Peinture-peinture
Peinture-peinture est un terme esthétique français désignant les peintres et leurs œuvres dont le centre d'intérêt est la peinture elle-même, ses moyens et sa composition en en minorant le sens symbolique et littéraire. Les anglo-saxons traduisent le terme par pure-painting, « peinture pure » ou art abstrait[1]
Le terme apparaît pour la première fois dans un texte du philosophe et critique espagnol Eugenio d'Ors : Trois heures au Prado. Il écrit à propos de Velasquez : « Entre la peinture qui tend vers le sculptural et l'architectonique, et la peinture tout près de s'évaporer en musique ou poésie, la peinture-peinture. »[2]
On trouve l'expression sous la plume de José Pierre dans son livre André Breton et la peinture, pour lequel il n'y a pas lieu de distinguer la « peinture-littéraire » de la « peinture-peinture »[3] ou sous la plume de Germain Bazin[4] en 1982 : « Ce tableau est peut- être le plus admirable morceau de « peinture-peinture » du siècle, comparable aux œuvres les plus sereines de Vélasquez ; il affirme ce que peut un peintre qui, délivré de tout souci extérieur à l'acte de peindre, transforme un spectacle donné en surface modulée dans la couleur qui, transcendant le réel pour l'art, devient pur mirage. »[5]
L'expression trouvera dans les années 1970, un nouveau sens pour s'opposer à « non-peinture », « anti-peinture » et « mort de la peinture » dans les travaux théoriques de Supports/Surfaces[6].
Chez Pierre Daix, dans Pour une histoire culturelle de l'art moderne : le XXe siècle : - à propos de Picabia : « c'est de la peinture-peinture poussée à l'extrême où ce sont des effets de pâte, les cris de la matière brusquée... » ou encore « Comme il n'y a pas plus peinture-peinture que ces natures mortes du cubisme curvilinéaire »[7].
On trouve l'expression définie par l'University of Texas Art Museum the use of manufacture objets on the picture plane were taking, what the french call peinture-peinture what the Germans call maleriech painting[8]. L'utilisation du matériel sur le plan de l'image, que les français appellent « peinture-peinture » ce que les Allemands appellent malereich.
Arts Magazine - Volume 5 en 1977 donne la définition suivante : « peinture-poesie or poetic painting, as opposed to peinture pure or peinture-peinture (by which advanced abstraction was sometimes known in France) » soit : « peinture-poésie opposé à peinture pure ou peinture-peinture (expression par laquelle l'abstraction d'avant-garde est appelé en France, parfois. »
Pour Jean Cassou, dans Les sources du XXe siècle, la « peinture-peinture » fut la grande aventure du XXe siècle[9] ».
On trouve l'expression utilisée par l'Encyclopédie Universalis à l'article Markus Lüpertz[10] pour définir la peinture de l'artiste et son écrit Manifeste Dithyrambique : écrit, en 1966, « L'Art qui reste lui-même : le Manifeste dithyrambique, véritable apologie de la « peinture-peinture ». »
Notes et références
- Archie Krug Loss, joyce's visible art UMI Research Press 1984 p. 127
- Eugenio d'Ors, Trois heures au Prado, Delagrave, 1928, p. 11
- José Pierre, André Breton et la peinture, Éditions de L'âge d'homme, Lausanne, 1987, p. 27
- Trésors de l'impressionnisme, club du Livre, Paris, 1958
- Germain Bazin, L'Univers impressionniste, Somogy, 1982, p. 229
- in Peinture : Cahiers théoriques, no 10 à 12, 1975, p. 167
- in Pierre Daix, Pour une histoire culturelle de l'art moderne : le XXe siècle, ed. Odile Jacob, 2000, p. 213 et 214
- Painting as Painting: University of Texas, 1968
- Jean Casson, les sources du XXe siècle, 1961,p. 67
- « MARKUS LÜPERTZ », sur universalis.fr (consulté le ).
- Marcel Paquet et Bram Bogart, Bram Bogart ou la peinture-peinture, Athénée 1987