Pedro Poti
Pedro Poti (1608 —1652 ) Ă©tait un interprète et chef militaire et politique de la communautĂ© des AmĂ©rindiens Potiguaras du nord du BrĂ©sil Ă la fin du XVIIe siècle. Il est nĂ© dans la Capitainerie de ParaĂba en 1608 et mort dans l'ocĂ©an atlantique en 1652, après avoir Ă©tĂ© expulsĂ© des territoires du BrĂ©sil nĂ©erlandais pour ĂŞtre jugĂ© Ă Lisbonne au Portugal car il avait combattu aux cĂ´tĂ©s des Portugais depuis deux dĂ©cennies.
Biographie
D'origine Potiguara[1], à l'âge de seulement 17 ans il se rendit en 1625 avec un groupe de 25 autres Indiens aux Pays-Bas, répartis entre Amsterdam et Groningue[2], où il apprit à lire et à écrire dans la langue néerlandaise, et où il est reçu en héros et traité avec les honneurs.
En 1631, il retourne au Brésil, pour y recruter de nouveaux alliés pour les Hollandais[2], où il sert aussi d'interprète aux néerlandais[3] et devient actif en politique, au contact d'autres dirigeants Potiguara connus, parmi lesquels Carapeba et Felipe Camarao, un de ses parents, avec lequel il entretient une correspondance suivie[2], en tentant de la convaincre, mais qui reste lui du côté des Portugais, qui l'avaient converti au catholicisme dès 1614.
L'aide des Potiguara permet aux Hollandais de tenter une expédition contre les Portugais dans la région du Ceara afin de rechercher des mines d'argent dont ont parlé 6 des 25 Indiens qui ont séjourné pendant cinq ans aux Pays-Bas. C'est ainsi qu'avec l'aide de Pedro Poti le Fort San Sebastiano, future Fortaleza, sur les rives de la rivière Ceará, tombé dans un état précaire, est pris par l'expédition de George Gartsman et Henderick Huss, le 26 octobre 1637, sous la responsabilité du lieutenant Van Hans, remplacé plus tard par Gedeon Morris de Jonge[4].
En 1645, les Pays-Bas décident de créer une assemblée de représentants des Amérindiens du Brésil, avec l'assentiment du Conseil des 19 de la WIC[5]. Il en fait partie, tout comme un autre représentants des Amérindiens, Antonio Parapawa[5].
Il a combattu du côté hollandais lors la Bataille des Guararapes dans la Capitainerie de Pernambouc, le qui a abouti six ans après à la fin des Invasions néerlandaises au Brésil en , illustrée par la célèbre peinture d'histoire de la victoire des troupes brésiliennes, "Batalha dos Guararapes"[6] - [7].
Le 19 février 1649, lors de la seconde bataille des Guararapes, il est fait prisonnier par les Portugais, période au cours de laquelle il vit un calvaire en prison, comme l'a retranscrit l'anthropologue Darcy Ribeiro[8] : il a été constamment fouetté, a subi toutes sortes de tourments, a été jeté, lié par des chaînes de fers sur ses pieds et ses mains, ne recevant que du pain et de l'eau pour se nourrir, et répondant à ses besoins sur place pour six longs mois[8]. Il est mort au milieu de l'océan Atlantique à bord d'un navire près de trois ans plus tard, alors qu'il était conduit à son procès au Portugal[9]
Notes et références
- Jeffrey A Fortin, Biographies atlantiques : individus et peuples dans le monde atlantique, Brill, , 372 p. (ISBN 9789004259713)
- "D'Amérique en Europe. Quand les Indiens découvraient l'ancien monde" par Éric Taladoire , aux Editions du CNRS en 2014
- "Relationship between the Indians and the Dutch in XVII century Brazil" par Hannedea C. van Nederveen Meerkerk, sous la direction de Luiz Sávio de Almeida, unité de recherches sur les Indiens du Nordeste, Federal University of Alagoas à Maceió, en 2000
- Instituto do PatrimĂ´nio HistĂłrico e ArtĂstico Nacional (Iphan), Ministère du Tourisme espagnol
- "Un documento quase inedito participao dos povos indigenas na burocracia colonial", par Julian Lopez Elias, dans la revue Clio en 2002, numéro 15, Université fédérale du Pernambouc, à Recife
- (pt) Jorge Coli, « As cores da guerra », Revista de História da Biblioteca Nacional,‎ (lire en ligne).
- (pt) Charles Ralph Boxer, Os Holandeses no Brasil : 1624-1654, s. l., Companhia Editora Nacional, (ISBN 8586206180, lire en ligne), p. 339.
- "La fondation du Brésil : témoignages, 1500 –1700" par Darcy Ribeiro Edition Vozes . Petropolis , 1992
- STUDART, Guilherme (Baron de Studart) (1980). Dictionnaire bio-bibliographique Cearense. [Sl]: Éditions de l'Université fédérale du Ceará (UFC)