pour leurs photos[1].

Dans son analyse, Hartmann déclare qu'il se trouve en présence « [d'] un des rares récits d'ovni où toutes les données, qu'elles soient géométriques, physiques ou psychologiques, apparaissent cohérentes avec la présence d'un extraordinaire objet métallique en forme de disque, d'un diamètre de 10 m et manifestement artificiel qui a survolé les deux témoins »[5].

L'analyse d'Hartmann exclut l'hypothèse d'une falsification du négatif, par exemple au moyen d'une surimpression. Elle n'exclut pas formellement le recours à une maquette suspendue, mais l'analyse photométrique suggère que l'objet était situé à grande distance de l'objectif[1].

Après cette analyse, les négatifs sont rendus à l'UPI. En 1970, Trent demande à Philip Bladine, éditeur du News Register, successeur du Telephone Register, que les négatifs lui soient rendus, puisqu'ils ne lui avaient jamais été officiellement achetés. Bladine les réclame à l'UPI. Ils sont bien restitués au journal, mais ce dernier n'en informe pas Trent[4].

Années 1970 : des études aux résultats contradictoires

Analyse de Maccabee en faveur de l'authenticité

En 1975, les négatifs sont retrouvés dans les archives du journal par Bruce Maccabee (en), un ufologue américain. Il se livre à sa propre analyse sur les négatifs qu'il restitue ensuite à Trent ; il utilise les mêmes méthodes que celles employées par Hartmann. Maccabee conclut que les photos ne sont pas truquées et représentent un objet physique réel se trouvant dans le ciel au-dessus de la ferme de Trent. Selon Maccabee qui se base sur la luminosité de la face inférieure de l'objet, ce dernier est de grande taille et se trouve à une certaine distance au-dessus de la ferme[6].

Il indique ne trouver aucune trace d'un éventuel fil de suspension accroché aux câbles électriques et qui maintiendrait une maquette au-dessus du sol. D'autre part, selon lui, la comparaison des lignes de fuite sur les deux photos prouve que l'objet se trouvait bien en arrière de ces câbles électriques[6].

Analyses en faveur d'un canular

Modèle de rétroviseur potentiellement utilisé pour figurer l'ovni de McMinnville.

En 1980, Robert Sheaffer et Philip J. Klass, deux journalistes et sceptiques reconnus quant à l'existence des ovnis, arrivent à la conclusion que les photos sont truquées et que l'histoire tout entière est un canular. Ils relèvent tout d'abord que l'ombre du garage situé à gauche sur les photos prouvent que les clichés ont été pris dans la matinée et non en fin d'après-midi comme Trent le prétend : si ce dernier a menti au sujet de l'heure, il a pu également mentir sur d'autres points et toute l'histoire devient suspecte[7]. En réponse à ses contradicteurs, Maccabee indique que le temps couvert et les nuages ont pu créer sur les bâtiments des ombres parasites[6]. Sheaffer et Klass indiquent par ailleurs qu'Evelyn Trent a déjà vu à trois reprises des ovnis avant cette date, mais qu'elle n'en a pas parlé[8].

Dans son analyse préliminaire, Sheaffer relève qu'au moment des prises de vues l'appareil photographique se trouvait près du sol, comme si Trent était agenouillé, position surprenante pour quelqu'un qui veut photographier un objet dans le ciel. Une analyse ultérieure le convainc que l'objet est de petite taille, peut être une maquette suspendue aux lignes électriques visibles en haut des photos. Cet objet peut aussi, être selon lui, le rétroviseur extérieur prélevé sur une automobile, un modèle très répandu à l'époque[7]. Klass, pour sa part, relève certaines contradictions dans les déclarations des époux Trent dont la version du récit change au fil des ans. Il conclut que Trent a inventé l'histoire[9].

Sheaffer fait parvenir ses conclusions à Hartmann. À leur lecture, ce dernier revient sur ses déclarations du rapport Condon[10]. Selon l'ufologue sceptique Tim Printy, le désintéressement financier n'est pas une preuve de la sincérité de Trent, celui-ci ayant pu être guidé par un désir de notoriété[11].

Analyse en 2013

En 2013 trois chercheurs français, Antoine Cousyn, François Louange et Geoff Quick, réexaminent les photos de Trent au travers du logiciel IPACO.

Ils arrivent à la conclusion que la géométrie du modèle présenté sur les photos est compatible avec celle d'un petit objet comme un paralume placé près de l'objectif et potentiellement suspendu aux lignes électriques[12]. Ces conclusions sont malgré tout réfutées par Bruce Maccabee qui conteste l'analyse par IPACO et réaffirme ses précédentes conclusions : il n'y a aucun fil de suspension et l'objet n'est pas une maquette. Sheaffer répond aux affirmations de Maccabee en citant l'analyse d'un chercheur américain, Jay J. Walter, qui a, selon ses dires, relevé les traces d'un fil au-dessus de l'objet[13].

Sheaffer affirme que les analyses les plus récentes démontrent que les photos de Trent sont des faux, reconnaissant toutefois qu'il serait bon que, pour mettre fin aux débats contradictoires, ces affirmations soient confirmées par d'autres chercheurs qui utiliseraient des scanners à haute résolution à partir des négatifs originaux ou des premières photos publiées[13].

Le travail réalisé par Antoine Cousyn et François Louange affirme la falsification, comme il est évoqué dans le magazine Ufomania par Didier Gomez, responsable de publication de ce trimestriel ufologique[14]. Selon ces auteurs, le modèle réduit (d'une taille estimée à 12 cm) serait suspendu à 70 cm en dessous du fil électrique inférieur, à une distance d’environ 4,60 mètres de l’objectif (un appareil photo à soufflet Roamer 1). Des explications sont données par François Louange sur la vidéo du CAIPAN, lors des rencontres organisées en dans les locaux parisiens du CNES[15].

Les acteurs principaux et l'ovni de MacMinnville aux XXe et XXIe siècles

UFO Festival de McMinnville 2018.

Evelyn Trent meurt en 1997 et son époux Paul l'année suivante. Jusqu'au bout, ils affirment la réalité de leur histoire et l'authenticité de leurs clichés[16].

L'intérêt suscité autour de ces photos, parmi les plus médiatisées des photos d'ovnis[17], aboutit en 1999 à la création d'un « UFO festival » à McMinnville, qui devient aux États-Unis le deuxième événement national consacré aux ovnis, derrière celui de Roswell[18]. Au XXIe siècle, le débat sur l'authenticité des photographies de McMinnville n'est pas clos ; partisans et adversaires de l'authenticité des photos continuent à produire des études contradictoires[16].

Références

  1. (en) « Cas no 46 : photographies de McMinville », sur Rapport Condon (consulté le ).
  2. Denson et Long 2015.
  3. (en) « Farmer Trent's Flying Saucer », Life,‎ , p. 40 (lire en ligne, consulté le ).
  4. Clark 1998, p. 373.
  5. Michel Dorier et Jean-Pierre Troadec, Les O.V.N.I., Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », (ISBN 2-13-044227-7), p. 29.
  6. (en) Bruce Maccabee, « The McMinnville Photos » [PDF], sur nicap.org (consulté le ).
  7. (en) Robert Sheaffer, « The Trent UFO Photos McMinnville, Oregon - May 11, 1950 », sur debunker.com (consulté le ).
  8. Robert Alessandri, Jean-Michel Abrassart et Patrice Seray, Ovnis, lueurs sceptiques, Lulu.com, , 424 p. (ISBN 978-1-4716-4235-7, lire en ligne), p. 59.
  9. (en) Philip J. Klass, « What Bruce Maccabee doesn't tell you about his investigation of the famous McMinnville/Trent UFO-Photo case », sur debunker.com (consulté le ).
  10. (en) Michael Ryan, The Third Kind : A Compendium of U.F.O. Encounters, l'auteur, , 314 p. (ISBN 978-1-5193-5586-7, lire en ligne), p. 59.
  11. (en) Tim Printy, « Can you fool all the UFOlogists all of the time? », sur astronomyufo.com, (consulté le ).
  12. Antoine Cousyn, François Louange et Geoff Quick, « Les photos de McMinnville » [PDF], sur IPACO (consulté le ).
  13. (en) Robert Sheaffer, « The Trent UFO Photos—‘Best’ of All Time—Finally Busted? », Skeptical Inquirer, vol. 39, no 1,‎ (lire en ligne).
  14. Didier Gomez, « Retour sur les photos de Mc Minnville, Oregon, mars 1950 », Ufomania, no 80,‎ , p. 9 (lire en ligne [PDF]).
  15. « ATELIER CAIPAN AU CNES, 8-9 JUILLET 2014, CNES PARIS | GEIPAN », sur www.cnes-geipan.fr
  16. Killen 2015.
  17. Killen 1995.
  18. (en) Molly Woodstock, « UFO Festival in McMinnville », sur Travel Portland (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Jerome Clark, The UFO Book : Encyclopedia of the Extraterrestrial, Detroit, Michigan, Visible Ink Press, , 705 p. (ISBN 1-57859-029-9).
  • (en) Bryan Denson et James Long, « Fifty years of UFO, the truth is still out there », The Oregonian,‎ (lire en ligne).
  • (en) John Killen, « UFO photos taken near McMinnville in 1950 still raise questions », The Oregonian,‎ (lire en ligne).

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