Pelage (test d'adhésion)
Le test de pelage est un test permettant de mesurer l'efficacité d'un adhésif. Il consiste à tirer sur un adhésif collé à un substrat et à mesurer la force nécessaire au décollage ainsi que l'énergie totale dépensée, appelée énergie d'adhésion.
Description du test
Le test de pelage se caractérise par la mesure d'une force . Cette force, une fois divisée par la largeur du ruban, est appelée force de pelage.
Ce test est effectuĂ© en appliquant un morceau de ruban sur un panneau de test. Ce ruban est ensuite retirĂ© sous un certain angle, appelĂ© angle de pelage. Les panneaux de test peuvent ĂȘtre rĂ©alisĂ©s dans diffĂ©rents matĂ©riaux comme du verre, de lâacier (haute Ă©nergie de surface), du HDPE (faible Ă©nergie de surface) ou le matĂ©riau utilisĂ© dans lâapplication rĂ©elle.
On note l'angle de pelage, et la largeur de l'adhésif.
Exemples d'angle de pelage
Trois situations de pelage sont couramment utilisées :
- pour un angle faible, on décolle le ruban de façon trÚs tendue (force élevée) ;
- pour =90°, on réalise une traction perpendiculaire (force modérée) ;
- pour =180°, on réalise un essai de traction en retournant l'adhésif. En général, la force est moindre dans ce cas (décollage plus facile).
Comportement de l'adhésif
Mise sous traction
Le dos de l'adhésif étant inextensible, il est mis sous tension. On distingue trois zones :
- la premiÚre est située dans la direction de traction
- la seconde, loin du front de pelage, est horizontale
- une zone intermédiaire, localisée au niveau du front, qui va se décoller à cause de la mise sous tension
Cavitation et fibrilles
L'adhĂ©sif Ă©tant incompressible, une dĂ©pression se crĂ©e et fait apparaĂźtre des bulles d'air Ă l'avant du front de pelage (phĂ©nomĂšne de cavitation). La dissipation de la force de pelage entraine la formation locale de fibrilles qui grandissent Ă mesure que le front de pelage se propage. Les fibrilles grandissent jusquâĂ ce quâil se produise une rupture soit dans le mode cohĂ©sif ou le mode adhĂ©sif.
Lien entre force mesurée et énergie de décohésion (approche énergétique)
Griffith (1920) en a proposé une analyse énergétique, décrite ci-aprÚs, en évaluant les énergies potentielles et emmagasinées par un adhésif qui se décolle sous son propre poids.
- Ănergie potentielle : l'Ă©nergie potentielle fournie est le travail de la force appliquĂ©e. Le point d'application de est descendu de lors de l'expĂ©rience soit
- Ănergie emmagasinĂ©e : on note l'Ă©nergie stockĂ©e par une unitĂ© de surface.
Le bilan énergétique donne :
PremiÚrement, on observe que l'énergie dissipée au cours du test dépend de l'angle de pelage. Sur les images et animations ci-contre, on voit une expérience de pelage à petit angle. L'animation montre l'apparition de bulles proches du front de pelage. Sur l'image, prise à plus grande distance, on observe l'apparition de fibrilles en aval du front de pelage.
Par ailleurs, les expériences montrent une évolution linéaire avec l'épaisseur de l'adhésif qui n'est pas prévue par la théorie de Griffith. En effet, lors du décollement, il y a dissipation d'énergie dans l'adhésif. Or, la dissipation dépend de l'épaisseur de l'adhésif. Pour prendre en compte l'énergie plastique dissipée, on pose l'énergie plastique dissipée par unité de volume. Alors, on peut réécrire l'énergie par unité de surface. On obtient :
Finalement, l'énergie d'adhésion est bien proportionnelle à l'épaisseur de l'adhésif à condition de prendre en compte la dissipation plastique.
Remarque : l'énergie stockée n'augmente pas indéfiniment avec . Si dépasse une certaine valeur, la dissipation restera localisée dans une faible épaisseur et on observera une saturation de l'énergie.
Bibliographie
- Les rubans adhésifs, Ed. Techniques Ingénieur
- Science et technologie du collage, Jacques Cognard, PPUR presses polytechniques, 2000